Perturbation du transport en commun sur quelques artères de la ville de Kinshasa

Kinshasa, 13 mars 2023 (ACP).- Une perturbation du transport en commun a été observée lundi sur quelques artères de Kinshasa en  République démocratique Congo, suite à la grève décrétée par l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) consécutive à  la nouvelle grille tarifaire des prix des courses fixée par le gouvernement provincial.

« Je travaille dans une entreprise publique. J’étais ici depuis 8 heures du matin, il est maintenant 10h, mais il n’y a aucun transport en commun pour le centre ville. Je vais encore patienter jusqu’à 12h30. Certaines personnes qui étaient en ce lieu ont pris des taxis moto à 5.000 CDF pour se rendre à Kintambo magasin afin d’arriver à leurs endroits du travail. Cette situation nous met en difficulté et peut déranger l’achat de carburant voir la rentabilité de chauffeurs eux-mêmes», a déclaré Franck Fundi.

Les travailleurs, les commerçants, les écoliers et les débrouillards ont dû faire le pied, par contre d’autres trainaient encore dans les arrêts en espérant être pris par des privés.

«Il est vrai que la grève décrétée par ces chauffeurs pénalise la population, mais le gouvernement provincial ne doit pas reculer avec sa nouvelle tarification des transports en commun. Il doit demeurer dans la coercition afin d’éradiquer ce phénomène qu’ont adopté les chauffeurs de fixer les prix comme bon leur semble », a expliqué M. Jonathan Kipulu.

L’ACCO désapprouve la nouvelle tarification des prix des transports en commun

«L’arrêté du gouverneur sur la nouvelle tarification des transports en commun n’est plus d’actualité. Il est dépassé parce qu’il devrait être publié depuis 4 mois. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’autres réalités sur terrain. Le taux du dollar a pris de l’ascenseur, les prix des produits de consommation courante ont grimpé sur le marché. Ce sont des paramètres à tenir en compte avant de publier une nouvelle grille tarifaire », a déclaré le président de l’ACCO, Jean Mutombo, dans un entretien avec l’ACP.

Il a révélé avoir saisi  le gouverneur afin d’étudier dans quelle mesure il pourra revoir à la hausse cette nouvelle tarification en vue de l’adapter à la surenchère.

Intervenant sur la question de la pratique de demi terrain et la tarification illicite devenue monnaie courante dans la ville de Kinshasa, Jean Mutombo a précisé que cela est consécutif à l’absence d’une grille tarifaire officielle.

« Il est vrai que les transporteurs pratiquent de plus en plus une tarification illicite. Je n’encourage pas du tout ce comportement, mais il faut avouer aussi que les chauffeurs le faisaient suite à l’absence d’une grille tarifaire ».

Le président de l’ACCO a condamné le comportement de certains conducteurs grévistes qui s’attaquaient à leurs collègues dans certains coins de la capitale congolaise, dont le quartier Delvaux, dans la commune de Ngaliema.

« Je condamne tous les conducteurs qui ont brutalisé les collègues qui n’ont pas voulu observer le mouvement de grève. C’est de leur droit d’accepter ou de refuser. Nous sommes en démocratie. Personne ne peut forcer quelqu’un à poser un acte contraire à sa volonté », a-t-il fustigé.

Difficile de modifier la nouvelle grille tarifaire sans l’avoir appliquée

Pour Alfred Ndona, cadre à la division urbaine de transport, il ne sera pas facile de modifier les prix fixés dans cet arrêté qui n’est pas encore appliqué. « Il est vrai que la publication de ce nouveau tarif a coïncidé avec la hausse des prix sur le marché. Mais il faut savoir qu’il sera difficile au gouverneur de la ville de revoir immédiatement cette grille avant son application sur terrain », a-t-il prévenu.

Il a souligné que le gouverneur ne fixe pas le prix du transport. « C’est le travail de la commission tarifaire dans laquelle on trouve les représentants des ministères de l’Economie, des Transports, de la Division urbaine de transport, de l’Association des chauffeurs et les organisations de défense des droits des consommateurs », a-t-il expliqué.

« La modification de la grille tarifaire ne se fait pas en un seul jour.  Elle peut prendre toute une semaine parce qu’il y a des calculs qui se font sur base du pourcentage d’augmentation du litre de carburant à la station. Si cette augmentation atteint les 5%, on peut augmenter le prix. Dans le cas contraire, on ne peut pas. Il y a aussi des calculs sur plus de 600 lignes de transport exploitées à Kinshasa. On évalue le prix de la course par rapport à la catégorie des véhicules, la distance. C’est le résultat ou la conclusion de tout ce travail qui est présenté au gouverneur sous forme d’un arrêté », a-t-il souligné.

Les conducteurs désemparés

« Le nouveau tarif des prix de transport en commun va perturber notre service, car nous faisons face à l’inflation qui s’observe sur le marché depuis plusieurs mois dans la ville de Kinshasa », s’est exprimé un conducteur de taxis-bus, M. Hervé Mokuba.

Pour certains chauffeurs, cette tarification doit être revue à la hausse au regard des réalités du terrain marquées par les embouteillages et la hausse de prix du carburant.

« Nous sommes tous les jours confrontés à des embouteillages monstres qui ne nous permettent pas de fois de bien travailler et perturbent nos recettes journalières. Le prix du carburant est l’une des causes que le gouvernorat doit prendre à compte avant de revoir les prix », a déclaré un chauffeur du tronçon marché central-pompage, M. Rachidi Mavangu.

« Ce n’est pas facile pour nous de vivre ce genre de situation. Déjà pour votre information, le versement a augmenté,  normalement cela occasionne également la hausse du prix de carburant. Pour ce qui nous concerne, nous de l’UPN, je trouve anormal que l’on fasse payer 800 CDF comme prévoit l’hôtel de ville. Nous étions déjà à 1.500 CDF et du coup, on rabaisse à 800 CDF, c’est compliqué pour nous », a déclaré Prince Disava , chauffeur d’une Mercedes 207 de l’itinéraire UPN- Zando.

« Nous avons pris le risque de travailler puisque à l’UPN des chauffeurs qui ont observé la grève nous menacent de mort au risque d’endommager nos véhicules », a déploré le chauffeur.

« Nous de l’itinéraire Pompage-Zando, nous connaissons le même problème. Néanmoins, nous continuons à faire payer l’ancienne tarification puisqu’il nous sera difficile de vivre à cette allure. Que l’Hôtel de ville, puisqu’il est notre partenaire, trouve une solution durable qui va satisfaire tout le monde. Déjà avec 800 CDF, on est buté au problème d’échange et cela risque d’empoisonner nos relations avec nos passagers », s’est plaint Chadrack Siani, chauffeur taxis-bus.

La population satisfaite

Par ailleurs, la population kinoise a témoigné sa satisfaction  suite à la fixation du nouveau tarif par le gouvernement provincial. « Les chauffeurs et les receveurs de transport en commun fixent le prix comme bon leur semble. Aux heures de pointe, les prix augmentent sans aucune justification », a témoigné une usagée du transport en commun, Mme Déborah K.

De son côté, une passagère et tenancière d’une boutique d’habillement au grand marché a plaidé pour un dialogue entre les autorités et les conducteurs des taxis et taxis-bus. « Cette situation nous met en difficulté en termes de locomotion, on arrive en retard au lieu de travail à cause de cette grogne des chauffeurs », a-t-elle déploré.

Signalons que, ce nouveau tarif est entré en vigueur ce lundi et cela a rendu difficile le transport en commun sur l’ensemble de la ville province de Kinshasa. Le transport en commun a toujours été très difficile les lundis surtout, pour ce lundi 13 mars 2023 les chauffeurs des taxis et taxis-bus se sont dit plus que déterminés à amener l’autorité urbaine à revoir un peu à la baisse la tarification.

Aucun changement observé au rond point Ngaba

Par ailleurs, la nouvelle grille tarifaire des prix des transports  en commun n’a pas été observée dans le tronçon Rond-point Ngaba-Marché central.

«  J’ai été surpris de constater le non-respect de la nouvelle grille tarifaire fixée par le gouvernement auprès de nos chauffeurs. J’ai payé 1.500 CDF de rond-point Ngaba jusqu’au marché central pourtant le prix est revu à 800 CDF», a  déploré M. Gloire Kinzala, un passager.

«  Rien n’a changé en ce qui concerne le prix de transport en commun, j’ai payé 1.000 CDF du marché central au Rond-point Ngaba. Ce prix avait presque doublé vers 7 heures lorsque je me rendais à Bokasa. Que le service de contrôle du ministère des Transports fasse vraiment le suivi pour que cet arrêté soit respecté »,  a fait savoir Mme Fleur Nsinga, une passagère.

Certains motocyclistes ont profité de la situation pour venir à la rescousse des usagers en haussant les prix de la course. « D’habitude, je paie 3.000 CDF du quartier 1 jusqu’au marché central, aujourd’hui j’ai payé 4.000 CDF », a témoigné un client.

Le directeur général de Transport en commun  (TRANSCO), Cyprien Mbere et son adjoint Flory Bwatuka ont augmenté le nombre de bus sur le réseau urbain et créé d’autres lignes spéciales dans différents points chauds et stratégiques de la capitale afin de permettre aux paisibles citoyens de se déplacer en toute tranquillité.

Cependant, la circulation au niveau de Matadi-Kibala, Rond-point Ngaba et marché Selembao allant vers UPN fonctionnent normalement et les tarifs n’ont pas bougé. Sur les artères, on aperçoit quelques policiers qui circulent pour maitriser certains chauffeurs qui tentaient de protester contre leurs collègues qui n’ont pas respecté la grève.

Dans le regroupement communal de Tshangu, il s’est observé une persistance du phénomène demi-terrain. « Nous préférons faire le demi terrain pour éviter d’augmenter le tarif de transport. Le carburant coûte cher, la compression de l’air au véhicule est passée de 500 CDF à 1.000 CDF. Si nous adoptons la décision de l’hôtel de Ville nous allons travailler à perte », a expliqué un chauffeur, Benoît Mukendi.

ACP/KHM/ODM

Fil d'actualités

Bendélé Ekweya té

Pas un centimêtre 1Cm

Tous unis derrière nos forces armées

Sur le même sujet