Bunia, 12 juillet 2024(ACP).- Les étudiants de l’Université de Bunia chef-lieu de la province de l’Ituri (nord-est de la République Démocratique du Congo), ont été édifiés sur les trois principaux éléments à intégrer dans un travail scientifique pour mieux aborder la notion du genre, a appris jeudi l’ACP d’une activité.
« Les étudiants sont appelés demain à faire des travaux de fin de cycle, de mémoires de DEA, de mémoires de licence. Ils peuvent aborder les questions du genre, on leur a montré quels sont les éléments importants qu’il faille intégrer lorsqu’on parle d’une analyse genre. Il y a principalement trois éléments. La première de choses est qu’il faut disposer de statistiques sexuées, c’est-à-dire de statistiques qui montrent la situation de chaque catégorie de la population en termes de sexes des hommes et des femmes« , a indiqué le professeur José Mangalu Mobhe, directeur en démographie de l’Université de Kinshasa et expert en genre.
Pour lui, « Il faut bannir le principe de statistiques neutres parce que derrière les chiffres, derrière les statistiques, il y a des hommes et de femmes. Lorsqu’on aura fait ça, il faut également intégrer dans le processus d’analyse les relations du genre pour savoir comment les hommes et les femmes interagissent dans la communauté. Troisième élément important il faudrait que nous déconstruisions notre façon de réfléchir, nos méthodes de collecte« .
Professeur José Mangalu Mobhe a martelé que tout au long du processus de recherche qui commence par la collecte en passant par les analyses jusqu’à l’interprétation de données, il faut que les éléments du genre soient intégrés.
Pour sa part l’expert au sein de la division provinciale du genre, famille et enfant en Ituri Jean-Marc Mazio, a salué à sa juste valeur les avancées significatives dans les questions du genre qui, il y a dix ans auparavant était un véritable tabou pour l’aborder.
« Bunia d’aujourd’hui n’est pas Bunia d’hier. Il y a dix(10) ans ici la question du genre était vraiment un tabou. Il y a eu des efforts significatifs dans ce sens-là. Aujourd’hui il y a la sensibilisation un peu partout. Il y a des femmes qui s’expriment, il y a des femmes qui occupent de plus en plus de postes décisionnels » s’est-il félicité.
Cependant Jean-Marc Mazio a épinglé plusieurs défis à relever entre autres; le poids culturel, la particularité de l’Ituri par rapport à la situation sécuritaire qui demeure un obstacle majeur pour l’épanouissement de la femme.
Cette conférence débat qui avait pour thème : « De la nécessité de la prise en compte des relations du genre dans les analyses de faits sociaux et de population : défis épistémologique et intérêt d’un nouveau questionnement », a été organisée par le ministère du Genre, famille et enfant, en collaboration avec l’ONUFEMME, grâce au financement de l’ambassade de Norvège en République Démocratique du Congo, a-t-on renseigné. ACP/ C.L