Kinshasa, 26 décembre 2020 (ACP).- La coordinatrice de l’ONG « Etoile du Sud » (EDS), Sylvie Luzala, a procédé, jeudi, dans la commune de Limete à Kinshasa, à la restitution d’une enquête et à la validation des données sur la sous représentativité de la femme dans les instances décisionnelles et de la prise en compte de la place de celle-ci dans la société.
Selon Mme Sylvie Luzala, l’étude menée par son ONG depuis 2017, en collaboration avec le Collectif de développement intégré au Congo (CODIC), dans quelques communes de la ville de Kinshasa et dans quelques provinces de la RDC, a démontré notamment que 10 % de femmes sont représentées dans les instances décisionnelles (Assemblées provinciale et nationale, Sénat, Gouvernement et les entreprises publiques, etc.), et 4 % au sein des partis politiques.
Ces résultats s’appuient sur les données statistiques de la CENI de 2018), selon lesquels 7 millions de filles sont non scolarisées contre 2 millions pour les garçons à l’école primaire, avant la gratuité de l’enseignement d’après les données fournies par CONEPT/RDC en 2019.
La coordinatrice de l’EDS a déclaré à la publication des résultats que cette recherche s’est intéressée à la ville de Kinshasa prise comme ville pilote, précisant que le travail s’est déroulé dans les quatre districts en raison de 2 communes par district, soit : Kimbanseke et Masina (Tshangu), Kisenso et Ngaba, (Mont-Amba), Kalamu et Makala (Funa) et Barumbu et Ngaliema (Lukunga).
En ce qui concerne le rôle de la femme dans le foyer, d’après les données de cette étude, 15% de femmes cherchent l’argent, 11 % éduquent les enfants , 8% des femmes se substituent à leurs maris et 3 % ont pour rôle de faire les enfants, contrairement à celui de l’homme qui varie de 70% d’hommes cherchent l’argent, 8 % qui éduquent les enfants et 4 % qui se substituent à leurs femmes. Tandis que 6% de femmes qui prennent des décisions dans les foyers contrairement aux hommes qui sont à 76 %.
Une faible participation de la femme à la gouvernance locale
La même étude démontre un faible taux de participation de la femme à la gouvernance locale notamment 22 % de femmes par manque de volonté politique, 14% de femmes incapables, 21% de femmes qui se désintéressent de la politique, 22 % de femmes ignorent et 9 % de femmes au travail de l’homme.
L’enquête révèle quelques obstacles qui handicapent la femme à participer à la gouvernance locale, interdiction de leur mari (40% de femmes), le harcèlement sexuel (18% de femmes). l’étude démontre que dans la commune de Barumbu, 13 % de femmes et 29 % d’hommes initiateurs des travaux communautaires, dans la commune de Ngaba, 23 % de femmes et 27% d’hommes , dans la commune de Kimbanseke, 36 % de femmes et hommes et à Kisenso 51 % de femmes et 28 % d’hommes initiateurs desdits travaux.
Mme Sylvie Luzala a affirmé qu’au regard des résultats, « nous remarquons que les femmes ne sont que trop rarement considérées véritablement comme les porteuses des droits et actrices de changement. Leur rôle est souvent réduit à leur fonction reproductrice. »
Elle a fait savoir que les mesures prises sont souvent dans une approche individuelle alors que pour arriver à des changements systémiques, il est important que les habitants des quartiers populaires soient conscients du rôle positif que jouent les femmes, mais aussi de nombreuses discriminations qu’elles subissent et de l’impact de ces discriminations sur le droit à la santé de l’ensemble de la population.
Mme Luzala a ajouté qu’il est donc indispensable qu’elles connaissent leurs droits et se considèrent comme des actrices de changement. Ainsi, elles doivent apprendre à s’organiser et se mobiliser ensemble pour défendre et revendiquer de manière constructive auprès des autorités responsables, a-t-elle souligné.
Des stratégies devant emmener la femme marginalisée à prendre conscience
Par ailleurs, la coordinatrice de l’EDS a affirmé que « nous avons dans ce travail mis en place des stratégies pour emmener la femme marginalisée à prendre conscience de son état et l’armer de courage pour la sortir de la situation dans laquelle elle se trouve en dépit des contraintes socioculturelles et religieuses qui constituent des pesanteurs pour son épanouissement intégral.
Pour ce faire, en installant les « Comités des Villages » de genre à la base c’est-à-dire dans les quartiers comme dans les écoles l’idée est d’inculquer et implémenter les bonnes pratiques du « genre » dans les ménages et dans les écoles dès l’enfance. ACP/ CL/KJI