Kinshasa, 12 janvier 2025 (ACP).- La situation épidémiologique de la lèpre en République démocratique du Congo (RDC) a été présentée dimanche à Kinshasa par le directeur du Programme national d’élimination de la lèpre (PNEL), le Dr Florent Ngondu, dans une interview exclusive accordée à l’ACP.
Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la lèpre est une maladie infectieuse chronique causée par un bacille (une bactérie) appelé « Mycobacteruim leprae ». Elle touche principalement la peau et les nerfs périphériques. En l’absence de traitement, elle peut entraîner des incapacités progressives et permanentes.
Question : Comment se présente la situation épidémiologique de la lèpre actuellement en RDC ; cette maladie est-elle toujours un problème de santé publique ?
Réponse : La lèpre existe effectivement en RDC et toutes les provinces sont concernées par cette maladie. Les chiffres de 2023 publiés par l’OMS renseignent que la RDC a notifié 3.945 nouveaux cas de lèpre. Ces cas ont été notifiés dans toutes les provinces. La RDC est ainsi le premier pays en Afrique en termes de détection des nouveaux cas de lèpre et au niveau mondial notre pays occupe la 4ème place.
Ces statistiques démontrent que nous portons encore une très grande charge de la maladie en RDC. Bien que la lèpre ait été éliminée au niveau national comme problème de santé publique, parce qu’on a atteint un certain niveau, mais actuellement l’élimination se définit comme l’interruption de la transmission. Nous devons donc travailler pour que d’ici 2030 nous puissions avoir zéro cas de lèpre.
Question : Quelles sont les provinces les plus touchées par cette maladie en RDC ?
Réponse : Toutes les provinces sont touchées par la lèpre, mais il y en a qui sont beaucoup plus touchées que d’autres. Les provinces les plus touchées sont le Haut-Katanga et le Tanganyika qui ont notifié chacune plus de 400 nouveaux cas de lèpre en 2023. Les trois provinces qui suivent sont la Tshuapa, le Bas-Uélé et le Sankuru qui ont notifié chacune plus de 300 nouveaux cas en 2023. Les provinces qui ont notifié plus de 200 cas sont la Tshopo, le Haut-Lomami et l’Ituri, alors que le Maï-Ndombe, l’Equateur, le Nord-Ubangi et le Kasaï ont enregistré au moins 100 nouveaux cas. Les autres provinces ont dépisté moins de 100 nouveaux cas de lèpre en 2023.
Question : Quelles sont les stratégies utilisées en RDC pour l’élimination de la lèpre ?
Réponse : La première des stratégies que nous préconisons toujours est le dépistage précoce de la maladie. Cela veut dire que nous devons former les acteurs de terrain, nous devons travailler aussi avec les relais communautaires pour que ces derniers informent la population et orientent les gens pour qu’ils se fassent dépister. Si le malade est détecté, on le soigne par la poly chimiothérapie (une association de trois produits et cela selon les cas). Si c’est un cas « Paucibacillaire » qui a moins de 6 tâches, on lui administre le produit pendant 6 mois, et si le malade a plus de 6 tâches, il va bénéficier de 12 mois de traitement.
Une autre stratégie c’est la prévention des infirmités et la réhabilitation physique des malades. Avec le dépistage précoce, on peut réduire le nombre d’infirmités et réhabiliter le physique du malade. En cas d’infirmité, on doit rendre ces personnes utiles en leur montrant des gestes et des habitudes pour que leurs infirmités soient corrigées.
Dans la prévention, nous passons aussi par la chirurgie. C’est une étape ultime dans la prévention des infirmités, lorsqu’on a échoué en administrant des soins. Nous avons besoin de moyens pour aller dépister tous les cas cachés qui résident encore dans les provinces endémiques, parce que la distribution des médicaments est gratuite. L’OMS nous fournit gratuitement les médicaments que nous offrons aux malades. Mais ce qui nous manque, c’est l’argent pour aller chercher les malades.
ACP/JF