Kinshasa 22 juillet 2020 (ACP).- Dr Bienvenu Nzuzi, médecin consultant dans l’aire de santé Mama Yemo dans la commune de Mont-Ngafula à Kinshasa, a lancé mercredi un message de sensibilisation à la jeunesse de cette municipalité de la capitale, au vu de la hausse des cas d’usage abusif du Tramadol constatée récemment dans ladite commune.
Dr Nzuzi, qui s’exprimait lors d’un entretien accordé à l’ACP, a fait état de sa préoccupation de voir ces jeunes détourner un médicament de son usage médical et l’utiliser pratiquement comme une drogue pour produire une ivresse artificielle.
« Le Tramadol est un antalgique ou anti-douleur qui agit au niveau du système nerveux central », a déclaré Dr Nzuzi, précisant que « c’est un médicament qui est prescrit lorsque la douleur passe à un stade supérieur à celui de la douleur légère ».
C’est un antalgique de type II, un dérivé morphinique dont l’effet inhibiteur est recherché par ces gens en quête de produits à bas coût qui leur servent à produire un effet euphorisant ou une ivresse artificielle.
Pour Dr Nzuzi, « si les jeunes utilisent aujourd’hui le Tramadol, c’est parce qu’ils n’ont plus accès au Diazepam, qui à une époque fut aussi détourné de son usage médical par de nombreux adolescents pour les mêmes effets ». Les autorités ont eu à prendre en temps utile des mesures sévères, si bien qu’aujourd’hui le Diazepam n’est plus livré que sur ordonnance, a-t-il ajouté.
Les effets secondaires du Tramadol
Dr Bienvenu Nzuzi a relevé que l’usage abusif du Tramadol pouvait produire de nombreux effets secondaires nuisibles, au premier rang desquels il y a la dépendance. « Quand vous prenez cela pendant longtemps, vous aurez du mal à vous en débarrasser, et votre vie commence à en dépendre. Vous ne pourrez plus être à l’aise sans ça », a-t-il dit, avant d’ajouter que ce produit a également des effets sur le système respiratoire. Il peut conduire à des difficultés respiratoires ou dyspnées, susceptibles de mener même à la mort.
En outre, les personnes accros au Tramadol peuvent développer une insensibilité vis-à-vis des produits d’anesthésie en cas d’intervention chirurgicale.
Dr Nzuzi a aussi évoqué des effets à long terme comme des troubles du comportement et de la mémoire. « Dans 20 ou 30 ans, nous risquons de nous retrouver avec des adultes d’une cinquantaine d’années qui auront des cerveaux de vieillards de 80 ans. Malheureusement, ce sera déjà irréversible », a-t-il averti. ACP/CL/MPK/JFM