Kinshasa, 26 juin 2025 (ACP).- Cent neuf (109) cas de choléra ont été notifiés dans le village de Lomera, dans le Sud-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), selon un communiqué de l’organisation Médecins sans frontières (MSF), consulté jeudi par l’ACP.
« Les 13 premiers cas à Lomera ont été signalés le 20 avril. En deux semaines, ce chiffre a bondi de plus de 700 % pour atteindre 109 cas. Aujourd’hui, la localité concentre 95 % des cas de choléra de la zone de santé de Katana, qui compte plus de 275 000 habitants », a-t-on lu.
« Le choléra est endémique dans cette région de la RDC, et le lac est contaminé par la bactérie. Une épidémie de cette ampleur reste inhabituelle », a ajouté la source.
Selon la source, le MSF a lancé depuis le mois de mai dernier, une intervention d’urgence pour répondre à cette épidémie dans cette partie du pays où la ruée vers l’or et l’absence de conditions d’hygiène adéquates ont favorisé la propagation rapide de la maladie.
Plus de 8 000 personnes ont été vaccinées

Par ailleurs,plus de 8.000 personnes ont été vaccinées contre l’épidémie de choléra et plus de 600 autres ont été traitées dont une grande partie arrivait dans un état critique, dans une unité de traitement du choléra (UTC), une structure temporaire de 20 lits installée par MSF à Lomera.
« Tous les facteurs propices à une flambée de cas de choléra sont réunis ici. On observe une surpopulation extrême, le manque criant d’eau propre, la défécation à ciel ouvert sur les collines, et une absence totale de gestion des déchets », a soutenu Matilde Cilley, référente médicale du projet pour MSF, cité dans le communique.
Pour MSF, alors que le choléra est endémique dans cette région de la RDC, Lomera présente tous les facteurs de risque clés d’une épidémie avec notamment un accès inadéquat à l’eau potable, le surpeuplement, la capacité insuffisante des latrines et la défécation en plein air, les installations limitées pour le lavage des mains, la faible couverture vaccinale (la dernière campagne de vaccination a eu lieu en 2022) et l’emplacement du village à flanc de colline, où les déchets non traités s’écoulent vers le bas dans le lac, perpétuant la contamination.
Des patients travaillent dans les mines exposés à l’eau contaminée du lac

En outre, pour le Dr Théophile Amani, médecin MSF à Lomera, « la grande majorité de nos patients travaillent dans les mines, où ils utilisent l’eau contaminée du lac pour séparer l’or de la terre, s’exposant ainsi à la bactérie ». Il a fait savoir que letravail manuel pénible et la consommation élevée d’alcool font que beaucoup sont déjà déshydratés avant même d’être infectés.
Le traitement du choléra est essentiellement axé sur la réhydratation des patients. À Lomera, la forte consommation d’alcool et le travail manuel intensif dans les mines font que les patients atteints de choléra sont souvent encore plus déshydratés que d’habitude, et arrivent souvent en traitement dans un état critique.
Après leurs traitements, les patients reçoivent de la part des équipes MSF des kits d’hygiène, seau, pastilles de purification d’eau et savon ainsi qu’une sensibilisation et des informations essentielles afin de prévenir de futures infections.
Les équipes ont travaillé sans relâche pour soigner les malades et améliorer l’accès à l’eau potable mais faute de doses suffisantes, une seule dose a pu être administrée au lieu des deux recommandées.
La population de Lomera a explosé à la suite de la découverte d’or fin décembre 2024. Ce qui était autrefois un village lacustre de 1 500 habitants s’est rapidement transformé en une agglomération tentaculaire d’abris de fortune, abritant aujourd’hui une population transitoire croissante de plus de 12 000 personnes. Le choléra est une maladie infectieuse causée par la bactérie « Vibrio cholerae » qui se transmet principalement par la consommation d’eau ou d’aliments contaminés, par les matières fécales d’une personne infectée. Ses symptômes incluent une diarrhée aqueuse abondante et des vomissements pouvant entraîner une déshydratation sévère et, dans les cas graves, la mort si non traitée, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). ACP/JF