Kinshasa, 10 septembre 2023 (ACP).– L’impunité des délinquants urbains communément appelés « Kuluna » est la cause de la persistance de l’insécurité dans la commune de Selembao, à Kinshasa, en République démocratique du Congo, a dit l’autorité de cette municipalité, au cours d’un entretien samedi avec l’ACP.
« La plupart des délinquants appelés Kuluna qui sont à la base de l’insécurité dans la commune de Selembao ne sont pratiquement pas inquiétés. Quand ils sont interpellés et présentés devant le tribunal et ils sont relâchés après pour raisons de preuves matérielles insuffisantes », a déclaré le bourgmestre de Selembao, Matthias Womumu.
Et d’ajouter: « La population a été découragée dernièrement de voir le juge acquitter des inciviques que nous avons arrêté. C’était au cours d’une audience foraine que nous avons organisée dans la partie sud de Selembao. Quatre (4) des 6 kuluna jugés en procédure de flagrance ont été acquittés au grand étonnement d’une foule immense de la population qui était sur place. Deux autres ont été renvoyés au tribunal pour enfant parce qu’ils étaient des mineurs ».
Et de poursuivre : « La population a interprété le relâchement de ces « Kuluna » comme une prime à l’impunité. Les kuluna ne subissent plus la rigueur de la loi. Voilà pourquoi ils continuent leur sale besogne, mais en tant qu’autorité nous n’allons pas baisser les bras. Nous continuons notre travail avec le concours de la police ».
Des scènes de bagarres entre gangs rivaux que la population de Selembao avait presque oubliées ont refait surface dans les rues de plusieurs quartiers de cette commune. « C’est pratiquement chaque jour, le jour comme la nuit, que des coups de sommation sont tirés par les éléments de la police nationale congolaise (PNC) pour dissuader ces jeunes délinquants qui profitent de leur rivalité pour piller et extorquer des biens des paisibles citoyens croisés sur leur chemin », a expliqué, de son côté, le chef de rue Luyeye située au quartier Lubudi, Bertin Magata.
D’après les témoignages recueillis aux quartiers Inga, Kitoki Mosi et Ngafani, dans la même commune, plusieurs cas de déménagement dans ces coins s’expliquent par la résurgence de l’activisme des bandits urbains appelés ’’Kuluna’’.
« Mon mari et moi avons décidé de quitter ce quartier à cause de l’insécurité. Il est difficile de circuler calmement sans rencontrer des gens qui vous ravissent porte-monnaie et téléphone. Nous cherchons une maison ailleurs », a confié Eugenie Nginamawu, habitante du quartier Camping.
Le dernier conseil des ministres du gouvernement provincial de Kinshasa s’est largement penché sur la situation sécuritaire qui demeure préoccupante dans les communes de Mont-Ngafula, Kimbanseke, Kinsenso, Makala, Selembao et Maluku en proie à l’insécurité entretenue par le phénomène « Kuluna » et la milice Mobondo. ACP/KHM