Kinshasa, 24 octobre 2021 (ACP).- Mgr François-Xavier Maroy suggère aux Églises et écoles d’avoir, le temps de parler aux habitants de l’histoire de la République démocratique du Congo dont le rapport Mapping, qui selon lui fait, partie de l’histoire récente du pays.
L’archevêque de Bukavu a lancé cet appel au cours d’un café de presse organisé, samedi, par la Commission Diocésaine Justice et Paix (CDJP), à l’occasion de la célébration du 11ème anniversaire du rapport Mapping. C’était dans la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu, en Commune d’Ibanda, en présence de plusieurs acteurs sociaux, des activistes et du Commissaire Provincial de la Justice.
Un mois spécial pour l’Eglise Catholique de Bukavu, a déclaré le prince de l’Eglise, durant lequel trois archevêques de la ville de Bukavu sont décédés pour leur engagement pour la vérité, la paix et la bonne gouvernance.
« Finalement, il y a une sorte de coïncidence entre les recommandations du rapport Mapping, la pensée de Christophe Munzihirwa et l’action du Docteur Mukwege. Une autre coïncidence sur le plan calendrier, tout se cristallise sur le mois d’octobre. Mzee Munzihirwa assassiné en octobre, le Rapport Mapping publié en Octobre, et pour l’Eglise Catholique ce mois est considéré comme le mois de la victoire », a dit Maroy.
Mgr. François-Xavier Maroy a appelé les chrétiens et toute la population à suivre l’exemple de Munzihirwa qui a été tué le 29 octobre 1996 quand il aidait les réfugiés.
Pour ce prélat catholique, l’histoire du Congo ne doit pas être oubliée malgré la ruse des négationnistes. C’est ainsi qu’il demande à tout celui qui a perdu un proche dans la ville de Bukavu ou ailleurs pendant la guerre ou toute autre manifestation publique, de venir témoigner pour constituer l’histoire de la Rdcongo.
« Dans toutes nos paroisses, on devrait avoir des occasions comme ça où on parle aux gens, pour qu’ils comprennent que nous ne devons pas nous plaindre en dessous de la table mais nous devons nous plaindre en montrant ce que nous même nous sommes et ça nous permettrait d’aller de l’avant, parce qu’ignorer son histoire c’est déclarer sa propre mort », a laissé entendre Mgr Maroy.
Pour sa part, le professeur Arnold Nyaluma, qui intervenait dans ce café de presse, les recommandations du rapport Mapping coïncident avec les pensées du Martyr Christophe Munzihirwa et les démarches du Docteur Denis Mukwege.
« Mon intervention de ce jour porte sur le rapport mapping et les enseignements qu’on peut tirer de l’action de Christophe Munzihirwa pour la mise en œuvre des recommandations. Il s’agissait d’expliquer au participants comment, à partir d’un campement de la MONUC à l’époque, on a découvert une série d’ossements qui étaient tellement nombreux au point de choquer l’humanité que le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a mis en place une commission pour enquêter pendant longtemps et finalement on est arrivé sur un document de plus de 500 pages qui reprend plus de 600 cas de violations des droits humains…Dans ce rapport, les sites sont cités, les noms des victimes sont identifiés, qu’il s’agisse de vol, de viol, de pillages. Le cas de l’assassinat de Christophe Munzihirwa est bien répertorié dans le rapport comme les assassinats à l’hôpital de Lemera qui ont été à la base de l’activisme du Docteur Denis Mukwege », a dit ce professeur de Droit à l’Université Catholique de Bukavu (UCB).
Pr. Nyaluma rappelle qu’en guise des recommandations, le rapport vise à renforcer les capacités institutionnelles de la RDC pour qu’il ait des réformes internes au sein de l’appareil sécuritaire et la justice Congolaise pour prendre en charge les différents cas. Ce Rapport recommande également de penser à une justice adaptée parce qu’il y a des crimes qui ont été commis par les non Congolais et des crimes commis lorsqu’au Congo, il n’y avait pas des lois qui réprimaient les crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Au cours de ce café de presse, la CDJP a appelé toutes les victimes à donner les noms de leurs proches qui ont péri au cours des atrocités et dénoncé les violences subies durant cette période pour constituer l’histoire du pays.
A l’issue de la cérémonie, plusieurs témoignages édifiants ont marqué les entretiens des uns et des autres, tel le cas de la religieuse Monique Luhalwe dont le jeune frère Hubert Mastaki a été retrouvé mort à la place de l’Indépendance, à Bukavu alors qu’il revenait de la messe vespérale, il y a de cela 21 ans. Aucune trace des bourreaux de la victime n’a été révélée jusqu’à ce jour.
Un autre cas c’est celui de l’Abbé Roger Kabagambe dont le frère cadet Henry Mbokumu, n’est plus retourné à la maison, depuis le dimanche 25 février 2018, lors de la marche des chrétiens catholiques organisée. Maintes tentatives pour retrouver le disparu sont restées vaines, a déploré Kabagambe. Ce jour-là, a-t-il poursuivi, plus de trois millions de Congolais avaient marché à Kinshasa pour réclamer l’application stricte de l’Accord de la Saint Sylvestre.
Signalons qu’avant ce café de presse, une messe a été dite à cette occasion à la cathédrale Notre dame de la paix de Bukavu. ACP/C.L/Awa/SGB