Kisangani, 30 juin 2024 (ACP).- Patrice Emery Lumumba, l’un des pères de l’Indépendance, n’avait pas chassé les Belges à l’accession de la République démocratique du Congo à la souveraineté nationale et internationale, a appris l’ACP dimanche lors d’un entretien.
« Qu’on ne vous dise pas que Lumumba avait chassé les Blancs (Belges). Les Blancs ne voulaient tout simplement pas travailler sous les ordres des Congolais, qu’on ne vous raconte pas des mensonges », a déclaré Léon Kanga Djaki, ancien président sectionnaire du Mouvement national congolais (MNC) dans la chefferie de Wagenia, actuelle commune de Kisangani.
« Je vais vous surprendre en disant que du côté des civils, entre les Congolais et les Belges, il n’y avait pas de problème. Mais ils n’ont pas voulu rester, ils sont partis. Certains se précipitaient, d’autres brûlaient leurs véhicules parce qu’ils ne voulaient pas les laisser aux Congolais », a poursuivi cet ancien cadre du parti de Lumumba, avant de renchérir : « c’est comme ça que j’ai acheté une voiture à un agent blanc à six mille (6.000) francs congolais, alors qu’il venait de l’acheter à douze mille (12.000) francs congolais il y avait à peine deux mois ».
Ayant encore frais dans sa mémoire ces événements, en dépit de ses 88 ans, Léon Kanga Djaki a ajouté : « à l’aéroport de Simisimi, dans la banlieue ouest de Kisangani, les Belges et les Anglais ont envoyé des avions pour venir récupérer les leurs, tout simplement parce que l’homme blanc ne voulait pas travailler sous les ordres des Congolais ».
L’idée de l’indépendance de la République démocratique du Congo a émergé au retour de Patrice Emery Lumumba de la conférence panafricaine qui avait eu lieu à Accra, au Ghana, a expliqué ce témoin des événements relatifs à l’Indépendance de la RDC dans la ville de Kisangani (ex-Stanleyville), chef-lieu de l’actuelle province de la Tshopo.
« Lorsque Lumumba nous a parlé de l’indépendance dès son retour de la conférence d’Accra, il a comparé le Congo aux autres colonies, surtout françaises, où les Noirs étaient acceptés dans des universités, occupaient des postes de commandement, même en étant sous la colonisation. Mais chez nous, on était limité à de petits postes de dactylos, commis, infirmiers, assistants agricoles. On ne pouvait pas accéder à des postes de responsabilité », s’est souvenu encore Léon Kanga.
C’est dans optique, a-t-il dit, que Lumumba s’est fait élire massivement à Kisangani lors des premières élections. « Lumumba nous a fait comprendre son souci lors de la restitution qui avait réuni toutes les couches de la population. C’est ainsi que lors des premières élections de 1960, Lumumba a été élu député dans la circonscription électorale de Kisangani avec 84,6% », a renchéri la source. ACP/C.L