Kinshasa, 10 août 2023(ACP).- Les enjeux territoriaux et les conflits autour de l’espace forestier de Mayoko, dans la province du Kwilu, en République démocratique du Congo (RDC), ont fait l’objet d’une thèse de doctorat en anthropologie, soutenue jeudi, à l’Université de Kinshasa(UNIKN), a constaté l’ACP.
« En élaborant cette étude sur les enjeux territoriaux et les conflits relatifs à l’espace forestier, notre préoccupation centrale a été d’identifier les facteurs générateurs des conflits autour de l’espace forestier de Mayoko-Kwilu, les acteurs et typologies desdits conflits forestiers et enfin d’identifier le modèle de leur résolution », a fait savoir l’auteur de cette thèse, le chef de travaux Augustine Kilau Nkangula.
« Nous avons postulé que les facteurs à la base des conflits autour de l’espace forestier à Mayoko-Kwilu seraient, notamment, la difficile cohabitation entre terres modernes et traditionnelles, la raréfaction des terres cultivables, le bradage des forêts claniques, ainsi que la pression démographique », a-t-elle ajouté.
Augustine Kilau a, en outre, expliqué que pour les habitants de Mayoko-Kwilu, la terre a des attributs sacrés.
« C’est à travers le non-respect des règles informelles de cette coutume (facteurs endogènes) d’une part, et d’autre part, par des implications culturelles (facteurs exogènes) au détriment de cette boussole ancestrale, que l’on pourrait comprendre en partie la genèse des conflits fonciers dans la communauté sous examen », a-t-elle dit.
Intérêt de la thèse
Par ailleurs, les résultats de la thèse de Mme Augustine Kilau font allusion à une contribution double : pratique et théorique.
Sur le plan pratique, la fréquence des conflits autour de l’espace forestier de Mayoko-Kwilu rend l’atmosphère sociale insécurisée et précaire, a-t-elle expliqué.
Sur le plan théorique, a-t-elle poursuivi, son investigation éveille l’attention de quiconque est intéressé à l’aspect de la gestion de la forêt, en milieu rural africain en général, et congolais en particulier.
Cette étude, selon le Chef de travaux, ouvre des pistes de recherche notamment la ″palabre″ comme modèle de résolution des conflits adapté au contexte congolais, l’exploration des interdits et des rites de préservation de la forêt, celle-ci constituant un patrimoine culturel à promouvoir à travers, par exemple, la création d’un parc national.
Les professeurs Jeannot Wingenga et Apollinaire Biloso ont été respectivement promoteur et co-promoteur de cette thèse.
Le secrétaire général en charge de la Recherche à l’UNIKIN, le Pr Emile Ngoy, qui a présidé cette séance académique au nom du recteur, a conféré à la candidate le grade de docteur en anthropologie, avec la mention « grande distinction ».
ACP/