Kinshasa, 3 avril 2023 (ACP).- Plusieurs têtes d’érosions ayant englouti plus d’une centaine de maisons menacent le quartier Ngafani, dans la commune de Selembao à Kinshasa, en République démocratique du Congo, a constaté lundi l’ACP.
« La grande quantité d’eau de pluie qui coule avec une forte pression sur la direction Kokolo est la principale cause des têtes d’érosions qui risquent de faire disparaître notre quartier. Cette situation date de longtemps. La plus ancienne de ces érosions est celle qui a commencé en 1985 sur l’avenue Gemena à partir de la rivière Pumbu qui a donné naissance à d’autres », a raconté le propriétaire d’une villa engloutie suite au glissement de terre à Ngafani, Édouard Binia.
Et de poursuivre, « la situation s’est aggravée en 1995. Des fortes pluies qui s’étaient abattues sur Kinshasa avant la saison sèche de cette année ont accéléré la progression de plusieurs têtes d’érosion détruisant au passage des dizaines de maisons. Certaines personnes sont mortes ici sous le choc ».
Il a souligné que plusieurs efforts ont été consentis pour stopper la progression dévastatrice de ces érosions, mais cela n’a pas abouti à une solution escomptée. M. Binia a précisé que certains propriétaires des parcelles sont devenus locataires dans le même quartier.
« J’avais une grande parcelle sur l’avenue Gemena avec une maison de quatre pièces. Tout est parti. Je suis maintenant locataire », a déclaré Roger Dimbu, une des victimes qui a perdu son lopin de terre d’environ 40 mètres sur 30.
Certains propriétaires victimes ont carrément pris la décision de quitter le quartier pour aller vivre ailleurs.
« Notre papa n’a pas pu supporter voir comment la superficie de sa parcelle était rognée à chaque pluie. Il a préféré partir à Mont-Ngafula où il s’est acheté un nouveau lopin de terre. Mais moi, je viens souvent dans ce quartier pour rendre visite à mes amis », a déclaré Alexis Mbemba, une des victimes.
Malgré cette menace qui reste permanente, d’autres personnes refusent d’abandonner leurs habitations dont un notable du quartier, Hyppolite Mukuene propriétaire d’une villa qui s’est vue imposée un voisinage dangereux avec un ravin d’environ 10 mètres de profondeur.
« C’est depuis 20 ans que je vis à proximité de cette grande tête d’érosion. J’ai tout fait pour sauver ma maison de cette situation mais sans succès. On ne ferme pas l’œil quand il pleut ici », a-t-il dit.
Par ailleurs, les habitants du quartier Ngafani ont plaidé pour l’intervention du pouvoir public afin de sauver le reste des habitations jusque là épargnées par l’inexorable progression des érosions.
« Un ancien curé de la paroisse catholique de notre quartier avait à son temps réussi à convaincre les autorités pour venir déverser les immondices ici. C’est la raison de l’apparente stabilité du sol où des légumes et autres plantes ont poussé. Il aurait fallu continuer. Mais il n’y a pas eu de suite. Et c’est la peur qui gagne les esprits surtout pour ce pluvieux mois d’avril qui vient de commencer », a déploré M. Binia.
ACP/KHM/ODM