Kinshasa, 14 janvier 2024 (ACP).- La partie surélevée de la baie de Ngaliema, un petit golfe du fleuve Congo situé dans la commune éponyme, dans l’ouest de Kinshasa, en République démocratique du Congo(RDC) est une des rares cités riveraines échappées par la montée des eaux du fleuve Congo, a constaté samedi l’ACP.
Dans ce coin de la capitale, les chantiers de construction immobilière se poursuivent sans relâche en plein essor, sans aucune crainte des inondations où dans plusieurs d’autres quartiers le trafic a été interrompu au profit des pirogues qui transportent des passagers sur des chaussées submergées.
Selon des témoignages recueillis sur place, le nouveau quartier, dont une grande partie est en chantier, doit son salut à l’élévation de la hauteur de sa superficie riveraine. « Contrairement aux autres coins de Kinshasa où les maisons d’habitation ont été construites sur la rive du fleuve Congo, ici la terre ferme a été surélevée à une hauteur de neuf mètres de haut. Et ce n’est pas encore fini. Nous devons atteindre les 11 mètres prévus selon les études du sol », a déclaré Jérôme Kisingwa, architecte trouvé sur place.
Il faut toutefois noter que sans cette salvatrice technique de surélévation du sol, cet espace n’échapperait pas à la montée des eaux du fleuve. Car une partie de la baie non encore surélevée a été submergée. Des habitations de fortune y construites en prévision des travaux sont sous les eaux dont le niveau ne fait qu’augmenter sans pourtant perturber le rythme de construction.
Plusieurs pêcheurs artisanaux y ont provisoirement trouvé refuge après avoir fui la crue des eaux au niveau du chantier naval, dont les machines sont sous l’eau depuis près de trois semaines. « Nous avons fui l’inondation en amont du chantier naval où nous avons l’habitude d’exercer nos activités pour nous abriter ici. Mais les activités ne tournent presque plus. Il n’y a pas de poisson », a relevé Matalaba Limboko, un des pêcheurs trouvé sur place.
Des quartiers de Limete sous les eaux du fleuve Congo
Certains quartiers de la commune de Limete, dans le sud-ouest de la ville de Kinshasa ont connu des inondations suite à la montée des eaux du fleuve Congo. Il s’agit, notamment des quartiers « Cité du fleuve », « Kingabua » et « Ndanu » qui sont les plus touchés par les eaux du débordement du fleuve, ainsi qu’une partie du quartier Petro-Congo dans la commune de Masina.
« Cette inondation s’est aggravée progressivement dans notre quartier qui a toujours été victime, après de fortes pluies, vue la nature marécageuse de son sol. Mais cette fois-ci, la situation est plus grave, car le niveau des eaux est plus élevé que d’habitude. Nous nous déplaçons présentement dans des pirogues, nos activités sont paralysées et les quartiers se dépeuplent. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide face à cette situation », a fait savoir Mimi Bofonge, une habitante de la Cité du fleuve.
« La situation est catastrophique, nos maisons se retrouvent sous les eaux provenant de la rivière N’djili débordée par la montée des eaux du fleuve Congo, nous passons la nuit à la belle étoile », a déploré une habitante de la commune de Masina.
« Certains des nôtres ont perdu la vie par électrocution, nos enfants et nous-mêmes sommes exposés à des différentes maladies hydriques. Cette situation nous laisse perplexes. Que les autorités tant nationales que provinciales nous trouvent des solutions », a laissé entendre Justine Mvala du quartier Ndanu.
Face à cette situation, plusieurs habitants craignent le risque que ces inondations provoquent des épidémies. « Pendant près d’un mois, nous sommes inondés, l’eau ne sèche pas, elle ne coule pas, elle stagne. Cela peut provoquer des épidémies. Nous demandons au secours aux autorités sanitaires pour prévenir de ces cas », a dit Lola Patrick, habitant du quartier Kingabua.
« Certaines écoles ont fermé leurs portes. Nous avons déménagé de nos maisons, pour aller chercher refuge ailleurs. Le gouvernement ne nous a pas encore soutenu, nous sommes des sinistrés, nous voulons sortir de cette situation », a-t-il poursuivi.
Ces inondations dues au débordement du fleuve Congo ont commencé à la mi-décembre 2023. La Régie des voies fluviales avait précisé dans un communiqué du 28 décembre dernier que l’évolution exceptionnelle du niveau des eaux du fleuve Congo est semblable à celle de 1961. Ces inondations menacent les activités économiques et le mode de vie des populations riveraines.
Selon le monitoring réalisé par les experts, il est fait état d’une montée du niveau des eaux des rivières et du fleuve Congo. Les alertes du 4 janvier 2024 émanant de la Régie des voies fluviales (RVF) déclarent que « cette situation dramatique a touché quasiment les provinces de la Tshopo, de la Mongala, du Sud et Nord Ubangi, du Kwilu, de Mai-Ndombe, du Kongo Central, de la Lomami, du Kasaï central, du Sud-Kivu et de la Tshuapa ».
ACP/