Université pédagogique nationale : l’étude de l’ordre des mots en langue latine analysée dans une thèse

Kinshasa 24 mai 2024(ACP).-L’étude de l’ordre des mots en langue latine a été analysée dans une thèse de doctorat soutenue mercredi à l’Université pédagogique nationale (UPN) à Kinshasa en République démocratique du Congo.

« Intitulé La place du verbe, de l’adjectif et du pronom dans les métamorphoses d’Apulée livre I et XI, notre thèse  visait trois objectifs à savoir : d’apporter une contribution à l’étude de la langue d’Apulée et à l’étude de l’ordre des mots dans la langue latine , de vérifier si les tendances du latin postclassique pouvaient s’appliquer aux livres I et XI des métamorphosés d’Apulée, d’appliquer le calcul de khi carré dans la langue latine, en général, et la langue d’Apulée dans ces deux livres, en particulier », a indiqué l’auteur de cette thèse le chef de travaux Guylain Mpia Ikavu.

« Pour y parvenir, nous avons eu recours à trois méthodes : structurale, statistique et stylistique », a fait savoir le chef de travaux Guylain Mpia du département des lettres et civilisation latines de la faculté des lettres et sciences humaines  de l’UPN, soulignant que sa dissertation comprend deux parties ayant le même nombre des chapitres.

Le premier chapitre, selon le récipiendaire, est consacré à la place du verbe, et a été analysé en quatre axes : la structure de propositions, l’analyse statistique, l’étude de la position inhabituelle et l’examen de la position pré-finale.

« Nous avons commencé par analyser 965 propositions réparties de la manière suivante : 296 propositions indépendantes, soit 30,7%, 333 propositions principales, soit 34,5% et 336 propositions subordonnées, soit 34,8%. L’analyse de la position du verbe a montré que toutes les trois positions sont employées, mais avec beaucoup d’occurrences à la position finale 518 occurrences sur 965, soit 53,7%. L’étude de la position initiale a révélé qu’elle se trouve dans les phrases injonctives, interrogatives, passives, présentatives et structures en chiasme. L’examen de la position pré-finale nous a conduit à conclure qu’elle est voulue par certains faits linguistiques : la postposition du sujet, de l’attribut, du complément du verbe, du complément circonstanciel, de l’adverbe et de l’hyperbate verbale » a affirmé l’impétrant.

Dans le deuxième chapitre (la place des déterminants), il a dit avoir présenté en premier lieu les différentes structures des syntagmes nominaux employés dans les deux livres d’étude selon qu’ils sont conjoints ou disjoints, c’est-à-dire déterminant suivi du nom ou déterminant suivi d’un autre élément et du nom.

 En deuxième lieu, le récipiendaire a dit avoir procédé à l’analyse statistique, en examinant la position inhabituelle.

Ces trois différentes démarches selon lui, « nous a permis de constater que les déterminants possessifs sont les plus employés, et parmi ces possessifs : c’est meus qui domine ».

Le troisième chapitre a étudié la place des pronoms sujets dans les mêmes livres des métamorphoses d’Apulée.

A l’issue de ce chapitre, l’impétrant a fait remarquer que le pronom sujet occupe les trois premières places de la proposition.

«  Le pronom sujet qui aurait dû occuper la première place la cède aux conjonctions de coordination, de subordination, à l’interjection et à l’adverbe », a-t-il expliqué.

Normes du latin postclassique

« Les résultats confrontés aux connaissances existantes actuelles, notre thèse rejoint la théorie de la majorité de linguistique que nous avons consultée concernant la place de l’adjectif possessif, numéral et indéfini », a fait savoir le chercheur Guylain Mpia Ikavu.

L’emploi de l’adjectif démonstratif, a-t-il poursuivi, s’éloigne des normes du latin postclassique.

Et d’ajouter « en ce qui concerne la place du pronom sujet, notre rédaction va au-delà de ce qu’enseignent les différents grammairiens parce que nous avons découvert la deuxième et troisième place occupée par les pronoms sujets ».

En outre, le récipiendaire a démontré que la phrase d’Apulée consacre la liberté des mots. La phrase est dominée par la position finale du verbe, la postposition de l’adjectif possessif et l’antéposition de l’adjectif démonstratif, numéral et indéfini.

 Le sujet est employé à la position initiale, preuve  selon lui que « chaque auteur a son style », comme le disait le chercheur Marouzeau.

Il a par ailleurs expliqué que le roman d’Apulée comprend onze livres, plus ou moins longs, dont sa thèse a étudié l’ordre de quelques classes morphosyntaxiques dans le premier et le dernier de ces onze livres.

L’auteur de cette dissertation doctorale a pu  découvrir un vaste champ d’étude pouvant être exploité par plusieurs chercheurs afin de décrire des pans entiers de la langue et du style d’Apulée ainsi que du chef d’œuvre de cet écrivain latin qui n’a cessé d’honorer l’Afrique comme son compatriote Saint Augustin.

Guylain Mpia a suggéré,  dans cette thèse de littérature latine de la spécialité linguistique, des sujets de recherches précis susceptibles de remplir des carrières de recherche, voire d’inaugurer un centre d’études sur les auteurs latins d’Afrique.

Les professeurs  Hippolyte Mimbu Kilol, Jean -Baptiste Nsuka Nkoko, Clémence Kasinga Ngwos, Alexis Malingisi Mwander   , Camille Sesep N’sial et Basile Toronzoni Ngama Nzombio ont été respectivement promoteur, co-promoteur, président et membres du jury de thèse.

La séance académique a été présidée par le  secrétaire général en charge de Recherche à l’UPN, le Pr Faustin Mputu représentant de la rectrice de l’UPN a conféré au chef de travaux Guylain Mpia Ikavu le grade de docteur en lettres et civilisation latines avec la mention « grande distinction ». ACP/Kayu

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