Joséphine Doko Pambindoni, l’énigme derrière la chanson culte « Pambindoni » de Bella Bella

Kinshasa 28 mai 2025 (ACP), –La chanson culte « Pambindoni » du groupe Bella Bella de la République démocratique du Congo a été inspirée d‘une femme réelle, Joséphine Doko Pambindoni, connu par peu de mélomanes, aujourd’hui une muse oubliée de l’histoire, a affirmé  mercredi un chercheur dans un entretien avec l’ACP.

« Joséphine Charlotte Doko Pambindoni aujourd’hui reconnue comme une figure oubliée du panthéon féminin lié à la musique congolaise, a été une femme dont la grâce a marqué les esprits de Matadi et Kinshasa dans les années 1970.  C’est elle qui a été derrière le célèbre titre de la chanson « Pambindoni » du groupe Bella Bella», a indiqué  Franklin Mokho, chercheur et Chroniqueur culturel.

Née le 14 mai 1956 à Libenge, dans la province de l’Équateur, Joséphine Doko a grandi à Matadi, dans un environnement portuaire. Fille d’Ambroise Pambindoni, alors directeur provincial du port de Matadi, et d’Albertine Itada, elle s’est imposée par une beauté rare et une prestance naturelle qui ne laissaient personne indifférent. C’est au cours de son passage à Matadi qu’elle croise la route d’Emany Shaba Kahamba, jeune musicien prometteur et bassiste du groupe Bella Bella.

« Leur relation, discrète mais intense, donnera naissance à deux filles métissées, Kamba Fifi et Nkuna Thethe. Le couple s’installe brièvement à Kinshasa, dans la commune de Bandalungwa, au 155 de l’avenue Sundi, une adresse devenue mythique pour les initiés de cette époque», a expliqué Franklin Mokho.

La chanson « Pambindoni », devenue culte dès sa sortie, s’inspire directement d’une histoire d’amour.

«Composée par Emany Shaba après la période de succès de « Jariya Muana Poton », Pambindoni  rompt avec les thématiques classiques pour offrir un hommage sentimental à celle qu’il considérait comme sa muse», a-t-il dit.

Selon Franklin Mokho, la chanson a été écrite dans un moment d’une profonde émotion, traduisant l’idéal féminin que Doko représentait pour le musicien.

Aux dires de ce chercheur, l’impact fut immédiat car « Pambindoni » a tout de suite séduit les amateurs de la rumba congolaise à travers le continent africain, s’imposant dans les bals populaires, les radios et les collections privées.

« Le succès du morceau a également permis à Emany Shaba d’acquérir la maison familiale, un geste symbolique fort de son père, Kateko Manuele, retourné vivre à Makela do Zombo, en Angola, où il mourra plus tard», a-t-il dit.

Une fin tragique et silencieuse

Le destin a cependant été cruel pour cette femme admirée. Joséphine Doko Pambindoni est décédée prématurément le 9 novembre 1981, à 25 ans. Emany Shaba, quant à lui, s’éteindra bien plus tard, en 2017, aux Pays-Bas, loin de sa terre natale, dans un contexte marqué par des tensions familiales non résolues.

« Aujourd’hui, grâce aux efforts de chercheurs comme Tonduanga Manuaku du collectif « Filles de Shaba », et Franklin Mokho, son souvenir refait surface. « Elle n’a pas été une chanteuse, mais sa présence a influencé une œuvre artistique majeure. C’est toute la noblesse des muses dans l’histoire de la musique congolaise », a  souligné M. Mokho.

L’histoire de Joséphine Doko Pambindoni rappelle que certaines figures restent invisibles dans les récits officiels, bien qu’elles aient joué un rôle fondamental dans la genèse de chefs-d’œuvre musicaux. ACP/C.L.

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