Kinshasa, 18 mars 2024 (ACP).- Le 18 mars de chaque année est consacrée à la journée mondiale de recyclage.
L’ACP en a profité pour s’entretenir avec Emmanuel Biey, spécialiste en environnement et professeur à l’université de Kinshasa (Unikin) sur la problématique du recyclage des déchets plastiques qui jonchent les avenues, les collecteurs et les rivières de la ville de Kinshasa.
Question 1 : Qu’est-ce qui entrave, selon vous, le recyclage des tonnes de déchets plastiques qui jonchent les rues, les collecteurs et les rivières de la ville de Kinshasa comme cela se fait sous d’autres cieux ?
Réponse : Le principe de pollueur payeur devrait s’appliquer ici pour imposer que les producteurs de matières et emballages plastique payent la fin de vie de ces produits pour permettre la mise en place des services de collecte et bien sûr de transport et de traitement, sous la coordination de l’Etat.
Sur le terrain, il y a des initiatives qui se font, parfois en partenariat avec les services de la Ville, mais leurs capacités sont limitées. Ce qui fait qu’ils n’atteignent même pas 15% de ce qu’il faudrait collecter et traiter.
Kinshasa manque d’infrastructures adéquates pour collecter, trier et recycler les déchets plastiques. Les systèmes de collecte sont souvent inefficaces, ce qui entraîne une accumulation des déchets dans les rues et les rivières. La sensibilisation du public à l’importance du recyclage et aux méthodes appropriées est essentielle. Si les résidents ne comprennent pas l’impact environnemental des déchets plastiques, ils sont moins susceptibles de participer activement au recyclage.
Le recyclage nécessite des investissements en équipements, en formation du personnel et en infrastructures. Le manque de financement public ou privé peut entraver la mise en place de systèmes de recyclage efficaces. L’absence de réglementations strictes concernant la gestion des déchets plastiques peut conduire à des pratiques inadéquates, telles que le rejet des déchets dans les rivières ou leur incinération.
Il est essentiel d’avoir des entreprises locales capables de traiter et de recycler les déchets plastiques. Sans ces filières, les déchets s’accumulent simplement sans être transformés en nouveaux produits. Le transport des déchets plastiques vers les installations de recyclage peut être difficile en raison de l’état des routes et du manque de véhicules adaptés.
Question 2 : Dans quelle mesure le recyclage peut-il être une solution pour l’assainissement d’une ville comme celle de Kinshasa confrontée à un sérieux problème d’insalubrité ?
Réponse : Le recyclage peut être une solution dans la mesure où il fait partie intégrante de l’économie circulaire, en générant de nouveaux revenus à partir des externalités négatives. Il y a là-dedans la création d’emplois rémunérateurs, la réduction des déchets pour éviter des décharges même contrôlées qui ont des impacts négatifs sur l’environnement.
Le recyclage permet de réduire la quantité de déchets plastiques et autres matériaux qui s’accumulent dans les rues, les collecteurs et les rivières. En recyclant, on évite que ces déchets ne deviennent une menace pour l’environnement et la santé publique.
L’industrie du recyclage crée des emplois locaux, de la collecte au tri en passant par le traitement des déchets. Cela peut contribuer à réduire le chômage et à améliorer les conditions de vie des habitants. Le recyclage transforme les déchets en matières premières réutilisables. Par exemple, les bouteilles en plastique peuvent être transformées en fibres textiles ou en nouveaux emballages. Cela réduit la nécessité de produire de nouvelles matières premières vierges.
Question 3 : Que peut-on faire pour promouvoir le recyclage des déchets dans la ville de Kinshasa et quels peuvent en être les enjeux?
Réponse : il faut mettre en place un programme global d’assainissement avec un plan de gestion efficace qui fait intervenir d’une part les producteurs à la source et d’autre part les consommateurs. Il faudra organiser la collecte des déchets à la base de façon séparée pour catégoriser les différentes fractions qui prendront chacune une filière de traitement ou de valorisation et de recyclage.
La promotion du recyclage des déchets à Kinshasa est essentielle pour améliorer l’assainissement de la ville et réduire les montagnes d’immondices. Voici quelques mesures qui peuvent être prises pour encourager le recyclage et les enjeux associés : informer la population sur l’importance du recyclage et ses avantages pour l’environnement ; organiser des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les quartiers et les médias locaux.
Il faut établir davantage de centres de collecte de déchets plastiques dans différentes communes de Kinshasa. Ce qui va faciliter l’accès des citoyens à ces centres pour qu’ils puissent déposer leurs déchets. Il y a également la nécessité de collaborer avec des entreprises locales et internationales spécialisées dans le recyclage. ACP/