Kinshasa, 25 avril 2023 (ACP).- Un plaidoyer pour l’instauration des structures de gouvernance adaptées aux réalités africaines a été mené mardi, par un professeur d’université à l’ouverture, mardi à Kinshasa, en République démocratique du Congo, du colloque sur les «mémoires blessées et promesses inachevées », inspiré d’un philosophe français. « Nous pouvons voir quels sont les défis qui s’imposent à nous par rapport à l’héritage colonial conflictogene. On a regroupé et séparé des gens qui étaient ensemble avec la difficulté de construire un État-nation, on tombe facilement dans la familiocratie, tribalocratie, l’ethnocratie, provincialocratie. Voilà pourquoi, j’ai proposé un modèle de gouvernance qui prendra en compte nos réalités à nous, c’est-à-dire une Afrique plus conviviale », a souligné le Pr. Léon Matangila Musadila, à l’ouverture de ce colloque international
Et d’ajouter, « J’ai proposé ce que j’appelle assemblée de sages ou le sénat. Qui seraient élus par les chefs coutumiers, c’est-à-dire tous les dirigeants des chefferies se retrouvent pour élire la chambre des sages dirigée de façon collégiale pendant 5 ans avec 5 personnes désignées. Ça nous permettra de conserver les notions que nous avons de nos villages.
Léon Matangila a fondé sa thèse sur un modèle de réflexion proposé par Ricoeur, un philosophe français. « Ricoeur peut être une mémoire vive pour construire une Afrique conviviale. Pour y arriver, il faut discuter avec lui en tant que philosophe d’ouverture, de dialogue. Il n’y a pas de civilisation qui domine. Il n’y a pas non plus une civilisation fermée ou close. Parce que chaque situation a sa valeur et ses limites », stipule la thèse.
Ainsi, estime le Pr. Matangila qui ajoute : « Les dialogues entre les peuples sont possibles, raison pour laquelle je m’attarde sur la compréhension de la notion du mal pour établir un dialogue avec ce philosophe en mettant des passerelles sur les points communs. C’est ici que j’évoque les concepts de moral, la fraude, le génocide. La question fondamentale c’est celle de savoir pourquoi le mal est là? Comment faire pour lutter contre ce mal et réhabiliter la convivialité de vivre ensemble? L’éthique proposée c’est la politique. Or, éthique dit qu’il faut d’abord avoir le souci des autres, ne pas faire à autrui ce que l’on ne veut pas chez soi, mettre en exergue le pardon et la réconciliation ».
La pensé du Pr. Musadila est de loin différente de la pratique constitutionnelle actuelle à travers laquelle certains chefs coutumiers sont cooptés dans les assemblées provinciales. «C’est une pratique politisée parce qu’on ne sait pas évacuer ces chefs coutumiers », s’est-il plaint.
Le colloque interdisciplinaire international sur les mémoires blessées et promesses inachevées est issu d’une initiative du « fonds Ricoeur ». Il vise à poser les grandes lignes d’un espace de questionnement partagé entre les différents participants. La clôture est prévue jeudi. ACP/Kayu