Biennale de Venise 2024 : Balot exposé en RDC et en numérique en Italie

Kinshasa, 21 avril 2024 (ACP).-  Balot, œuvre d’un artiste congolais est exposée physiquement à Lusanga, une localité de la province du Kwilu (Sud-ouest de la République Démocratique du Congo), et numériquement  en Italie où l’on célèbre la 60ème   édition de la Biennale de Venise, a-t-on appris dimanche d’un communiqué.

« L’art peut aider à renouer avec le passé. C’est le cas avec le prêt de la sculpture ancestrale Balot. Cette œuvre est exposée pendant la Biennale : physiquement dans le White Cube à Lusanga et numériquement ici à Venise », a déclaré Barbera Wolfensberger, directrice générale du ministère de la Culture et représentante de son pays à l’ouverture samedi, du Pavillon des Pays-Bas à des expositions  internationales d’arts  de la biennale de Venise.

Selon Barbera Wolfensberger, la biennale offre une occasion aux artistes d’exposer en toute liberté, de défendre la liberté d’expression artistique et de montrer l’importance de l’art.

 « (…) C’est ici que l’art peut être créé et exposé en toute liberté. C’est aussi l’occasion de montrer l’importance de l’art. Ici, à Venise, où les artistes ont une plate-forme internationale et où nous défendons la liberté d’expression artistique. Cet endroit est important. Nulle part ailleurs l’art et la politique ne se rejoignent aussi étroitement », a-t-il dit.

Tout en saluant la croyance des artistes présents à ce biennal à un monde meilleur, il a fait remarquer que l’art peut aider à renouer avec le passé.

« Vous ne croyez pas seulement en un monde meilleur : vous contribuez à en créer un. L’art est un outil puissant, un catalyseur du débat sociétal. Mais c’est également un objectif en soi, représenté par des objets d’une grande valeur esthétique. L’art peut aider à renouer avec le passé. C’est le cas avec le prêt de la sculpture ancestrale Balot. Le retour de cette sculpture ouvre le dialogue sur le passé et son impact sur le présent. En même temps, vous construisez l’avenir grâce au succès de votre propre art, qui vous permet d’acheter de nouvelles terres et de restaurer l’écosystème local. On peut considérer le monde de l’art comme un écosystème. Un écosystème portant les traces d’un passé colonial ».

De son côté, Eelco van der Lingen, directeur du Fonds Mondriaan des Pays-Bas et commissaire du pavillon néerlandais à la Biennale de Venise, a remercié le musée pour avoir autorisé le prêt de la sculpture aux habitants de Lusanga pour cet événement historique, qui, a-t- il espéré, pourra inspirer d’autres collections ethnographiques à prêter ou à restituer leurs œuvres plus facilement.

« Mais je souhaiterais réserver un accueil particulier à tous les membres du CATPC, ici comme à Lusanga. Notre invitation à Hicham et Renzo vous a fait entrer en jeu. À travers cela, vous avez apporté une grande valeur à cette présentation », a-t-il affirmé.

Pour  sa part, Mathieu Kasiama, artiste planteur congolais  dont les œuvres d’art font partie de l’exposition de Venise a salué les efforts de Cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC) qui leur ont permis d’exposer leurs œuvres à la Biennale.

«  (…) Nous  remercions le président de CAPTC, Réné Ngongo  de tous les efforts inlassables qu’il a menés pour arracher auprès des  autorités néerlandaises une place dans leur stand où nous avons eu le privilège d’exposer nos nouvelles œuvres. C’est une preuve de  l’engagement  de ce dernier qui est déterminé à nous réunir au sein de CAPTC et qui  entend lier l’art à la  plantation d’arbres, un projet ambitieux à caractère pédagogique  qui lutte non seulement  contre le changement climatique, mais aussi implante un socle de l’agroforesterie et de l’éducation environnementale  dans la contrée de Lusanga et environs »,   

Un autre artiste congolais non autrement identifié  a dit : « Cette exposition nous a beaucoup inspiré et à notre retour au pays, nous ne manquerons pas de produire des œuvres de qualité en grand nombre ».

Et d’ajouter : « Personnellement, j’expose une statue dénommée « Koko Mvulu » qui bat le record dans toutes les White cube  et les musés du monde, réclamant que la sueur de nos grands-pères ayant travaillé dans les plantations à huile ne soit pas coulé en vain, mais que leur participation   soit payée à sa juste valeur »

L’établissement d’un monde plus équitable envisagé

« L’établissement d’un monde plus équitable a été envisagé par les délégués de la communauté de Lusanga », a indiqué, C’dart Tamusala, vice-président du Cercle d’art des travailleurs de plantation congolaise (CATPC), dans sa déclaration, en prévision de l’ouverture samedi, au Pavillon « Rietveld » à Venise, en Italie et simultanément au White Cube dans la localité de Lusanga, de l’exposition internationale d’art de la Biennale de Venise.

« Maintenant que la conscience collective universel se met à se réveiller, le temps est venus de partager le sacré, la vie que nous avons tous en commun, et de nous remettre à envisager un monde meilleur, plus équitable sans exclusion d’un seul humain sur toute la planète, en considérant l’apport de tout un chacun peu importe l’endroit que nous contribuons sur la planète, et ainsi ‘inclure tout le monde pour permettre aux générations futures, nos chers enfants et petits-enfants demain de cohabiter ensemble en harmonie(…) », a-t-il dit.

Tout en remerciant tous ceux qui soutiennent cette œuvre collective « si importante pour l’avenir de toute l’humanité », C’dart  Tamusala, a fait savoir que ce jour est un jour de victoire pour toutes les communautés vivant et travaillant sur les plantations.   

« En ce jour important pour notre communauté à Lusanga, ce jour de victoire pour toutes les communautés vivant et travaillant sur les plantations,   nous avons enfin le grand plaisir de vous annoncer que les ‘privilèges malsains’ sont partagés entre ceux qui, par notre dur labeur, par l’apport via le travail forcé, allons cesser désormais d’être exclus de ce à quoi nous contribuons  involontairement », a-t-il dit.

Il sied de rappeler que Balot est une statue sculptée par un artiste Pende du Kwilu. Il est le symbole de la révolte populaire des Bapende en 1931 contre la brutalité des compagnies agricoles dont Unilever (une multinationale anglo-néerlandaise), en complicité avec l’administration territoriale.
Cette œuvre a été retournée à Lusanga en mars 2024, après avoir passé 50 ans au Virginia Museum of Fine Arts (VMFA). Elle  représente Maximilien Balot, officier colon tué en 1931 lors d’une révolte des Pende, au Congo belge. Elle se trouve dans le White Cube.

Les statues en argile, sculptées par les artistes de CATPC formés à Lusanga, puis exposées  dans des galeries et  musées en Europe avec l’appui  de l’artiste néerlandais Renzo Martens, sont également exposées à cette biennale.

La biennale, rappelle-t-on, propose aux visiteurs la possibilité de voir plusieurs artistes exposer leurs travaux, ce qui permet à chacun de profiter des nombreuses et variées perspectives sur l’art contemporain. Cet événement rassemble des artistes du monde entier pour présenter leur art au public.

Le collectif d’artistes congolais Cercle d’Art des Travailleurs de Plantation Congolaise (CATPC) représente les Pays-Bas à la Biennale de Venise 2024. ACP/C.L.

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