Kinshasa, 02 septembre 2024 (ACP).- Deux morts, des blessés et des dégâts matériels ont été enregistrés dans la matinée de lundi, lors d’une tentative d’évasion à la prison centrale de Makala, la plus grande de Kinshasa, en République démocratique du Congo, selon le vice-ministre de la Justice.
«La prison n’a pas été attaquée de l’extérieur, c’est plutôt un mouvement d’évasion qui est parti précisément du pavillon 4. Le bilan actuel de tout ceci fait état de deux morts. Du point de vue matériel, il y a eu un dépôt de vivres incendié, un dispensaire et deux pavillons aussi», a fait savoir Me. Samuel Mbemba, Vice-ministre de la Justice et garde des sceaux, lors de sa décente à cette instance pénitentiaire.
«Nous voulons dire que le premier responsable de tout ceci, ce sont des magistrats qui envoient en prison même de simples suspects. En droit pénal congolais, la liberté est le principe, la détention est une exception, ce qui veut dire que la prison est en principe faite pour les condamnés», a-t-il ajouté.
La tentative est partie des pavillons 3 et 4 réservés aux inciviques
Selon Edouard Binia, chef de maintenance à la prison de Makala, la tentative d’évasion est partie des pavillons 3 et 4 généralement réservés aux inciviques connus sous l’appellation «Kuluna».
«Quelques détenus du pavillon 3 ont réussi à casser la porte et sont allés forcer la porte du pavillon 4 pour faire sortir les autres détenus. Ils étaient plusieurs dizaines et se dirigeaient déjà au pavillon 11 pour grimper les murs», a-t-il expliqué.
«C’est ainsi que des militaires, qui montent la garde à la prison, ont commencé à tirer sur ceux qui tentaient d’escalader les murs pour sortir. Dans ce mouvement de panique, certains prisonniers sont allés incendier le bureau du greffe où se trouvent généralement les dossiers de détenus», a poursuivi Edouard Binia, précisant que toutes ces scènes se sont déroulées dans l’enclos de la prison.
«Personne de ceux qui voulaient s’évader n’a réussi à franchir l’entrée principale de la prison», a-t-il soutenu.
Interdiction de transférer des détenus à la prison de Makala
De la province de Lomami où il se trouve, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, qui a décidé d’écourter son séjour dans cette partie du pays, a pris à titre provisoire une circulaire interdisant le transfert des détenus par les magistrats des parquets à la prison de Makala.
Il a également demandé l’intensification du processus de désengorgement des prisons de Makala, de Ndolo (militaire) et de l’intérieur du pays, ainsi que l’accélération du projet de délocalisation de la prison par la construction d’une nouvelle prison excentrée de la ville de Kinshasa.
Constant Mutamba, qui a qualifié cette tentative d’un acte de sabotage prémédité, a annoncé des enquêtes en cours pour identifier et sanctionner sévèrement les commanditaires de ces actes.
«Une réponse implacable leur sera réservée», a-t-il rassuré.
En 2017, une évasion spectaculaire des détenus avait été enregistrée à cette prison de Makala à Kinshasa. Des militaires affectés à cet établissement avaient ouvert le feu. Mais ces coups de feu n’avaient pas dissuadé des détenus à prendre la fuite (ou s’évader).
Des éléments de la police dépêchés dans l’urgence avaient bouclé le quartier où se situe cette maison carcérale.
Le ministre de la Justice de l’époque, Alexis Thambwe Mwamba, avait évoqué une attaque des «miliciens de Bundu dia Kongo», qui avait permis à une cinquantaine de prisonniers de s’évader de cette maison pénitentiaire.
- Zacharie Badiangila, connu sous le nom de ‘’Ne Muanda Nsemi’’, leader de ce mouvement politico-religieux, avait réussi à s’échapper avec un bon nombre de détenus.
- ACP/ODM