Kenge, 14 octobre 2024 (ACP).- La contribution à l’indépendance de la Banque centrale dans la lutte contre l’inflation en RDC, a fait l’objet d’une conférence-débat à l’Université du Kwango (UNIK), au sud-ouest de la République démocratique du Congo, organisée par la faculté des Sciences économiques et de gestion.
«Le problème d’inflation se pose avec acuité dans notre pays depuis des décennies. Raison pour laquelle, j’ai voulu réfléchir en explorant une des pistes de solution à ce problème qu’est l’indépendance de la Banque centrale. Celle-ci est définie comme la détermination des objectifs et le choix des instruments de la politique monétaire par la Banque centrale, d’une part, le non-recours au financement monétaire du déficit budgétaire public et la non-révocation du gouverneur de la Banque centrale durant son mandat par l’exécutif, sauf faute grave ou lourde établie par le Conseil Monétaire, d’autre part», a fait savoir le Pr Didier Mumpambala Luzolo, doyen de la Faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Unik.
Aussi, a-t-il ajouté: «l’indépendance de la Banque centrale apporte la crédibilité aux politiques économiques conjoncturelles dans l’atteinte des objectifs économiques, notamment celui de stabilité des prix. Cette indépendance discipline les autorités budgétaires dans la gestion des finances publiques en réduisant le déficit budgétaire public».
Pour montrer la contribution de l’indépendance de la Banque centrale à l’inflation et le canal par lequel cette contribution pourra s’effectuer, l’orateur a procédé aux estimations de deux équations (celle de l’inflation et celle du déficit budgétaire public) par la méthode de co-intégration appliquée au modèle autorégressif à retards distribués (ARDL).
«Les résultats ont révélé que l’indépendance de la Banque centrale influe négativement sur l’inflation et que le déficit budgétaire public influence positivement sur l’inflation à court et long termes, ce qui signifie que plus la Banque centrale est indépendante, moins l’inflation sera forte et que plus le déficit budgétaire public est élevé, plus grande sera l’inflation», a affirmé le Pr Mumpambala.
L’estimation de l’équation du déficit budgétaire public a montré que l’indépendance de la Banque centrale exerce un effet négatif à court et à long termes sur le déficit budgétaire public, traduisant ainsi le canal par lequel l’indépendance de la Banque centrale pourra véritablement lutter contre l’inflation en République démocratique du Congo: c’est ce que le Pr Mumpambala a appelé « canal de la discipline budgétaire » de la contribution de l’indépendance de la Banque centrale dans la lutte contre l’inflation en RDC.
Recommandations du Pr Mumpambala aux autorités
Au regard de ces résultats, le doyen de la Faculté des Sciences économiques l’Unik a recommandé notamment le renforcement de l’indépendance de la Banque centrale du Congo à travers une volonté politique réelle du Chef de l’État et une éventuelle inscription de cette question dans la Constitution de la République; la responsabilité du gouverneur de la Banque centrale avec son équipe; plus d’indépendance de la Banque centrale devra s’accompagner des éventuelles sanctions au cas où le comportement du gouverneur serait nuisible à l’objectif de lutte contre l’inflation et cette éventuelle culpabilité ne devra pas être motivée par les hommes politiques ainsi que la collaboration et la coordination entre les autorités monétaires et budgétaires sans compromettre l’indépendance de la Banque centrale.
Pour sa part, le chef des travaux (CT) José Mundunga Mbubika, secrétaire de la faculté des Sciences économiques et de gestion de l’Unik, a exhorté les étudiants de participer à de pareilles conférences pour cultiver l’esprit scientifique, car la formation ne se limite pas seulement aux matières suivies lors des cours, mais plutôt se complète en prenant partie à de pareilles conférences pour s’enrichir.
ACP/ODM/C.L.