Washington invite Kigali à « cesser » son soutien au M23

New York, 27 oct. 2022 (ACP).- Les Etats-Unis ont invité le Rwanda à cesser d’apporter son appui militaire aux terroristes du Mouvement du 23 mars (M23) qui s’attaquent aux civils et aux Forces armées de la République démocratique du Congo dans l’Est.

L’ambassadeur des USA aux Nations Unies, Robert Wood, qui l’a déclaré dans son allocution, mercredi à New-York, à la  réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la région des Grands Lacs, a appelé « les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 », dans la région de Bunagana qu’ils occupent depuis plus de quatre mois.

« Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables de la RDC », a-t-il ajouté citant nommément les Forces démocratiques alliées (ADF ou Daech-RDC), la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO) et M23, qui « ont tué plus de deux mille civils cette année », selon lui.

A cause de ces violences, « la situation humanitaire et sécuritaire dans la région des Grands Lacs reste profondément préoccupante », pour les USA. Plusieurs milliers des Congolais ont été forcés de fuir les combats entre les FARDC et les M23. Ils sont hébergés dans des conditions extrêmement difficiles dans des sites aménagés par les autorités et les agences onusiennes.

En ce qui le concerne, le Rwanda s’est défendu en déclarant n’avoir « aucun intérêt » à agresser la RDC, reprenant sa rengaine habituelle sur l’activisme des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

Lors de sa visite au mois d’août dernier en RDC, le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait soutenu que les USA avaient une convergence de vue avec le rapport des experts des Nations Unies. « Nos propres estimations sont largement en accord avec le rapport des experts de l’ONU », avait-il affirmé lors d’une interview accordée à une radio locale à Kinshasa.

Antony Blinken avait indiqué, à cette occasion, qu’ « il faut qu’il y ait la paix, et pour cela qu’on arrête d’armer les groupes qui ne sont pas des armées régulières, et qui créent violence et instabilité dans l’Est de la RDC, et  affligent les peuples qui y habitent ».

Le Secrétaire d’Etat américain n’avait pas, à l’époque, cité nommément le Rwanda, note-t-on.

Il sied de rappeler que le Mouvement du 23 mars (M23) avait été vaincu par les FARDC en 2013, avant de resurgir 9 ans plus tard, en mars 2022, avec une forte intensité, grâce au soutien de l’armée régulière rwandaise.

La MONUSCO reste essentielle, selon les USA

Le représentant américain au Conseil de sécurité de l’ONU, Robert Wood a souligné, par ailleurs, le rôle important de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo.

« La MONUSCO reste essentielle pour ramener la paix dans l’Est de la RDC et dans la région au sens large, et elle mérite notre soutien total et sans équivoque », a-t-il déclaré, déplorant la « rhétorique anti-MONUSCO » qui, selon lui, « augmente le risque déjà important pour les Casques bleus ».

Il a ainsi exprimé la « préoccupation » des USA suite aux récents appels à un retrait immédiat de la mission onusienne de la RDC. « Nous sommes donc préoccupés par les appels à son retrait immédiat et nous exhortons la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint », a-t-il indiqué.

Robert Wood a relevé quelques éléments susceptibles de contribuer à la paix dans la région.

« Renforcer les institutions démocratiques, rendre justice aux victimes, obliger les acteurs malveillants à rendre des comptes, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriales des États et accorder la priorité aux civils sont autant d’éléments qui contribueront à instaurer la paix dans les Grands Lacs », a plaidé M. Wood.

À ce titre, les USA demandent aux dirigeants régionaux de veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, donnent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent de toute activité illicite, telle que l’extraction de ressources naturelles.

« Les populations de la région ne méritent rien de moins », a-t-il conclu. ACP/KHM/ODM/May

 

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