Santé en RDC : des progrès réels, mais des défis majeurs (Jean Kenge)

Kinshasa, 30 juin 2025 (ACP).- Le système de santé de la République démocratique du Congo est resté jusqu’à ce jour, pour l’essentiel, un héritage colonial. Plusieurs maladies infectieuses ainsi que des épidémies continuent de frapper les populations, révélant des défis majeurs auxquels l’Etat peine à faire face en termes d’infrastructures, de ressources humaines et financières.

Système pyramidal

Trois niveaux déclinent globalement le système de santé de la RDC : central, provincial et périphérique. 

Le niveau central (ministère) est celui qui définit l’ensemble des politiques publiques relatives à la santé, la coordination et la supervision. Le niveau provincial assure l’appui technique et la mise en œuvre des politiques, tandis que le niveau périphérique est chargé de la couverture des zones de santé mises en place pour être proches des populations et permettre à celles-ci d’avoir directement accès aux soins de santé.

L’ancien Hôpital de référence de Kinshasa

Le système de santé en RDC fait face à plusieurs défis majeurs. Il y a de prime abord la faiblesse de la couverture, dans la mesure où le système n’arrive pas à couvrir l’ensemble du territoire national, avec un maillage particulièrement déficitaire pour les zones rurales et ou enclavées.

La qualité des services rendus à la population constitue un autre défi. Ici, le manque des structures hospitalières adéquates et d’équipements se conjugue souvent avec le déficit en personnel qualifié et formé.

Un dernier défi relève de l’accès aux soins de santé. La distance constitue un obstacle majeur pour l’accès des populations aux soins de santé, au même titre que leur coût souvent prohibitif pour les ménages qui en assument la charge pour près de 43% contre 40% pour les partenaires extérieurs.

Des sécessions en rebellions depuis l’accession du pays à l’Indépendance, les conflits politiques ont servi à détruire les infrastructures, à éloigner les populations et à favoriser la résurgence des maladies, dont certaines autrefois éradiquées, du fait de l’effondrement des conditions d’hygiène.

Maladies infectieuses et épidémies

Parmi les infections qui frappent de manière récurrente la RDC, on cite ebola, la rougeole, le choléra, le Mpox, la poliomyélite, la tuberculose, la fièvre jaune…S’agissant des maladies d’origine animale, il y a par exemple la grippe aviaire, le chikungunya, le Sras, la covid-19, etc. La plupart de ces maladies sont sujettes à une surveillance épidémiologique. C’est le cas, notamment, de la rougeole, la poliomyélite, la fièvre jaune…

Plusieurs facteurs ont considérablement et de manière négative impacté le système de santé du pays. On cite généralement l’explosion démographique et son corollaire naturel l’exode rural; les crises politiques – rebellions et secessions – qui ont détruit ou pillé les structures sanitaires; enfin le déficit des financements couplé aux détournements et à la corruption.

C’est avec ce budget assez modeste mais en constante progression que le gouvernement fait face aux problèmes de santé en RDC avec des projets de construction d’infrastructures et des programmes de lutte contre les maladies. Il n’est heureusement pas seul dans cette démarche. Plusieurs privés participent aussi à l’effort. Le cas de certaines ONG, Églises (catholique, protestante, kimbanguiste) … et mutuelles de santé très implantées dans les Kivu, mais aussi de partenaires multilatéraux tels que l’Oms, la Banque mondiale, l’Unicef, etc.

Pour autant, le nombre d’hôpitaux et centres de santé reste faible : 16.010 dont 12.050 sont connectés au système d’information DHIS2, selon le ministère de la santé.

On retrouve dans cette fourchette des grands hôpitaux généraux, des cliniques spécialisées, des hôpitaux militaires et de la police. Les plus célèbres sont l’hôpital général de référence de Kinshasa, ex Mama Yemo, Sendwe de Lubumbashi, les cliniques universitaires, les cliniques Ngaliema et Kinoise… mais aussi et surtout l’hôpital ultramoderne du Camp Tshatshi construit par le chef de l’Etat pour les militaires, les policiers et leurs dépendants. Il accueille de plus en plus des patients civils. Du côté des privés, on peut citer HJ, Diamant, Medecins de nuit, Centre médical de Kinshasa…

Il en est de même du nombre des médecins estimés à environ 19.000 unités, soit un ratio de 0,19 médecin pour 1.000 habitants. Le ratio mondial à ce stade est de 1,71 médecins pour 1000 habitants.

Des symboles forts

Les efforts du gouvernement vont souvent au-delà du cadre budgétaire pour investir dans certains symboles forts du secteur de la santé. Le cas qui a le plus été chanté et applaudi est celui, notamment, de l’hôpital général de référence de Kinshasa, ex Mama Yemo, qui a été réhabilité et équipé de fond en comble à la suite de l’engagement personnel du Chef de l’état, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, propulsant cet établissement parmi les meilleures formations de l’Afrique centrale. 

La fierté des Congolais a été de retrouver avec ce fleuron le prestige de leur système de santé tel qu’issu de la période coloniale lorsque des malades en provenance des pays voisins, ou plus loin de l’Afrique australe, se déplaçaient pour venir se faire soigner en RDC.

Le deuxième symbole fort de la détermination du chef de l’Etat pour la santé des Congolais est le lancement de la Couverture Santé Universelle (CSU). Un projet qui vise à garantir l’accès équitable aux services de santé essentiels pour tous. Kinshasa la capitale est déjà bénéficiaire de cette innovation majeure avec des accouchements et soins gratuits pour les femmes et leurs bébés admis dans certains établissements. Un plan a été établi pour que des projets pilotes soient progressivement activés dans certaines provinces.

ACP/

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