Kinshasa : démolition des constructions anarchiques pour protéger le poste électrique Funa des inondations

Kinshasa, 30 décembre 2024 (ACP). -Les travaux de démolition des maisons pour la protection contre les inondations du poste électrique Funa de la Société nationale d’électricité (Snel) situé dans la commune de Kalamu à l’Ouest de Kinshasa (capitale de la République démocratique du Congo), se poursuivent, a appris l’ACP lundi d’un entretien.

« L’équipe des ingénieurs et environnementalistes de l’Unité de coordination et de management (UCM) du projet Kin- Elenda/Zone B poursuit les travaux de la démolition des maisons déjà indemnisées pour la protection contre les inondations du poste électrique Funa de la Société nationale d’électricité (Snel) », a confié Esther Timba, experte en communication du projet Kin-Elenda/Zone B.

Dans le cadre de ce projet, a-t-elle dit, une équipe était descendue le 03 décembre dernier sur le site de Funa pour suivre l’évolution des travaux de la démolition des maisons indemnisées dans le cadre des Personnes affectées par le projet (PAP) pour les travaux de protection du poste SNEL de Funa contre les inondations dans la commune de Kalamu.

« L’UCM s’est accompagnée avec les ONG « ABEC », le Réseau des éducateurs des enfants et jeunes de la rue (REEJER) et de l’entreprise SOCOL chargée des travaux de démolition sur le site de Funa. L’équipe de l’UCM a parcouru tout le linéaire à partir du pont Lumumba en passant par le pont Forgeron et l’équipe a chuté sur l’air de décharge provisoire des déchets issus de la démolition se trouvant entre le pont Sendwe et Bokasa en attendant leur évacuation sur le site de décharge de la ville de Ntela située à près de 25 Km dans la commune de Mont Ngafula », a-t-elle expliqué.

L’équipe de suivi selon l’experte Esther Timba, a passé du temps à expliquer à certaines Personnes affectées par le projet (PAP) qui résistent à se réinstaller alors qu’elles ont été indemnisées totalement sous prétexte que le Projet KIN ELENDA avait seulement l’emprise de 10 mètres pour faire les travaux.

La majorité de ces PAP sont celles qui ont des maisons en étages. En outre, l’équipe de l’UCM s’est entretenue avec quelques PAP qui ont été indemnisées récemment dans le cadre des biens réévalués. Ces derniers ont demandé une mesure de clémence des près de trois mois pour les faciliter de trouver d’autres parcelles à acheter et se réinstaller avec leurs familles. L’équipe de l’UCM a réservé des réponses au cas par cas car il y a bel et bien des maisons qui se trouvent dans des endroits nécessitant le début des travaux de curage aux abords des ponts Bokasa, Lumumba et Forgeron afin de faciliter l’écoulement rapide d’eau vers l’exutoire du Fleuve Congo en attendant les travaux proprement dits, a -t-elle fait savoir.

Sabotage du processus

« Il y a lieu de signaler que certaines Personnes affectées par le projet (PAP) … qui sabotent le processus de la réinstallation involontaire depuis le début sont restées isolées avec leurs maisons en étages », a relaté Esther Timba, experte en communication du projet Kin-Elenda/Zone B.

Le coordonnateur de l’ONG REEJER à cet effet, a été accusé lundi dernier au Parquet de Matete par un pivot moteur de ce sabotage. Ce dernier s’est présenté devant le Procureur général de la République (PGR) accompagné de ses quatre avocats pour répondre à l’invitation de la justice, a-t-elle signifié.

« Le coordonnateur du REEJER a expliqué au PGR de Matete le contexte du Projet KIN- ELENDA et plus particulièrement des activités d’indemnisation des PAP sur le site de Funa du début des opérations jusqu’à l’étape du paiement et ce projet appartenant au Gouvernement Congolais qui a signé des accords avec la Banque Mondiale pour sa mise en œuvre », a expliqué Mme Esther Timba.

Edifié par toutes les explications qui manquaient au PGR, ce dernier a libéré le coordonnateur du REEJER dans la soirée et promet de réserver des réponses claires aux plaignants qui ne cessent de déposer leurs plaintes au Parquet de Matete, a -t-elle poursuivi.

Visite de la base technique de SOCOL

Maisons démolies

Par ailleurs, Mme Esther Timba a indiqué que l’équipe de l’UCM a visité en décembre 2024 la base technique de l’entreprise SOCOL qui exécute les travaux de démolition dans le poste SNEL de Funa et la base-vie de Liminga à près de 5 Km du site des travaux.

Ces deux bases-vie et technique sont en cours d’installation et qu’il reste encore quelques travaux de finition pour occuper totalement les locaux.

Quelques recommandations de la visite ont été adressées directement à l’entreprise SOCOL et l’ONG REEJER.

Il s’agit de : d’améliorer le salaire des travailleurs journaliers tout en respectant le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) qui fixe le taux de salaire d’un journalier à plus de cinq USD, de respecter le quota de 30 % des femmes lors de recrutement de la main d’œuvre locale.

 Constat fait sur place au chantier et au niveau de la base-vie, l’entreprise SOCOL n’a engagé aucune femme. Cela apparait comme une discrimination envers les femmes qu’il faille corriger.

Il a été aussi recommandé selon l’intervenante, de renforcer les mesures d’Hygiène santé et sécurité sur le chantier et la propreté au niveau de la base-vie de Liminga.

 Et d’approcher l’Hôtel de ville de Kinshasa et le demander de les accompagner dans le processus de réinstallation surtout pour les PAP qui veulent escroquer l’Etat, refusent la mise en œuvre de ce processus.

Une autre recommandation a porté sur la nécessité de multiplier la sensibilisation des PAP dans la réinstallation involontaire conformément à la Norme environnementale et sociale (NES n°5) de la Banque mondiale.

Lancement des opérations de démolition

Selon la source, lancées le 25 novembre 2024, les opérations de démolition des maisons indemnisées concernent celles situées dans l’emprise de dix mètres de part et d’autres de la rivière Funa allant du pont Sendwe – pont Bokasa en passant par les ponts Lumumba et Forgeron jusqu’au niveau de la route Poids – Lourds ainsi que tout autour du poste SNEL de Funa dans les communes de Kalamu, Barumbu et Limete dans une longueur de 2.330 mètres linéaires.

Un mois avant les travaux de démolition, l’’entreprise SOCOL, en charge des travaux, accompagnée de l’ONG REEJER ainsi que des chefs de quartiers et des rues des avenues Rivières, Militant, République et Ofiltra, ont entamé la sensibilisation porte à porte sur la réinstallation involontaire des Personnes affectées (PAP) déjà indemnisées par le Projet KIN ELENDA à travers l’UCM via la mise en œuvre du Plan d’action de réinstallation (PAR) réalisé par l’ONG ABEC depuis le 15 janvier 2024.

A ce jour, 95 % soit des PAP sont déjà indemnisées en sept lots depuis le 28 mai 2024. Trois mois de préavis ont été accordés à chaque PAP pour procéder paisiblement à la réinstallation involontaire en mettant leurs familles à l’abri des inondations pendant cette période des pluies diluviennes qui inondent le site de Funa causant ainsi des pertes en vies humaines et des dégâts matériels.

Lors de cette première journée, une dizaine de bâtis situés sur le tronçon Lumumba-Forgeron ont été démolis pour faciliter à l’entreprise SOCOL d’entamer les travaux de curage de la rivière au niveaux des ponts Lumumba et Forgeron, points chauds qui entassent les déchets plastiques et empêchant l’écoulement libre des eaux de la rivière Funa vers l’exutoire qui est le Fleuve Congo.

Cependant, l’avancement des démolitions a été ralenti par la présence de certaines habitations non encore libérées par leurs occupants ayant déjà été payés mais qui résistent, malgré les sensibilisations entamées par l’ONG REEJER.

 Il sied de rappeler selon la source que 20 PAP omises lors d’élaboration du PAR initial d’avril 2023 par OKAPI-EGC (génie civil) feront objet d’un PAR additionnel en cours d’élaboration par la Cellule environnementale et sociale de l’UCM qui sera transmis pour validation à la Banque mondiale.

Et ces 20 PAP seront payées en dernière minutes pour boucler les opérations d’indemnisation sur le site de Funa.

 L’ONG REEJER poursuit avec la sensibilisation des huit PAP (personnes affectées par le projet) résistantes farouchement contre le processus de la réinstallation involontaire sur le site de Funa.

Ayant vu comment les travaux de la démolition ont commencé, ce poignet des PAP ont commencé à mobiliser le groupe des jeunes Kuluna pour attaquer les équipes de SOCOL et REEJER qui mènent la sensibilisation sur le site.

 Il y a lieu de demander à l’UCM et à SOCOL de renforcer la sécurité par des policiers de l’Hôtel de ville Kinshasa pour encadrer les opérations contre les bandits de Kuluna. Il est important de signaler que ces travaux de démolition dureront pendant un mois.

Le site érosif de Ntela dans la commune de Mont Ngafula a été identifié pour la décharge des déchets de démolition.

ACP/C.L.

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