Kinshasa, 21 juillet 2022 (ACP).- Joseph Athanase Kabasele alias Kallé Jeff, accompagné de son orchestre African Jazz, est la première star africaine à se produire en Belgique, à l’occasion de la Table ronde qui a réuni à Bruxelles, d’une part, les leaders politiques indépendantistes congolais et, d’autre part, les autorités belges, afin de négocier les contours du futur Congo (actuelle République démocratique du Congo), ont affirmé, lundi, à l’ACP les chroniqueurs de musique Jean Malangu Bukasa et Marcello Ngeleka.
A l’issue des négociations, les deux parties ont convenu de la fixation de la date de l’indépendance au 30 juin 1960. Joseph Kabasele avait, à cette occasion, composé et produit la chanson « Indépendance ChaCha », devenue l’hymne de l’Afrique libre, diffusée au Congo par la Radio Congo belge. La chanson s’impose aussitôt comme l’hymne des mouvements anticolonialistes dans toute l’Afrique noire et devient le premier tube panafricain.
Jean Malangu et Marcello Ngeleka relèvent dans leur analyse qu’en 1960, le public belge découvre, pour la toute première fois sur son sol, un ensemble musical composé totalement des noirs venus de l’ex-Congo belge, maniant à la perfection les instruments musicaux modernes fabriqués par l’homme blanc.
Quelques mois plus tard, en janvier 1961, le Premier ministre Lumumba est assassiné. La chanson prend un goût amer, la période de l’insouciance prend brusquement fin et la désillusion remplace la liesse de l’indépendance.
Alors que le 30 juin 1960, à l’accession du pays à la souveraineté nationale, l’Africain Jazz conduit des mains de maitre par son fondateur Joseph Kabasele, exécuta « Indépendance ChaCha », en lieu et place de l’hymne national « Debout Congolais » qui n’était pas encore écrit par le père Jésuite Pierre-Simon Boka et composé par M. Joseph Lutumba.
En effet, inspiré par les événements, Kallé Jeff improvise un morceau qui deviendra un hymne pour les mouvements anticolonialistes de toute l’Afrique noire, racontant l’enthousiasme de cette émancipation tant espérée par les populations locales.
Les principaux versets de la chanson « Indépendance ChaCha » comprennent les acronymes des factions politiques au sein des mouvements indépendantistes congolais, à savoir : l’Association des ressortissants du Haut-Congo (ASORECO), l’Alliance des Bakongo (ABAKO), la Confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT), le Cartel Katangais (CARTEL), le Front commun, le Mouvement national congolais (MNC), le Parti national du progrès (PNP), l’UGECO, l’Alliance des Bayanzi (ABAZI) et le Parti solidaire africain (PSA).
Dans le même contexte, un certain nombre de politiciens (dont certains chefs de parti) sont mentionnés par leurs noms de famille. Dans l’ordre, ce sont: Jean Bolikango, Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba, Albert Kalonji, Paul Bolya, Moïse Tshombé, Cléophas Kamitatu, Ferdinand Essandja et Daniel Kanza.

Cet orchestre comprenait en son sein outre Joseph Kabasele, Nicolas Kassanda wa Mikalayi alias Docteur Nico, Vicky Longomba le ténor de l’orchestre, Roger Izeidi Mokoy, dit Roi de maracas, Charles Mwamba Kashama à la guitare d’accompagnement, Antoine Moango dit Brazzos le bassiste et Pierre Yantula, alias Petit Pierre dont le rôle était de jouer le tam-tam.
Joseph Kabasele révolutionne la musique congolaise
Par ailleurs, en ce 62ème anniversaire de la chanson « Indépendance ChaCha » qui coïncide avec le rapatriement au pays des reliques de feu Patrice Emery Lumumba, l’histoire rappelle que Joseph Kabasele, fondateur de l’orchestre African Jazzen en 1953, avec lequel il révolutionne la musique congolaise, a eu à électrifier la rumba, y introduisant les mélodies cuivrées importées de Cuba et des Antilles par les marins.
Les trompettes s’associent aux chants et tambours traditionnels. L’on se souviendra que depuis les années 1950, les ch ansons congolaises faisaient danser toute l’Afrique grâce à la diffusion du lingala, à la puissance des émetteurs des radios congolaises qui couvraient une grande partie du continent et à la qualité indéniable de cette musique festive.
Bref aperçu biographique de Joseph Kabasele ?
Né en 1930 à Matadi, port important près de l’embouchure du fleuve Congo, Joseph Kabaselé, dit Grand Kallé, est déjà un musicien reconnu depuis les années 50. Il apprend à chanter dans les chorales catholiques des pères de Scheut. Devenu adulte, il opte pour la chanson populaire de l’époque, la rumba afro-cubaine, s’entourant d’amis d’enfance pour créer le groupe African Jazz en 1953.