Kinshasa, 12 septembre 2024 (ACP).- Le géniteur des armoiries de la République démocratique du Congo, le dessinateur Assani wa Losomba mérite des obsèques officielles à la hauteur de son sens élevé du patriotisme, a souhaité jeudi au cours d’un entretien un expert assermenté en droits d’auteur.
« Nous sommes secoués par la mort du dessinateur Assani wa Losomba. Nous sommes en train de prendre contact avec les autorités du pays pour voir comment l’enterrer dignement. Il mérite d’être honoré pour sa bravoure et son sens élevé du patriotisme pour avoir dessiner les armoiries de la République. Toutefois, le problème de ses droits d’auteur reste entier», a déclaré Joe Mondonga Moyama, directeur général a.i. de la Société congolaise des droits d’auteur et des droits voisins.
Et de témoigner, « A 14 ans, alors élève au quatrième des humanités à l’athénée royal de Stanleyville (à l’époque), le jeune Assani a répondu à l’appel du chef de l’Etat Kasa-Vubu en participant au concours sur les meilleurs dessins des armoiries pour la République contenu dans un communiqué rendu public le 18 juillet en 1961. C’est un mineur qui a conçu ces armoiries comme tous participants. Il a gravé sur la pierre paix, justice, travail. Donc, le jeune Assani avait une grande pensée, le niveau de son talent artistique était très haut».
Selon l’orateur, seul l’œuvre d’Assani a été adopté à l’unanimité par les parlementaires de la première législature de la République démocratique du Congo, parmi les dessins venus de toutes provinces du pays.
Et le rapport d’adoption du Parlement a permis au chef de l’Etat Kasa-Vubu de pouvoir promulguer l’ordonnance n°2 du 30 juin 1963 fixant les armoiries, devises et les emblèmes de la République. « Ces armoiries ont été promulgué officiellement par l’Etat congolais. Cette œuvre d’Assani a servi la République pendant 34 ans allant de la période du 30 juin 1963 au 17 mai 1997 comme image de marque de la 1ère République (Sous Kasa-vubu) et de la deuxième République (sous Mobutu) à travers plusieurs diffusions, reproductions et sur différents supports afin de leur réception par le public », a constaté Joe Mondonga.
« L’œuvre d’Assani wa Losomba est devenue une œuvre relevant du domaine de la souveraineté. Tous citoyens devaient l’exploiter et l’utiliser. Au vu de toutes ces exploitations, depuis les années 1960, Monsieur Emmanuel Assani a tenté plusieurs fois de saisir formellement les autorités politiques du pays des différentes instances de la République. Malheureusement toutes ses tentatives amorcées se sont heurtées au fin de non-recevoir jusqu’au jour où nous avons fait l’expertise de son œuvre au niveau de la SOCODA. Alors que je le recevais dans mon bureau sur invitation à Kinshasa du chef de l’Etat. Il avait déjà 75 ans. Il était arrivé déjà au soir de sa vie. Assani n’a pas joui de ses droits d’auteur à 77 ans », a rapporté le directeur général a.i de la SOCODA.
Toutefois, l’orateur n’a pas manqué d’évoquer une lueur d’espoir. « Quand Mobutu a pris le pouvoir. Les mêmes armoiries ont été utilisées par la République sans une récompense pécuniaire à son auteur. Assani a été plutôt élevé au rang de dignitaires des ordres nationaux de la République en tant que créateur. Malgré cette reconnaissance, sa rémunération devait être proportionnelle à sa réalisation en termes des droits d’auteur. Ce qui n’était pas fait », a renchéri l’orateur. Et d’ajouter, « en termes des démarches, le chef de l’Etat, Felix Antoine Tshisekedi tenait vraiment à le recevoir. Des contacts étaient en cours, même une expertise sur son œuvre a été faite par la SOCODA COOP – SA. Cela explique sa présence à Kinshasa. Habitant la province de la Tshopo, Assani devait être reçu par le président de la République dans la capitale de la RDC, mais hélas, Emmanuel Assani a tiré ses révérences le 11 août ».
« Quand je parlais avec Assani j’ai senti la puissance de l’inspiration et de l’amour du pays. C’est vraiment un patriote. L’histoire retiendra, Assani a répondu à l’appel d’un chef de l’Etat avec beaucoup dextérité. Il doit être dignement. Et, j’espère que par ses héritiers que l’Etat congolais doit s’acquitter de ses droits d’auteur », a conclu l’orateur.
ACP/C.L.