Kinshasa, 23 septembre 2023 (ACP).- Le petit commerce tourne au ralenti dans plusieurs quartiers de la commune de Selembao dans l’Ouest de Kinshasa, en République démocratique du Congo, suite à un climat d’insécurité entretenu par des inciviques, a constaté l’ACP, à l’issue d’une enquête menée samedi.
« Le petit commerce ne se pratique plus dans la quiétude chez-nous dans la commune de Selembao, comme c’était auparavant. Les tenanciers des petites boutiques, étalages et débits de boissons sont effrayés par l’insécurité qu’entretiennent les jeunes délinquants des gangs rivaux qui se battent presque quotidiennement. Cette situation a installé un climat de peur chez les mamans vendeuses de pains et autres biens de consommation qui sont à certains moments obligées de vendre à la sauvette », s’est plaint Bertin Magata, chef de la rue Luyeye, au quartier Lubudi.
Les répercussions des scènes de bagarre de rue auxquelles se livrent des groupes de gangs rivaux nuit et jour se sont aussi fait sentir dans les buvettes, échoppes et pharmacies. Cela fait que les tenanciers sont parfois contraints de fermer en pleine journée, par peur de subir le pillage.
« Les victimes de ces bagarres à répétition dans les rues, au moyen d’armes blanches se comptent aussi parmi les clients et les simples passants », a fait savoir une marchande de fruits trouvée au quartier Inga, derrière l’hôpital général de référence de Selembao, ex-Sanatorium.
Les tenanciers des débits de boissons habitués à la vente des produits brassicoles jusqu’aux heures tardives, ont également été affectés par la résurgence de ce banditisme urbain. Leurs recettes journalières ont sensiblement baissé.
« J’ai du mal à réaliser mes recettes habituelles ces jours-ci. Il n’y a plus engouement de la clientèle. Les gens qui viennent boire ici ont peur des ‘’kuluna’’ qui profitent de leurs scènes pour extorquer de l’argent et biens de valeur aux passants et à tous ceux qui exercent des activités commerciales dans les parages», s’est plaint la propriétaire d’une buvette au quartier Nkengi, Philomène Makiese.
Même les grillades et autres mets souvent proposés aux clients tout autour des débits de boissons se vendent difficilement. Ceux qui les commercialisent ne font plus de bonnes affaires.
« Les quelques rares clients qui bravent la peur des kuluna ne traînent plus dans les bars. Ils sont pressés de rentrer chez eux. Hors, nous vendons souvent quand ils restent boire jusque tard la nuit », a confié une vendeuse de brochettes et croupions de dinde, Clarisse Nzuzi.
Selon les renseignements obtenus auprès des autorités municipales, la résurgence de l’insécurité à l’origine du ralentissement de l’exercice du petit commerce dans plusieurs quartiers de la commune de Selembao, s’explique d’une part, par l’impunité des inciviques qui, une fois arrêtés et déférés devant la justice, sont remis en liberté, et d’autre part, par la réduction des effectifs des éléments de la police dont plusieurs ont été rappelés, dans le but d’effectuer un stage de renforcement des capacités. ACP/KHM