Goma, 14 Août 2021 (ACP).- Le commandant la 34ème Région militaire, le général de brigade Gislain Tshinkobo a clôturé le vendredi 13 aout, à l’hôtel Serena de Goma, les travaux de l’atelier de formation portant sur la vulgarisation du « Protocole de Maputo », organisé par l’ONG IPAS à l’intention de quarante éléments des Forces armées de la RDC et ceux de la Police nationale congolaise.
Dans son allocution de clôture, cet officier supérieur a souhaité voir dans l’avenir le service d’avortement sécurisé de la femme être exécuté avec soins dans les structures médicales tenues par la PNC et celles de militaires à Goma et sur l’ensemble de la zone sous son commandant. « Vous avez planté et vous allez un jour récolter, ce que vous venez de semer », a conclu le général de brigade Gislain Tshinkobo qui a salué la tenue à Goma des travaux de cet atelier, pendant l’état de siège, moment crucial où les droits de l’homme doivent être scrupuleusement respectés.
Il rappelé que l’état de siège n’est pas venu faire table rase du passé mais plutôt restaurer et renforcer l’autorité de l’Etat à tous les niveaux.
Selon Dr Mike Mpoyi, ces assises organisées par l’ONG IPAS, grâce à l’appui financier de l’ambassade de Suède à Kinshasa, visaient le renforcement des connaissances des policiers et militaires autour de la santé de la reproduction et l’accès à l’avortement sécurisé pour la femme.
C’était non seulement une occasion d’apporter une clarification des valeurs et transformation des attitudes face à l’avortement mais aussi montrer l’ampleur d’une grossesse non désirée et des avortements avec leurs complications sur la santé de la femme et de la jeune fille.
Le « Protocole de Maputo » à son article 14, 2C, autorise l’accès à l’avortement sécurisé pour la femme dans les circonstances de viol, d’agression sexuelle, inceste, quand la grossesse met en danger la santé de la femme et de la jeune fille, et quand le fœtus n’est pas viable ou présentant une malformation : dans ces conditions, la femme peut bénéficier de l’avortement sécurisé dans une structure sanitaire, selon le protocole. La mortalité est très élevée en RDC, soit 846 décès maternels sur 100.000 naissances. Dans ce lot de décès, l’avortement représente à lui seul 17%.
C’est pourquoi, il est impératif pour la RDC ; afin de réduire la mortalité, de recourir à l’avortement sécurisé, a souligné Dr Mpoyi.
Dans les pays africains dont la RDC, a-t-il expliqué, 95% d’avortements sont à risque. Six grossesses sur dix sont de surcroit non désirées. Par rapport à cette évidence, la RDC a pris des engagements vis-à-vis des objectifs du développement durable, de ramener si pas rabattre ces décès maternels à 70% pour 100.000 naissances.
Il ressort que l’avortement, définit comme l’interruption du processus de gestation avant l’âge de viabilité, est une question de santé publique mais également de droit de la femme, a rappelé le Dr Mpoyi.
En RDC, beaucoup de violences avaient été documentées dans les zones des conflits récurrents, conduisant à des grossesses non désirées et pour s’en débarrasser, la plupart de victimes de cette barbarie humaine, ont opté pour un avortement non sécurisé, a révélé la source.
Grâce au « Protocole de Maputo », ratifié par la RDC en 2008, une frange des besoins de la femme pour un avortement sécurisé ont trouvé une réponse, a indiqué le Dr Mpoyi expliquant que, dans cette optique, le ministère de la Santé a publié des normes directives sur les soins complets de l’avortement centré sur la femme, qui d’aujourd’hui, donne les capacités techniques pour les prestataires des soins pour l’offre de service de l’avortement.
Au cours de ces assises, les participants ont suivi aussi des exposés sur la violence sexuelle et sur le trouble mental dispensés par le Dr lieutenant José Nganga Mutinga, l’un des mentors de l’Ipas.
Ils ont également vu, à travers les diapositives, le fonctionnement du centre de santé militaire « Matadi Mayo », une œuvre de l’Ipas, et un aperçu sur Makoki ya Mwasi, qui est un focus sur les droits de la femme et son environnement en vue d’inciter les autorités à prendre des décisions en faveur de la femme et son environnement, pour une société égalitaire, a dit pour sa part Dr Jean Claude de l’ONG Ipas. ACP/CL/FMB/Cfm/LYS