Kinshasa, 19 mars 2025 (ACP).- Le gel du financement de l’Agence américaine pour le développement (USAID) risque de paralyser la lutte contre la tuberculose en République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris mercredi de la Ligue nationale Antituberculeuses et Antilépreuse du Congo (LNAC).
«Ce gel fait qu’aujourd’hui il n’y a plus de financement parce que ça entraine des conséquences graves pour les patients atteints de la tuberculose (TB) et les organisations de la société civile qui soutiennent la lutte en RDC», a déclaré Ghislaine Mabeluanga, directrice nationale
Selon Mme Mabeluanga qui s’exprimait en marge de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre cette maladie, le 24 mars prochain, la LNAC se dit fortement touchée par l’arrêt brutal du financement américain qui a appuyé un projet mis en œuvre dans la province du Kasaï Oriental depuis 2020 et qui tendait à s’enraciner dans les communautés à la grande satisfaction des bénéficiaires, mais aussi des bailleurs de Fonds.
«Nous sommes vraiment affectés puisque nous avions, depuis près de cinq ans, mis en œuvre un projet avec l’Usaid via Sanru, appelé TB LON. Avec plusieurs acteurs, ce projet que nous étions en train de mettre en œuvre, couvrait toutes les 19 zones de santé de la province du Kasaï Oriental. Nous avons là-bas un grand bureau avec une équipe de près de 6 personnes ainsi que des acteurs de terrain pour la collecte des données, la recherche et le suivi des cas dans la communauté, l’orientation des présumés patients vers les structures des soins, la recherche des enfants de moins de 5 ans présentant des signes pour une prise en charge préventive»,a-t-elle dit
«Le projet avait prévu 10 acteurs communautaires par zone de santé dans les 19 zones de santé. Au total, 190 acteurs de terrain, recevaient ne fut ce qu’une petite motivation mensuelle à travers ce projet sans compter les 6 personnes du bureau de Mbuji-Mayi et 3 du niveau central de Kinshasa. Tout est fini», a déploré Mme Mabeluanga.
Elle a indiqué que sa Ligue avait gagné un projet avec le Pepfar dans les 3 provinces, à savoir Kinshasa, le Haut Katanga et le Lualaba. «Nous avions aussi aménagé nos bureaux pour ce projet et mis en place des équipes. Malheureusement, 61 personnes sont touchées par l’arrêt et ne reçoivent plus rien de ce projet financé par le Pepfar. Pourtant, il y avait des personnes clés et aussi des acteurs de terrain, notamment des superviseurs, des collecteurs des données ; des Datas, des experts d’universités pour la qualité des données», a-t-elle poursuivi.
Pour la directrice nationale de cette association, ce gel du financement américain est une catastrophe au regard de la mise en œuvre de ces projets qui soulageaient beaucoup de Congolais, engagés dans la lutte contre la tuberculose et le VIH à travers la LNAC.
Les engagements non tenus risquent de coûter plusieurs patients
Par ailleurs, Mme Mabeluanga a rappelé que le ministre de la Santé avait annoncé en septembre 2023, au nom du Chef de l’Etat lors de l’Assemblée générale de l’ONU sur la Tuberculose, qu’il prenait un engagement pour que le pays puisse verser un million de dollars dans les 26 provinces durant 7 ans afin de soutenir la lutte contre la tuberculose. «Deux ans après, la concrétisation de cette promesse se fait toujours attendre alors que plusieurs vies sont en danger et que la contamination risque d’anéantir tous les efforts de sensibilisation dans la communauté par manque de médicaments», a-t-elle dit.
Créée à l’initiative des médecins belges et congolais, la LNAC existe depuis 1963 et elle a été à la base de la création du Programme national de lutte contre la tuberculose (PNLT). Elle mène la lutte contre la TB et le VIH ainsi que toutes autres maladies endémiques pour pouvoir contribuer à la Couverture santé universelle (CSU) et s’appuie sur 3 stratégies de communication. Il s’agit du plaidoyer auprès de décideurs, la communication sociale pour le changement de comportement et la Mobilisation sociale à travers son réseau d’organisations à assisse. ACP/UKB