Trois questions à l’oncologue Célestin Katshunga sur le cancer du sein

Le cancer du sein est l’une des maladies chroniques non transmissibles dont l’incidence est en perpétuelle croissance en République démocratique du Congo, selon les experts en santé publique.

L’implication des organisations nationales, locales et des scientifiques s’avère nécessaire pour une sensibilisation de la communauté en vue de la conscientiser sur les moyens de prévention, les symptômes et les facteurs de risque.

Dans le cadre du mois « Octobre rose » consacré à la sensibilisation à la lutte contre cette maladie, l’ACP s’est entretenue avec un spécialiste en oncologie et en santé publique, le Dr Célestin Kathsunga Madi, coordinateur général de l’ONG « Association internationale congolaise d’aide sociale et humanitaire » (Assicas), qui a expliqué les stratégies efficaces pouvant permettre de lutter efficacement contre cette maladie.

Question 1 : Qu’est-ce que le cancer du sein, quelles précautions faut-il prendre pour l’éviter et quelle est sa prévalence en RDC ?

Réponse : Le cancer du sein est une maladie héréditaire, c’est-à-dire que si un parent est décédé de cette maladie avant la ménopause, sa progéniture est prédisposée à développer le cancer et un suivi doit être fait pour prévenir cette mutation. Le cancer du sein, c’est la cellule cancéreuse qui attaque la glande mammaire et provoque une tumeur maligne. Il est également une maladie qui est curable s’il est dépisté précocement. Malheureusement, faute d’informations, les malades se présentent toujours à l’hôpital à un stade très avancé de la maladie.

Les précautions à prendre sont notamment l’auto palpation et le dépistage précoce qui restent le remède le plus efficace pour arrêter cette maladie, chez l’homme comme chez la femme. Il s’agit d’un geste simple, ne demandant pas beaucoup d’efforts. Il s’agit de se tenir devant un miroir et de palper de gauche à droite et de haut en bas. 

Souvent, le cancer se développe sous forme d’une boule au niveau du sein, mais toute boule n’est pas nécessairement un cancer. Lorsque pendant la palpation vous constatez une boule, rendez-vous immédiatement dans une structure sanitaire, consultez un médecin. Si la boule est statique et dure, le médecin va vous soumettre à des examens cliniques (au laboratoire) ou à l’échographie mammaire et à la mammographie qui vont permettre au spécialiste d’avoir une idée claire.

Cette maladie se manifeste aussi par l’écoulement d’un liquide jaunâtre qui sent mauvais ou rougeâtre, autre que le lait maternel, qui sort du sein chez une femme qui n’allaite pas et qui n’a pas avorté ou qui n’est pas enceinte.

Ces signes sont très alarmants et doivent vous pousser à consulter un médecin pour le diagnostic systématique. Dans notre pays, c’est impossible de donner un chiffre exact du taux de prévalence de la maladie, il n’y a pas un registre national où les cas sont enregistrés.

Question 2 : Aux niveaux local et national, qu’est-ce que votre organisation mène comme actions pour amener la communauté à s’impliquer dans la lutte contre le cancer du sein ?

Réponse : Notre ONG est focalisée depuis 2009 sur la sensibilisation de la population aux différents modes de prévention, à la formation et au renforcement des capacités du personnel soignant et des relais communautaires (sensibilisateurs) qui nous aident à aller vers la communauté pour la sensibiliser et la faire sortir de l’ignorance. Ils incitent les membres de la communauté au dépistage précoce, car le cancer du sein dépisté à temps peut être soigné.

Nous facilitons aussi le dépistage de masse dans des structures sanitaires partenaires mais aussi dans nos cliniques mobiles et enfin nous sommes en train de construire nos propres structures sanitaires à Kinshasa et à Beni, au Nord-Kivu (Est de la RDC) où nous pourrons recevoir les malades sans dépendre des autres structures sanitaires qui collaborent jusque-là avec nous pour le traitement du cancer.

Question 3 : Qu’est-ce qui doit être fait au niveau national pour réduire la prévalence du cancer du sein ?

Réponse : Nous demandons au gouvernement de la RDC de faire la même chose qu’il fait avec des personnes vivant avec le VIH-Sida (PVVIH), cela veut dire prendre en charge des personnes qui souffrent du cancer, pas seulement ceux qui souffrent de cancer du sein, mais de tous les cancers.

En RDC, nous avons une seule structure qui s’occupe correctement des cas de cancer et qui est privée. Pour traiter le cancer, il faut l’apport d’un chirurgien et d’un thérapeute ainsi que l’intervention d’un radiothérapeute. 

Créée en 2009, Assicas intervient dans plusieurs domaines, notamment la santé sexuelle et reproductive, la prévention et la lutte contre les cancers du sein et du col de l’utérus. Elle bénéficie jusque-là de l’appui technique et financier de l’UNFPA-RDC

(Propos recueillis par Alicia Kyanga)

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