Kinshasa, 31 janvier 2023 (ACP).- Le Président Félix Tshisekedi a fustigé, dans son discours d’accueil du Pape François, mardi à Kinshasa, les conséquences négatives auxquelles fait face la République démocratique du Congo, du fait de son hospitalité, notamment les menaces et atrocités enregistrés de la part des pays voisins, dont le Rwanda.
« Malheureusement, il y a lieu de constater, au cours de ces trois dernières décennies, que l’hospitalité qui caractérise la RDC a été mise à mal par les ennemis de la paix et les groupes terroristes, venus essentiellement des pays voisins (…) A la faveur de l’immersion et du silence de la communauté internationale, plus de 10 millions de personnes ont déjà été atrocement arrachées à la vie », a déclaré le Chef de l’Etat devant le Souverain pontife, accueilli au Palais de la Nation par les notabilités politiques, la société civile et le corps diplomatique accrédité en RDC.
« D’innocentes femmes, mêmes enceintes, sont violées et éventrées, des jeunes gens et enfants sont égorgés, des familles ainsi que des enfants sont condamnés à braver la fatigue et l’épuisement (…) en raison des exactions commises par ces terroristes au service d’intérêts étrangers », a-t-il précisé.

« Ce malheur qui dure depuis près de 30 ans, fait aujourd’hui partie d’une portion de notre territoire en proie à ces violences et fait de cette zone, une zone en rupture de paix. Outre, les groupes armés, les puissances étrangères avides des minerais contenus dans notre sous-sol commettent avec l’appui direct et lâche de notre voisin, le Rwanda, plusieurs atrocités faisant ainsi de la sécurité le premier et grand défi du gouvernement », a martelé Félix Tshisekedi.
Parlant notamment du changement climatique, « cheval de bataille de la République démocratique du Congo », le Président Tshisekedi a indiqué que « son gouvernement est très sensible à l’urgence et la responsabilité qui incombe à l’humanité, dans la construction de l’avenir de la planète et la protection de notre maison commune ».
Le Chef de l’Etat a ajouté que le gouvernement congolais et lui-même partagent les valeurs défendues dans l’encyclique du Saint-Père qui soulève les principaux défis auxquels l’humanité est confrontée, dans sa lutte contre le réchauffement climatique.
Pape François, pèlerin de réconciliation et de paix
S’adressant en italien au peuple congolais, le pape François a fait savoir qu’il est venu au pays « comme pèlerin de réconciliation et de paix », avant de l’inviter à « jouer son rôle, pour mettre fin au cycle de violences et de pillage des richesses » et d’apostropher la communauté internationale.
« Vous qui êtes auteurs des souffrances vécues par les africains, particulièrement les Congolais, arrêtez vos actions et quittez les terres africaines, car ce peuple africain a assez souffert et versé le sang. Il est temps qu’il se lève et puisse jouir de ses richesses », a déclaré le Saint-Père.

« Retirez vos mains de la RDC, retirez vos mains de l’Afrique, cessez d’étouffer l’Afrique. Elle n’est pas une mine à exploiter, ni une terre à dévaliser », a insisté l’évêque de Rome.
Prenant l’image du diamant, il a abordé la situation de la RDC dans ses différentes dimensions sécuritaire, économique, politique, diplomatique et de justice.
Pour le Pape François, la RDC demeure le diamant de la création, et le peuple congolais reste le plus précieux de tous, avec une valeur inestimable.
Des milliers de fidèles prennent d’assaut les abords des artères principales
Des milliers de fidèles catholiques ont pris d’assaut les abords du boulevard Lumumba, depuis l’aéroport international de N’Djili jusqu’au Palais du peuple, en passant par Masina, Matete, Lemba, la place de l’échangeur à Limete et sur l’avenue du 24 novembre, pour accueillir le Pape François, a constaté l’ACP.
« La venue du Pape François, 38 ans après celle de feu Jean-Paul II, est un message d’espoir et de réconfort pour la population de la République démocratique du Congo, en proie à plusieurs conflits récurrents », a déclaré un habitant de la commune de N’Djili.

Munies de rameaux, sifflets, calicots, mouchoirs et drapelets, la population, toutes confessions religieuses confondues, ont manifesté la joie au passage du cortège papal.
« Je suis heureuse d’accueillir le Pape François, vu qu’en 1985 je n’ai pas pu me rendre à Kisangani voir le Pape Jean Paul II, faute de moyens. C’est une grâce et une bénédiction de voir sa sainteté en face », s’est réjoui une dame.
« Nous avons vraiment une joie immense pour l’arrivée du Pape en RDC. C’est une bénédiction pour nous Congolais, parce que nous n’étions pas sûr de ce voyage, vu son état de santé. Nous nous réjouissons de savoir encore qu’il est en forme », a déclaré une servante de la paroisse Nativité à Mbanza Lemba.
Le Pape est arrivé mardi à Kinshasa, en République démocratique du Congo, à 14h35 heure locale, en réponse à l’invitation du Président Félix Tshisekedi, pour une visite pastorale de 3 jours, à bord d’un vol ITA Airways qui a quitté le matin l’aéroport de Fiumicino à 8h29, heure de Rome.
Le Souverain pontife, qui est à son 40ème voyage apostolique effectué à l’étranger depuis son accession au trône de Pierre, le 13 mars 2013, a été accueilli sur le tarmac de l’Aéroport international de N’djili, dans la capitale congolaise, par le Premier ministre, Sama Lukonde.
Suite du programme
Mercredi 2 février : le Pape célébrera, à partir de 9h30, la sainte messe à l’aéroport militaire de Ndolo, aménagé pour recevoir 1.500.000 fidèles catholiques.
Dans l’après-midi, il rencontrera les jeunes et les catéchistes au stade des Martyrs, dans la commune de Kinshasa, avant de participer, dans la cathédrale Notre Dame du Congo, à une rencontre de prière avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes.
La journée se clôturera avec l’entretien, en privé, avec les prêtres jésuites de la République démocratique du Congo.
Jeudi 3 février : le Souverain pontife s’entretiendra avec les évêques congolais au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), avant de prendre ensuite l’avion pour Djouba, la capitale du Soudan du Sud, aux côtés de l’archevêque de Canterbury et du modérateur de l’assemblée générale de l’Église d’Écosse.

L’évêque de Rome sera dans la capitale congolaise jusqu’au vendredi 3 février, avant de décoller pour Juba, capitale sud-soudanaise où il poursuivra son pèlerinage de paix.
Jorge Mario Bergoglio, de son nom de famille, est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires ‘(Argentine). Anciennement archevêque de Buenos Aires, l’actuel évêque de Rome et chef d’État du Vatican est le 266e pape de l’Église catholique, sous le nom de François, depuis son élection le 13 mars 2013.
François est le premier pape issu de la Compagnie de Jésus et le premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III, au VIIIe siècle, ainsi que le premier pape issu du continent américain. Il est également le premier pape à prendre le nom de François, choisi en mémoire de François d’Assise. ACP/