Kinshasa, 17 juin 2025 (ACP).- La Haute cour militaire a renvoyé à la huitaine, mardi, l’affaire de prise à partie contre un juge militaire qui a commis une faute grave pour permettre à la défense de compulser le dossier, lors d’une audience à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
«La Haute Cour a entendu les parties ainsi que l’avis du ministère public. […] Elle se voit dans l’obligation de renvoyer la cause à la huitaine pour permettre à la partie défenderesse de compulser le dossier et obtenir certaines pièces nécessaires à sa défense», a déclaré le président de la composition.
Il a, par la même occasion, instruit le greffier de rester accessible afin de permettre à la partie défenderesse de prendre connaissance du dossier «dès aujourd’hui».

Prenant la parole à son tour, le procureur militaire a justifié ce renvoi du fait qu’un procès équitable exige l’égalité des armes […] Quoi de plus normal que de lui permettre de préparer sa défense, ajoutant que le prévenu est aussi malade.
«On ne juge pas ici des personnes malades. […] Je suggère qu’il soit mis dans de très bonnes conditions pour bien dire le droit », a renchéri le procureur militaire.
Pour sa part, Me Jean-Claude Bashangu, avocat du général Ndesho Kabwene, a expliqué les raisons de ce transfert du dossier à Kinshasa: «Notre client a introduit une requête de prise à partie contre le juge président du tribunal militaire de Goma, qui l’avait condamné à 20 ans de prison pour association des malfaiteurs. Mais nous avons constaté que le juge a commis une faute grave –le dol– en prenant partie pour la partie civile», a-t-il déclaré.
Notons que, l’affaire implique cinq défenseurs fonciers représentant les droits de 36.000 personnes déguerpies de leurs terres ancestrales à Masisi, dans le Nord-Kivu, lors de la guerre du RCD.
Ces populations, installées sur des concessions abandonnées par leurs propriétaires, ont été expulsées lorsque les responsables du RCD se sont appropriés les terrains. Elles vivent depuis dans des camps de déplacés, et les cinq défenseurs, dont le général Ndesho Kabwene, portent leurs revendications en justice. ACP/ODM