Kinshasa, 10 décembre 2024 (ACP).- 4.500 espèces marines ont été cartographiées par le programme pilote de l’Unesco sur l’ADN environnemental, dans 21 sites du patrimoine mondial à travers le monde, fournissant ainsi de nouvelles données clés et une méthode inédite pour renforcer la protection de l’océan face au dérèglement climatique croissant.
« Ce programme de l’Unesco est une avancée majeure dans la conservation, car il révolutionne la façon d’observer et de surveiller l’évolution de la vie marine », a déclaré Audrey Azoulay, directrice de cette institution de l’ONU.
« A l’heure où la dégradation de la biodiversité a atteint un rythme alarmant, ce programme pilote offre de nouvelles opportunités pour mieux comprendre et sauvegarder les écosystèmes majeurs des 18.000 aires marines protégées à travers le monde. Conformément à sa recommandation sur la science ouverte, l’Unesco met cette technique en libre-accès et appelle ses États membres à soutenir la communauté scientifique pour une utilisation à grande échelle », a encore souligné Audrey Azoulay.
Le dérèglement climatique, dont le réchauffement des océans, contraint les espèces marines à s’éloigner de leur habitat naturel, ce qui nécessite de mieux comprendre et surveiller leur répartition.
L’Unesco a donc mis au point cette nouvelle méthode standardisée d’échantillonnage de l’ADN environnemental pour cartographier la vie océanique.
Pendant trois ans, soit de 2021 à 2024, des scientifiques et experts marins ont prélevé 500 échantillons dans 21 sites protégés par l’Unesco en vertu de la Convention du patrimoine mondial. Ils ont mis en lumière la présence de près de 4.500 espèces marines, un résultat impressionnant qui aurait, auparavant, nécessité de nombreuses années d’études et coûté assez d’argent.
Près de la moitié des espèces identifiées sont des poissons, elles comprennent 86 espèces de requins et de raies, 30 espèces de mammifères, trois espèces de tortues. Parmi ces espèces, 120 sont répertoriées comme vulnérables, en danger ou en danger critique d’extinction sur la liste rouge de l’UICN.
Selon Mélodie Naja, directrice scientifique, l’étude a également déterminé que nombre de ces espèces seront bientôt confrontées à des températures qui dépassent leurs limites de tolérance connues.
Si le scénario climatique le plus chaud venait à se réaliser, jusqu’à 100% des espèces de poissons dans les sites tropicaux et subtropicaux étudiés risqueraient de dépasser leurs limites thermiques actuelles et de se trouver en voie de disparition, tandis que 10 à 15% des espèces de poissons dans les océans tempérés dépasseraient leurs limites thermiques actuelles.
Un outil essentiel pour atteindre les objectifs climatiques et de biodiversité
L’initiative de l’Unesco est une étape essentielle vers l’atteinte de l’objectif » 30×30″ du cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, qui consiste à protéger 30% des zones terrestres intérieures, côtières et marines du monde d’ici 2030.
En combinant la science de pointe et la participation des citoyens, la technologie de l’Unesco fournit un modèle évolutif et accessible qui peut être appliqué aux plus de 18.000 aires marines protégées existantes, et aux nouvelles qui seront créées, pour relever les défis urgents auxquels l’océan est confronté aujourd’hui.
Les données recueillies peuvent soutenir des prises de décisions fondées sur la science, aidant les états à mieux planifier et gérer les aires marines protégées pour s’adapter aux évolutions climatiques. ACP/