Kinshasa, 17 octobre 2022 (ACP).- De nombreux cas de complications après l’avortement sont liés aux hémorragies qui sont consécutives aux rétentions placentaires, a indiqué samedi à Kinshasa, le Dr Roger Mbungu, spécialiste en gynécologie-obstétrique aux Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK).
Il l’a dit au cours d’une conférence organisée sous le thème « Quelle perception avons-nous de l’avortement : protocole de Maputo, quel bilan?». Pour le Dr Mbungu, « l’avortement sécurisé est une interruption de la grossesse avant l’âge de viabilité conduite par une personne formée par qui recourt aux méthodes d’évacuation utérine recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans un cadre conforme aux standards médicaux ».
Le Dr Mbungu, qui est également doyen de la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), a déploré le fait que l’avortement peut provoquer plusieurs problèmes de santé chez la femme, entre autres l’infertilité, les infections et des plaies cervico-vaginales.
Il a, en effet, suggéré la sensibilisation de la population aux dangers de cette pratique néfaste pouvant conduire à la mort.
Aspect juridique de l’avortement
Par ailleurs, Me Liévin Ngondji Ongombe, avocat au barreau de Kinshasa-Gombe qui a exposé sur l’avortement dans son aspect juridique, a indiqué que l’être prénatal est protégé par les textes qui régissent la RDC. « Toute interruption de l’évolution de l’être prénatal n’est pas une infraction. Il faut d’abord qu’il y ait un élément matériel qui est en premier la pratique d’interrompre artificiellement ou de provoquer l’exclusion prématurée du produit de la conception, donc de l’empêcher de poursuivre son évolution », a-t-il martelé. Que cette exclusion ait réussi ou pas, l’infraction est établie. Il a fait savoir que le deuxième élément pour parler d’infraction d’avortement est l’intention d’avorter. « La loi prévoit des sanctions pour cette pratique. Si c’est la femme elle-même qui le provoque, la peine prévue est de 5 à 10 ans d’emprisonnement et pour le tiers (amis, époux, etc.,…) de 5 à 15 ans, a-t-il fait savoir.
Appel à la prudence
Me Ngondji a, par la même occasion, invité le personnel de santé à plus de prudence et de vigilance dans la pratique de leur métier. « Quand vous recevez une femme en consultation pour l’avortement, évitez d’être complice de cette pratique», a-t-il conseillé.
S’agissant du protocole de Maputo, Me Ngondji a fait savoir qu’il est d’application en RDC en vertu de la primauté des traités internationaux, des accords signés et rectifiés par le pays. La RDC est signataire du protocole de Maputo, un traité régional sur les droits des femmes qui a enjoint les Etats de légaliser l’avortement lorsque cela est nécessaire à la protection de la santé physique et mentale de la femme, ainsi qu’en cas de viol, d’inceste et d’anormalité fœtale.
Par ailleurs, le président du club « Cortex santé RDC », Pautien Mutekeshe a annoncé que sa structure va lancer, dans les jours à venir, un programme permettant d’aider la population à connaître leur statut génétique de l’hémoglobine, en vue d’éviter certains accidents génétiques liés à ces problèmes.
Cette conférence a été organisée par l’Asbl « Cortex santé RDC » en partenariat avec l’Union des jeunes avocats (UJA) du barreau de Kinshasa/Gombe et les Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK).
ACP/ODM/JFM/Nng