Kinshasa, 02 mars 2025 (ACP).- Prévu du 5 au 6 mars 2025, sous le thème « Immunisation, nutrition et la lutte contre le cancer du col utérin », le Forum national sur la vaccination et l’éradication de la polio en République démocratique du Congo (RDC) se veut un moment déterminant pour le gouvernement congolais et ses partenaires de renforcer la vaccination de routine pour atteindre 80% de la couverture vaccinale à travers des engagements pris par les parties prenantes dans leur déclaration lors de la 1ère édition dudit Forum tenu à Kinshasa en 2019.
Ces engagements tant au niveau du gouvernement central que provincial ont été focalisés sur le financement et le soutien de la vaccination ainsi que le suivi des performances en vue du paiement de l’enveloppement nécessaire à l’achat des vaccins.
« Quand nous sommes arrivés au pouvoir en 2019, il y avait à peine 22 % de nos enfants qui étaient vaccinés. On parle de la vaccination de routine. La mortalité très élevée qu’on a entre zéro (0) et cinq (5 ans) est liée principalement aux maladies que l’on peut éviter avec la vaccination », a déclaré le Dr Roger Samuel Kamba, ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale lors d’une conférence de Presse.
« La contrepartie des vaccins produits par le gouvernement était très faible. En 2017, le gouvernement ne payait rien, en
2018, il a donné à peu près 4 millions de dollars américains, mais quand nous sommes arrivés, nous nous sommes battus pour que la contrepartie gouvernementale soit payée, jusqu’en 2023, nous avons payé 100%. Il fallait que le gouvernement lui-même prenne en charge ses propres enfants », a-t-il affirmé.
Pour la coordination nationale du Conseil de la Couverture santé universelle (CN-CSU), les éditions passées tenues notamment en 2019 et en 2021, visaient également à répondre aux besoins de vaccination chez les enfants de moins d’une année, car une telle pratique préventive permet de minimiser complètement les maladies évitables par la vaccination.
« Cette rencontre est un Forum Présidentiel dont les représentants en provinces sont des gouverneurs. Les engagements que le Chef de l’Etat prend au niveau national, doivent être suivis de près au niveau provincial.
C’est une opportunité pour nous avec les nouveaux gouverneurs de mettre à jours les informations pour continuer sur la même lancée prise depuis 2019 », a indiqué pour sa part, Polydor Mbongani Kabila, coordonnateur national du CN-CSU.
Les progrès réalisés
En outre, la RDC a réalisé des progrès significatifs avec une augmentation de la couverture vaccinale de 20 points entre 2019 et 2022 et une réduction de plus de 90% des cas de polio variant entre 2002 et 2024. Cependant, des défis majeurs liés, notamment à la récente baisse de la couverture vaccinale avec un nombre élevé d’enfants non vaccinés ou partiellement vaccinés, constituent le goulot d’étranglement.
D’où, l’organisation toutes les deux années de ce rendez-vous de portée nationale qui réunit le gouvernement et ses partenaires traditionnels pour combler le gap et maximiser les synergies des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et autres domaines pour accélérer les progrès vers les objectifs de développement durable (ODD) axés sur la santé, particulièrement l’ODD 3.
« La faible couverture vaccinale dans certaines provinces est consécutive à beaucoup d’éléments, notamment la disponibilité des vaccins. Il fallait pour cet élément particulièrement, d’un côté, que le partenaire principal Gavi qui achète les vaccins soit complété par le gouvernement.
La disponibilisation des actions de vaccins au niveau territorial, la pratique même de la vaccination au niveau territorial, la situation d’insécurité qui pose d’énormes problèmes sont également autant d’éléments », a-t-il indiqué.
Lien entre cancer du col utérin et vaccination
Approchée par l’ACP, le Dr Anne Marie Ntumba, directeur du programme national de santé de la reproduction (PNSR) a expliqué le lien existant entre le cancer du col utérin et la vaccination.
« Le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers les plus mortels encore en (RDC) et à travers le monde. Le problème dans notre pays est que c’est un cancer qu’on diagnostique un peu plus tard. Les gens viennent quand ils ont les symptômes avancés.
Ce type du cancer peut être évitable par la vaccination. Et la RDC s’est engagée à vacciner les jeunes filles entre 9 et 13 avant le début de leur rapport sexuel à partir de 2026 », a-t-elle affirmé.
Il s’agit, selon le PNSR, d’un vaccin qu’on donne comme tous les autres vaccins classiques et il est donné dans tous les autres pays occidentaux à travers le monde et même les pays africains.
Mise en œuvre du Plan Mashako 3.0
Par ailleurs, ce 4ème forum sera également une occasion pour le gouvernement de lancer le plan Marshako 3.0, qui constitue une stratégie visant à renforcer la vaccination de routine en vue d’éviter toutes les maladies évitables par la vaccination.
« Cette stratégie permet de mettre ensemble toute la coordination entre tous les intervenants du secteur de la santé pour qu’on augmente la couverture vaccinale.
C’est-à-dire, elle met les nouveaux central, intermédiaire, provincial jusqu’à la communauté pour que tout le monde soit impliqué dans l’amélioration de la couverture vaccinale comme objectif final.
Ça a commencé dans 9 provinces et nous avons appliqué ça pour la première fois en 2019 », a indiqué le Dr Kamba.
« La mortalité très élevée qu’on a entre zéro et 5 ans, est liée principalement aux maladies que l’on peut éviter avec la vaccination, telles que la rougeole, la varicelle, la pneumonie, les maladies diarrhéiques. C’est pourquoi on a mis en place le Plan Mashako qui prend tous les intervenants dans une coordination permettant à ce qu’on puisse accéder rapidement à ces enfants.
Dans les provinces où le Plan Mashako est appliqué, on voit que les résultats sont meilleurs, c’est pourquoi nous avons décidé de passer à une échelle plus importante en le généralisant progressivement », a-t-il dit.
Le plan Mashako 3.0 vise a lutter contre la polio et sera mis en œuvre dans plusieurs provinces pour renforcer la réponse aux épidémies, selon les experts du Programme élargi de vaccination (PEV).
Ce forum national vise donc à réaffirmer l’engagement du gouvernement congolais et de ses partenaires, notamment le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Gavi à renforcer la vaccination de routine, lutter contre la polio, la malnutrition, et le cancer du col de l’utérus en adoptant une stratégie multisectorielle, selon les organisations du gouvernement au renforcement des activités vaccinales.
ACP/C.L.