L’absence des toilettes publiques, une menace pour la santé des habitants de Kinshasa

(Par Espérance Migabo)

 Kinshasa, 5 avril 2022 (ACP).- L’absence des toilettes publiques à Kinshasa constitue une menace réelle pour les habitants de cette mégapole de plus de 12 millions d’habitants.

En effet, il ressort du constat fait à travers les 24 communes que compte la capitale de la   RDC que les latrines publiques font défaut et la plupart des Kinois, face à un besoin naturel  pressant,  se soulagent dans la nature en public, notamment aux abords des caniveaux le long des avenues et des cours d’eaux, polluant ainsi l’environnement.

Pire encore, certains urinent dans des bouteilles ou défèquent dans des sachets qu’ils jettent le long des avenues ou dans  les caniveaux. D’autres, sans gène, font pipi sur les pneus des véhicules le long de la route.

La situation est encore plus dramatique que même les toilettes dans la plupart des parcelles, et surtout dans les quartiers périphériques, sont mal construites et mal entretenues, poussant ainsi certains occupants de ces parcelles à se soulager à l’air libre.

Si on peut se soulager à l’air libre sans être inquiété,  les conséquences sont incommensurables sur la santé des habitants de cette ville. Ce phénomène est à la base  notamment des maladies liées à l’insalubrité.

Selon  l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), cette pénurie pose d’autant plus de problèmes que la RDC connaît une recrudescence  des maladies dites des mains sales, notamment  le choléra, la fièvre typhoïde, le paludisme, les maladies diarrhéiques et les verminoses.

En cas de pluies ou d’inondations, les WC débordent et les matières fécales et les ordures se retrouvent dans l’environnement, propageant des maladies mortelles. Cette situation compromet gravement les avancées sanitaires et l’amélioration du taux de survie des enfants.

Appel à l’adoption d’une politique dans le domaine des latrines

Tout en saluant l’opération « Kin Bopeto » initiée par le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, pour assainir la capitale, il s’avère important que pour un assainissement total, il faudrait adopter une politique  d’ensemble dans le domaine des latrines. Cela amènerait la population à changer de comportement et à améliorer la qualité des lieux d’aisance pour épargner les Kinois, et surtout les enfants, des maladies évitables.

En effet, selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), l’immense majorité des 70 à 90 millions d’habitants de la RDC n’a pas accès à des « toilettes améliorées » qui préservent l’hygiène et l’intimité des utilisateurs. Un chiffre alarmant car la défécation à l’air libre est à la base de beaucoup de risques de contracter des maladies féco-orales.

Pour mettre la population à l’abri des maladies liées notamment  à l’insalubrité, un appel est donc lancé à l’autorité provinciale d’ériger des toilettes publiques aux environs des grands édifices publics, des marchés, des établissements scolaires, et de mener une vaste campagne de sensibilisation au changement de comportement pour mettre fin à ces pratiques.

Il s’agit également de sensibiliser la population à la construction des toilettes modernes et à veiller sur leur entretien.

L’Objectif de Développement Durable N°6 de l’ONU demande à la communauté internationale de garantir l’accès aux toilettes d’ici à 2030 : « Nous devons d’ici à 2030, assurer l’accès de tous, dans des conditions équitables, à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats et mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en situation vulnérable».

L’ONU souligne l’importance d’investir dans des toilettes adéquates pour que les femmes et les filles disposent d’installations hygiéniques où elles peuvent faire leurs besoins et gérer leur menstruation ou leur grossesse dans l’intimité et en toute sécurité.

ACP/ODM/OB/Thd/KMT/NMM

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