Kinshasa, 25 mai 2025 (ACP).-Dino Vangu (55 ans de carrière), de son vrai nom Philippe Vangu Dinu, ancien soliste de l’orchestre Afrisa international, est une figure emblématique de la rumba congolaise, reconnu pour sa virtuosité à la guitare et ses contributions majeures à la musique en République Démocratique du Congo(RDC).
Peu de musiciens de deux rives du fleuve Congo, et d’ailleurs, peuvent se vanter d’avoir traversé cinq décennies de rumba avec la même élégance et la même maîtrise mais à 78 ans, le guitariste Dino Vangu incarne un pan essentiel de l’histoire de la rumba congolaise..
Depuis 1969, ce soliste de légende a parcouru les scènes africaines et internationales, portant haut les sons de la guitare congolaise. Ses cinquante-cinq ans de carrière célébrés cette année, ont été justifiés dimanche, par un parcours d’excellence selon un membre d’une association culturelle de Lemba, son quartier natal.
’’55 années de carrière de Dino Vangu pour les mélomanes ayant suivi la trajectoire de cet artiste constituent un parcours d’excellence justifié par sa contribution au développement de la rumba congolaise, une identité des peuples des deux rives du fleuve Congo’’, a déclaré Clotaire Amisi, vice-président de l’association « Les portes de Sion » dans un entretien avec l’ACP.
Né à Matadi en 1947, Dino Vangu, a découvert très tôt sa passion pour la guitare, héritée de son père. Très vite, le jeune autodidacte affine son jeu et se fait remarquer par la finesse de son toucher et son sens de mélodie.
Repéré au début des années 1970 par Guvano et Sam Mangwana, il devient le guitariste solo de l’orchestre Maquisards. Entre 1971 et 1976, il a joué avec des groupes renommés tels ‘‘Bella-Bella’’, ‘‘Bella Mambo’’, ‘’Afrizam’’ et ‘‘Makina Loka’’.
Après avoir rejoint l’Afrisa International de Tabu Ley Rochereau en 1978, Dino Vangu avait réussi à introduire de nouvelles sonorités et la même année, il avait reçu des mains du Président Mobutu la « Médaille de bronze des arts, des sciences et des lettres ».
Toujours en 1978, il est sacré par ses pairs « Meilleur guitariste solo du pays ». Grâce à ses compositions, notamment « Kiyedi » et « Ibrahim », l’Afrisa International obtient la « Palme d’or du meilleur orchestre » (1978, 1981, 1982, 1983, 1984), un Disque d’or (1982) et un Maracas d’or (1984).
Parallèlement à son travail avec Afrisa International, Dino Vangu a collaboré avec des artistes tels que Simaro Lutumba dans le disque « Faute ya commerçant » en 1982. Il a participé également à la composition de l’album « Lisanga ya Banganga » de Franco et Tabu Ley. De 1982 à 1986, il a contribué à l’éclosion de Mbilia avant de créer le groupe Africa Nova. En 1989, il fonde en France l’orchestre Amicale Lipopo, un groupe de rumba classique.
Dans l’orchestre Afrisa International où il devient soliste attitré on entend ses partitions dans des tubes tels que « Kiyedi, Ibrahim, ou encore Lisanga ya Banganga » dans lesquels il impose un style limpide et rapide, souvent copié, rarement égalé.
Traversée des générations
Aujourd’hui établi en France, Dino Vangu reste actif. Il dirige un projet dénommé ‘‘Dino-Rumba’’, qui fait revivre le répertoire de la rumba tout en intégrant des sonorités modernes.
Il anime également le groupe ‘‘Amicale Lipopo’’, un collectif basé à Paris qui fait le lien entre mémoire musicale et création contemporaine.
’’Dino Vangu, c’est une encyclopédie vivante de la rumba. Il est l’un des rares musiciens ayant réussi à traverser toutes les ères sans jamais trahir l’âme de cette musique’’, a témoigné dimanche, à l’ACP, Clément Ossinonde, operateur culturel congolais. Selon lui, la musicalité de Dino a ’’sculpté le style Afrisa ’’.
Héritier musical de Tabu Ley Rochereau, il continue de faire rayonner la rumba congolaise avec son orchestre « Dino-rumba ».Grâce à des arrangements soignés, une instrumentation authentique et des artistes talentueux comme Lo Benel, il redonne vie à une musique enracinée mais résolument moderne.
Actuellement avec la venue des plateformes de musique, Dino Vangu touche toutes les générations : il s’impose comme un gardien de la tradition, tout en exploitant ces outils modernes comme le streaming et YouTube pour rendre ses œuvres accessibles au monde entier.
Alors que la rumba congolaise a été inscrite en 2021 au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco, des figures comme Dino Vangu apparaissent plus que jamais comme des trésors vivants à écouter, à célébrer, à préserver.
Auteur-compositeur, arrangeur, chanteur et guitariste virtuose, Dino- Vangu a marqué la rumba et le soukouss congolais. ACP/C.L.