Uvira, 2 juillet 2025 (ACP).– Un couloir a été ouvert, mercredi à Uvira au Sud-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo, au cours d’une réunion de cadre provincial de concertation, afin de faciliter les actions humanitaires dans les zones occupées par l’AFC/M23, a constaté l’ACP.
« Ce sont nos compatriotes qui vivent dans les zones sous occupation de l’ennemi, ils ont droits à la nourriture, à l’eau mais également des droits socioculturels. A ce titre les humanitaires peuvent traverser les zones quelles que soit les personnes qui les occupent conformément aux engagements basiques du droit international des droits de l’homme et humanitaire », a déclaré le gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki, Président du cadre provincial de concertation humanitaire au Sud-Kivu.
Il a ajouté qu’il va instruire tous les Administrateurs des territoires, les maires des villes y compris les chefs des groupements et les forces armées de la République qu’ils ont l’obligation de protéger les humanitaires qui travaillent dans les zones occupées par l’ennemi, soutenant que le couloir humanitaire est une priorité.
« Nous avons pris des actions concrètes et nous avons dit que lorsque les acteurs humanitaires opérant dans des zones occupées veulent venir de notre côté, il faut qu’on soit prévenu au moins 10 jours en avance », a-t-il fait savoir, avant de recommander aux acteurs humanitaires que cela doit être préparé et faire un convoi unique.
L’autorité provinciale leur a demandé de ne pas être dupes, car, a-t-il expliqué « tous les jours nous sommes en contact avec les gens qui se disent être des représentants des ONG et qui veulent venir travailler ici mais en réalité, enquête à l’appui, ce sont des éléments du M23 envoyés par l’ennemi, le Rwanda pour tenter de nous infiltrer. Nous avons l’obligation de protéger la population, vous devez faire attention par rapport à ça ».
Le gouverneur Jean-Jacques Purusi a indiqué que la présence des humanitaires en province témoigne le retour à la normal c’est-à-dire, la normalisation de la situation politico sécuritaire et à cet effet, a-t-il ajouté, depuis que l’accord de paix a été signé entre le Rwanda et la RDC, il y a une lueur d’espoir, les ONG commencent à venir.
« A cet effet je remercie très sincèrement le Président de la République, Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, partisan de la paix. Nous encourageons aussi le Président du Rwanda, Paul Kagame, afin qu’ensemble ils puissent continuer à s’asseoir avec son homologue congolais pour que ce problème de guerre qui dure depuis plus de 30 ans qui tue des Congolais, que cette tragédie cesse », a-t-il conclu.
Les acteurs humanitaires prêts à apporter l’assistance
De son côté, le Chef d’antenne de Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA)/Baraka a indiqué que les acteurs humanitaires sont prêts à apporter l’assistance aux personnes en besoin, saluant la volonté de l’autorité provinciale à accompagner les actions humanitaires.
« Les acteurs humanitaires sont prêts à apporter l’assistance mais ils font face à des contraintes d’accès. Si ce contexte d’accès est résolu, nous vous garantissons que les acteurs humanitaires, dans un avenir très proche, seront prêts à intervenir. C’est dans ce sens-là que nous sommes venus dans ce cadre de concertation qui a été institué depuis 2013 et qui a réuni les acteurs humanitaires auprès du gouvernement pour discuter justement des questions comme celle d’accès et celles qui limitent l’action humanitaire », s’est confié le Chef d’antenne/OCHA au Sud-Kivu, Nord-Kivu et Maniema, François Likoyo.
Il a ajouté qu’il a été question de présenter aux autorités les difficultés que les acteurs humanitaires rencontrent sur terrain quand ils veulent répondre aux multiples besoins, relevant que la province du Sud-Kivu est aujourd’hui affectée par un conflit armé qui a poussé au déplacement forcé, plus d’un million quatre cent cinquante mille (1.450.000) personnes.
« Ces personnes déplacées ont besoin de recevoir rapidement une assistance, et elles se sont déplacées dans une province qui est en même temps affectée par d’autres chocs comme les épidémies, les catastrophes climatiques et cela nécessite qu’une réponse humanitaire efficace et efficiente soit apportée très rapidement », a-t-il dit, soulignant que cette réponse ne peut pas être apportée s’il n’y a pas une étroite collaboration entre les acteurs humanitaires et le gouvernement.
« Nous sommes particulièrement satisfaits des discussions surtout de l’engagement pris par l’autorité provinciale, celui de faire une déclaration qui sera lue dans tous les médias afin de faciliter l’accès aux acteurs humanitaires. Avec cet engagement de l’autorité, je suis en mesure de vous dire qu’une fois l’accès garanti, les humanitaires vont répondre immédiatement », a-t-il martelé avant de faire savoir, que grâce à l’implication du gouverneur de province, deux humanitaires détenus par le service de sécurité ont été libérés. ACP/C.L.