Nord-Kivu : augmentation des cas de choléra dans un camp de déplacés de Nyiragongo

Kinshasa, 9 décembre 2022 (ACP).-Le nombre de cas de choléra a augmenté de façon inquiétante, en l’espace d’une dizaine de jours, au sein des communautés déplacées dans le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu, alerte l’Organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) dans une note d’informerions dont une copie a été transmise vendredi à l’ACP.

« Entre le 26 novembre et le 7 décembre, 256 patients ont été admis au centre de traitement du choléra mis sur pied par les équipes de MSF à Munigi, dont un tiers sont des enfants de moins cinq ans », renchérit la source.

« Vu le manque de nourriture, d’abris, de latrines et de douches, tous les ingrédients sont réunis pour une catastrophe sanitaire. L’augmentation des cas de choléra ces derniers jours est d’ailleurs un indicateur de plus de la détérioration de la situation et du manque criant d’assistance humanitaire », s’inquiète Simplice Ngar-One, coordinateur de projet pour MSF.

Depuis fin octobre, des dizaines de milliers de personnes fuyant les combats et les FARDC (Armée gouvernementale) et le M23 ont rejoint celles déjà présentes depuis des mois dans les sites de déplacés du territoire de Nyiragongo, à quelques kilomètres seulement au nord de Goma.

La situation humanitaire sur place ne fait que se dégrader et plus de 177 000 personnes déplacées viennent désormais s’ajouter aux communautés hôtes, dans des conditions désastreuses, à la merci des intempéries et des épidémies, selon OCHA (Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU).

La promiscuité et les conditions propices à la propagation du choléra

Par ailleurs, le responsable médical du centre de traitement du choléra à Munigi, le Dr Alain Bishikwabo Irenge a fait savoir que les cas de choléra se multiplient à cause de la promiscuité et des conditions de vie dégradées dans les sites informels de déplacés.

« Nous avons mis en place deux tentes supplémentaires pour répondre au grand nombre de patients et augmenter notre capacité de prise en charge à plus de 100 lits. En parallèle, nous intensifions nos activités communautaires pour renforcer la sensibilisation et assurer une détection précoce des cas, car trop de patients nous arrivent tardivement, dans un état de déshydratation déjà sévère », poursuit-il.

Des nouveaux patients sont pris en charge quotidiennement par les équipes de MSF, soit au sein de l’unité de traitement du choléra dans le centre de santé de Kanyaruchinya ou dans le centre de traitement du choléra à Munigi, deux aires de santé voisines qui regroupent de nombreuses personnes déplacées.

MSF a alerté depuis juillet sur les risques sanitaires, voire des épidémiques, pour les communautés déplacées dans le territoire de Nyiragongo. Des premiers cas confirmés de choléra avaient déjà été notifiés en août à Kanyaruchinya où MSF avait organisé une vaccination contre cette maladie pour environ 6.000 personnes au mois de septembre.

Depuis début novembre, une moyenne de 250 consultations gratuites sont assurées quotidiennement au centre de santé de Kanyaruchinya où les équipes de MSF continuent à fournir de l’eau sur six sites et à Munigi à travers des points de lavage des mains et réalisent de nombreuses activités de sensibilisation, ajoute la source.

Face à l’apparition de nouveaux cas confirmés, les équipes de MSF ont réalisé, début novembre, une nouvelle vaccination auprès de 3 600 personnes dans les lieux d’origine des cas pour tenter de freiner la propagation. ACP/Kayu/JLL/Thd

Fil d'actualités

Sur le même sujet