Kinshasa, 15 décembre 2024 (ACP).La poursuite de la vulgarisation du « Protocole de Maputo » à travers la République démocratique du Congo a été recommandée, vendredi, par les acteurs judiciaires à l’issue d’une table ronde organisée à Kinshasa par une association des femmes avocates, a-t-on appris de source judiciaire.
« Nous sommes obligés de revisiter le Code pénal, livre 2. Pour le revisiter, au niveau de l’Association des femmes avocates du Congo (Afeac), il faut mettre en place une note de plaidoyer, qui doit être élaborée avec toutes les parties prenantes notamment les acteurs judiciaires et ceux de la société civile. C’est seulement après qu’on va poursuivre la vulgarisation du Protocole de Maputo », a relevé Me Gisèle Kapinga, présidente de l’Afeac, relayant la recommandation formulée par un des participants.
Elle a précisé que son association, qui a organisé la table ronde avec les acteurs judiciaires, vulgarise le Protocole de Maputo auprès de ces acteurs judiciaires, notamment les juges, les magistrats et les avocats.
« C’est dans ce cadre que nous avons organisé ces assises, mais aussi pour discuter sur les recommandations à formuler pour l’harmonisation de notre Code pénal avec le Protocole de Maputo. Nous avons également fait des monitoring dans les hôpitaux à travers le pays, pour voir comment les magistrats appliquent cet instrument juridique régional, principalement l’article 14, qui dépénalise partiellement l’infraction d’avortement », a soutenu Me Gisèle Kapinga Ntumba, qui est non seulement la présidente de l’Afeac, mais aussi la commissaire nationale de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH-RDC).
Pour sa part, le Dr. Michael Mboma, médecin à l’Hôpital général de référence de Makala, a expliqué aux participants à la table ronde, en termes clairs, la manière dont se réalisent les avortements sécurisés dans sa structure.
Il a aussi relevé comment se fait ce travail, d’où viennent les femmes qui sollicitent l’avortement sécurisé, les services qui sont offerts et comment le suivi est fait auprès de ces femmes.
« Nous avons précisé que nous nous ne sortons pas des principes du Protocole de Maputo, qui a planté les bases sur lesquelles que nous avons transformé cet avortement qui est l’un des droits de la femme à un service que nous offrons de manière sécurisée. Cela pour éviter qu’il ait des complications, surtout lutter pour baisser le taux de décès maternels », a expliqué le Dr. Mboma.
Il a par ailleurs expliqué que l’avortement sécurisé est celui qui répond aux normes et directives de la Républiques, soit une grossesse issue d’un viol, de l’inceste, d’une agression sexuelle ou qui met en danger la santé physique ou mentale de la femme.
« L’avortement sécurisé se fait auprès d’une femme dont la grossesse ne dépasse pas trois mois, il doit être fait par un prestataire formé et dans une structure appropriée, c’est-à-dire qui est reconnue par la loi de notre pays », a-t-il martelé.
Trésor Mugisho, magistrat au parquet de grande instance de Kinshasa-Ndjili, a qualifié les échanges sur l’application du Protocole de Maputo de fructueux, qui ont permis aux acteurs judiciaire de comprendre davantage cet instrument juridique.
« Il y a des conditions à observer scrupuleusement pour pratiquer l’avortement sécurisé. Il y a aussi un criterium à respecter du côté du personnel médical, qui doit être préalablement formé et le pratiquer dans une structure légalement reconnue », a-t-il relevé après avoir reçu les explications d’un médecin spécialisé dans l’avortement sécurisé.
La table ronde de renforcement des capacités des acteurs judiciaires sur le Protocole de Maputo a été organisée par l’Afeac en partenariat avec l’IPas (qui est une organisation qui s’efforce de faire progresser la santé sexuelle et les droits génésiques des femmes).
ACP/C.L.