Climat : au Sommet de Bakou, la Rdc demande au monde de mettre la main à la poche (Une chronique de Lolo Luasu B.)

Kinshasa, 23 novembre 2024 (ACP) -La 29e Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP29), qui se tient encore à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, dans l’Asie centrale, a été contrainte de jouer les prolongations, faute d’un consensus sur le montant annuel à allouer aux pays du Sud global, pour l’atténuation des effets du réchauffement climatique.

Face à l’exigence d’un montant global de 1300 milliards de dollars annuels réclamés par les pays du sud, les pays du nord, les plus grands émetteurs des gaz à effet de serre, n’ont mis sur la table qu’un montant avoisinant les 300 milliards de dollars, d’ailleurs sous forme de promesses jusque-là, obligeant ainsi les négociateurs à poursuivre les tractations, alors que la clôture des travaux était prévue pour le vendredi 22 novembre dernier.

Opportunément placé sous le thème de « Finance verte », le forum de Bakou, était l’occasion rêvée pour la République démocratique du Congo de démontrer à la face du monde, son rôle crucial dans la préservation de l’équilibre climatique mondial, et d’en exiger une rétribution en retour.

Une sorte d’appel à la communauté mondiale, de prendre ses responsabilités, en sortant le portefeuille, en compensation des efforts de la Rdc, dans la protection de l’écosystème climatique de la planète.

La Rdc, 2ème poumon du monde

Dès l’ouverture des travaux, la Première ministre de la Rdc, Judith Suminua Tuluka, cheffe de la délégation et Représentant personnel du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi, a mis sur la table  la question qui fâche. Vous voulez que la Rdc, 2ème poumon du monde, continue à préserver l’écosystème mondial, et à séquestrer le carbone généré par les pays industriels? Alors, sortez le porte-monnaie.

« Nous sommes dans une position de pouvoir changer le monde, par rapport à nos ressources hydrauliques et minérales stratégiques. Il est important que notre voix aujourd’hui puisse porter« , a déclaré d’emblée Judith Suminua dans son allocution devant le gotha mondial du climat.

 » En tant que pays solution, il est important de pouvoir être récompensé de manière équitable, par rapport à notre position de deuxième poumon du monde« , a précisé la Cheffe du Gouvernement congolais, ajoutant que la Rdc devrait « récupérer financièrement« .  » Ce qui n’est pas une récompense« , a tenu à préciser Judith Suminua.

Un message apparemment reçu cinq sur cinq, puisque la COP29 en est à discuter gros sous, pour compenser les efforts des pays du sud.

Monétiser le capital climatique

Face aux engagements et aux promesses de financement attendus, il appartient désormais à la Rdc, de quantifier ses énormes potentialités dans la conservation de ses écosystèmes, de monétiser ses atouts environnementaux, pour ensuite les vendre au juste prix sur le marché mondial du crédit carbone.

Un premier pas a été fait dans cette direction, avec la mise en place de l’Initiative Scientifique du Bassin du Congo(CBSI), destinée à « obtenir une compréhension intégrée des réelles potentialités des forêts du bassin du Congo« , selon les propres termes du Co-Président de cette structure, le professeur Raphael Tshimanga.

Cette structure a d’ailleurs bénéficié le 12 novembre dernier, d’un appui financier de l’ordre de 11,7 millions de dollars du Gouvernement britannique.

Présente elle aussi au Sommet de Bakou, la ministre d’Etat, ministre de l’Environnement, Conservation de la Nature et Développement Durable, Eve Bazaiba, n’a pas été en reste, dans la promotion des atouts climatiques congolais, et de ses énormes potentialités dans la séquestration du carbone.

Dans une interview la semaine dernière au Magazine Jeune Afrique, elle s’est réjouie de la signature à Bakou, de l’article 6.4, sensé encadrer la vente des crédits carbone.

« Le prix de la tonne de carbone doit être le même dans les pays du nord et ceux du sud, pour que nous puissions constituer des partenariats gagnant-gagnant« , a-t-elle déclaré.

L’article 6.4 fait partie de l’accord trouvé à Paris en France, lors de la COP21, pour clarifier le fonctionnement du marché de carbone, sous la supervision des Nations Unies. Il a aussi pour objectif, de renforcer la garantie en matière des droits humains, et de normaliser les méthodologies d’évaluation des projets d’élimination du carbone.

« Quand on parle des chiffres, on passe pour des quémandeurs. Mais nous parlons ici des questions de vie ou de mort, de la potentielle disparition de l’humanité« , a conclu la ministre d’Etat.

ACP/

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