Kinshasa, 2 juin 2025 (ACP).- Certains milieux ecclésiastiques congolais ont exprimé lundi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, leur inquiétude face à une évolution du gospel moderne jugée trop centrée sur l’esthétique et la visibilité médiatique, au détriment du message biblique fondamental.
«La musique chrétienne congolaise actuelle, bien que dynamique et largement diffusée, tend à s’éloigner de l’esprit d’édification et de profondeur doctrinale qui caractérisait les décennies précédentes. Nous assistons à une forme de spectacularisation de la louange, où l’image prime parfois sur le contenu », a déclaré le pasteur David Masiala.
Dans les années 1980, 1990 et 2000, le gospel congolais s’inscrivait dans un cadre purement spirituel et liturgique, animé par des figures telles que Frère Patrice Ngoy, Charles Mombaya, Sœur L’Or Mbongo et Marie Misamu. À cette époque, la musique se vivait dans la sobriété, accompagnée d’instruments modestes et portée par des textes centrés sur la repentance, la sanctification et l’espérance du salut, a-t-on rappelé.
« Ces chants étaient de véritables prédications musicales. Le but n’était pas de séduire les foules, mais de ramener les âmes à Dieu », a soutenu Mme Ashley Audrey Mbung, analyste de la musique chrétienne à Kinshasa.
Depuis les années 2010, une nouvelle vague d’artistes tels que Moïse Mbiye, Mike Kalambay, Dena Mwana ou Deborah Lukalu a introduit des sonorités afro-urbaines et des productions visuellement sophistiquées. Ce tournant a permis au gospel d’atteindre un public plus large, y compris en dehors des cercles religieux. Cependant, certains responsables religieux estiment que ce succès s’accompagne d’un glissement de priorités.
« Nous ne rejetons pas l’innovation, mais nous devons rester vigilants. Quand le message devient flou au profit du style, c’est la mission évangélique qui en souffre », a averti le Révérend Joseph Kayembe de l’Église Béthel International.
D’autres observateurs défendent toutefois cette évolution comme une adaptation aux réalités socioculturelles actuelles. « Le gospel moderne parle un langage que la jeunesse comprend. L’essentiel est que Christ reste au centre », a relativisé Mme Mbung.
Malgré ces divergences, tous reconnaissent que le gospel congolais demeure un vecteur puissant d’espoir et de transformation. Il évolue avec son temps, mais doit, selon plusieurs voix du monde chrétien, continuer à affirmer clairement ses fondements théologiques.
ACP/JF