Ituri: non encadrement des enfants déplacés vivant dans la rue, une bombe à retardement

Bunia, 16 juin 2025(ACP).– Le non encadrement des enfants vivant dans la rue, composés essentiellement des déplacés de guerre, est une bombe à retardement qui expose l’Ituri, dans le Nord-est de la République Démocratique du Congo, à d’autres cycles de violences, a estimé lundi un activiste des droits de l’enfant.

« […] Lorsque ces enfants  auront l’âge adulte ils ne vont pas rester dans la rue pour demander de l’argent. Ils deviendront pour la plupart une bombe à retardement pour notre société. Parce que quand on est enfant, on a le courage de demander mais une fois adulte ça devient compliqué. On peut être tenté de rejoindre des mouvements insurrectionnels », a prévenu l’activiste de droits de l’enfant en Ituri, David Ramazani, à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’enfant africain célébrée le 16 juin de chaqu’année.

« Et donc, aujourd’hui, si rien n’est fait, nous allons revivre, nous avons trop de chance de revivre la même insécurité que nous vivons aujourd’hui dans différents coins de la province », a-t-il ajouté.

Pour David Ramazani, la solution durable au phénomène des enfants déplacés qui errent à travers les rues de Bunia c’est la restauration de la paix dans leurs villages d’origine spécialement dans le territoire de Djugu où la situation sécuritaire demeure volatile dans certaines zones, ajoutant que pour faire face aux intempéries ces enfants se livrent à la consommation de la colle Pattex, en guise de drogue.

« Moi, je pense que l’une des principales solutions c’est, entre autres, la restauration effective de l’autorité de l’État, le retour de la paix dans des zones en conflit pour que ça permette aux enfants qui se retrouvent dans la rue, qui ont des familles, de regagner leurs villages parce que d’autres quittent les sites de déplacés pendant la journée. Et les rues de la ville sont devenues comme les lieux des refuge ou de collecte de l’argent », a-t-il fait savoir.

A lui de renchérir : « Donc, ce sont des pratiques qui peuvent disparaître s’il y a le retour de la paix, si le gouvernement parvenait à assurer, à travers ses partenaires, le retour sécurisé et bénéfique de ces familles dans leurs villages respectifs. Mais également en exploitant les mécanismes de prise en charge ».

L’exploitation économique des enfants déplacés, fustigée 

Par la même occasion David Ramazani a fustigé le comportement éhonté de certains commerçants qui profitent de la vulnérabilité de ces enfants déplacés pour les exploiter économiquement.

« Malheureusement, il y a certains opérateurs économiques ou commerçants qui profitent de cette vulnérabilité pour exploiter économiquement ces enfants. Et de restaurants, de bars et d’autres endroits, même de maisons d’habitation, de ménages, profitent de cette vulnérabilité pour exploiter économiquement ces enfants, en violation de leurs droits », a-t-il alerté.

Un thème interpellateur 

Par ailleurs David Ramazani a indiqué que le thème 2025 de cette journée: « Planification et budgétisation des droits de l’enfant » est interpellateur, aussi bien pour le gouvernement central que provincial pour que davantage de prévisions budgétaires soient allouées en faveur des enfants pour une bonne prise en charge et encadrement.

« Le thème de cette année interpelle les dirigeants, interpelle les autorités à procéder à une planification et à une budgétisation pour les droits de l’enfant. Les enfants qui sont aujourd’hui dans la rue sont de catégories : enfants déplacés ou enfants séparés, des enfants non accompagnés. Tous ces enfants méritent de vivre en famille parce que pour un enfant, il n’y a pas un meilleur endroit que la famille. La famille est l’endroit par excellence pour la vie de l’enfant », a-t-il martelé.

« Pour nous, le plaidoyer aujourd’hui est que le gouvernement provincial de l’Ituri, bien qu’il soit en état de siège, procède à une planification et une budgétisation en faveur des enfants, spécifiquement ces enfants qui se trouvent dans la rue aujourd’hui en ville de Bunia, à mettre en place des mécanismes pouvant limiter ou faire disparaître ce phénomène d’enfant de la rue », a-t-il conclu. ACP/JF

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