Journée du 6 avril : une reconnaissance de Simon Kimbangu comme figure universelle évoquée

Kinshasa, 5 avril 2025 (ACP).- La reconnaissance du prophète Simon Kimbangu, de la République démocratique du Congo comme, comme figure universelle de référence, a été évoquée, vendredi, lors d’une visioconférence, entre Kinshasa et Bruxelles, organisée en marge d’une série d’activités liées à la journée du 6 avril, dédiée à son combat et à la conscience africaine.

« Ce sont des choses possibles et qui sont en préparation, si nous tenons compte de toutes les activités que nous menons actuellement. Si, au niveau universel ou international, cette volonté existe également, les Nations unies peuvent aussi le proclamer ainsi », a déclaré M. Amsini Sadiki, l’un des intervenants depuis Bruxelles à cette visioconférence.

« Il faut simplement se demander si nous sommes convaincus que Papa Simon Kimbangu, avec tout ce que nous venons de dire, mérite d’être proclamé héros. Et si, au niveau continental, les Africains se rendent également compte qu’il s’agit véritablement d’un patrimoine africain, alors l’Union africaine peut aussi le proclamer héros », a-t-il ajouté.

Pour nourrir ces échanges, cette visioconférence entre Kinshasa et la Belgique a réuni de jeunes chercheurs afro-européens passionnés par la culture africaine, un théologien spécialiste de l’histoire de Simon Kimbangu, ainsi que divers intervenants aux profils variés, tous engagés dans les questions de mémoire et de reconnaissance historique.

« Nous tenons à rappeler que les panélistes et le public ne sont pas uniquement de la religion kimbanguiste (…) », a précisé Pitchou Matouasilua, coordonnateur de la structure Tokanisa Mboka, soulignant que cette rencontre a permis une réflexion autour du thème : « Pourquoi le 6 avril est-il férié si Simon Kimbangu est connu, mais pas reconnu ? »

Un sujet qui, selon Pitchou Matouasilua, vise à interpeller à la fois la population et les autorités congolaises sur le flou entourant la reconnaissance officielle du prophète.

« Il existe un paradoxe flagrant dans la manière dont notre mémoire historique est gérée par les dirigeants. Comment peut-on décréter un jour férié en hommage à une figure comme Simon Kimbangu, tout en continuant à ignorer son statut ? À ce jour, il n’est ni proclamé héros national, ni officiellement reconnu dans la symbolique de la Nation », a-t-il souligné.

La clôture de cette semaine d’activités culturelles portées par les structures Tokanisa Mboka et l’Union de la jeunesse kimbanguiste est prévue pour le 12 avril. Elle sera marquée par la représentation de la pièce « Natuni Yo Congo », qui questionne symboliquement le pays sur la non-reconnaissance de Simon Kimbangu.

Pour une reconnaissance officielle de Simon Kimbangu comme héros national en RDC

Une demande a été formulée aux autorités de la République démocratique du Congo, lors de cette visioconférence entre Kinshasa et Bruxelles, ouvrant la deuxième édition de la « Semaine culturelle de la conscience africaine » (Secucaf), de déclarer Simon Kimbangu comme héros national pour sa lutte non-violente contre la colonisation belge.

« L’objectif de cette rencontre est d’interroger le sens profond de la date du 6 avril. Cette journée marque l’héroïsme d’un homme : Simon Kimbangu. Elle est consacrée à son combat sans violence et à la conscience africaine. Mais curieusement, nous constatons que cet homme ne bénéficie d’aucune reconnaissance officielle du statut de héros national, ni en RDC ni ailleurs. Nous réfléchissons pour pousser les autorités à poser cet acte essentiel », a déclaré Pitchou Matouasilua, coordonnateur de la structure « Tokanisa Mboka« , lors de ce panel réunissant une centaine de participants au bâtiment administratif Tembe na Tembe, à Lingwala, dans le nord de la capitale congolaise.

Pitchou Matouasilua a précisé que cette conférence lance également une série d’activités de la Secucaf, prévues du 4 au 12 avril, entre les deux villes mentionnées, en marge de la journée du 6 avril, dédiée au combat de Simon Kimbangu et à la conscience africaine.

« Nous avons réuni ici des panafricanistes. La première édition de cette Semaine culturelle de la conscience africaine a eu lieu l’année dernière. Notre souhait est que le combat incarné par Simon Kimbangu aboutisse enfin à sa reconnaissance comme héros national », a-t-il poursuivi.

Selon lui, Simon Kimbangu représente un patrimoine qui dépasse le cadre religieux. Il ne s’adresse pas seulement aux Kimbanguistes en tant que croyants, mais également à tous les Congolais, y compris ceux qui ne partagent pas cette foi.

« Les dirigeants politico-congolais sont appelés à faire un grand travail pour élever cet homme au rang de héros national, afin d’inciter les autres nations à reconnaître également la lutte qu’il a menée pour leur libération. Kimbangu est le prototype des héros nationaux africains », a plaidé Pitchou Matouasilua.

Simon Kimbangu, fondateur du kimbanguisme, fut un prédicateur congolais résistant à la colonisation belge. Emprisonné en 1921, il mourut en détention en 1951. Son message spirituel et libérateur inspira des mouvements d’émancipation africains.

Kinshasa : la mission du prophète Simon Kimbangu expliquée lors d’une visioconférence

L’essence de la mission historique et spirituelle du prophète Simon Kimbangu a été expliquée, lors de cette visioconférence.

« La mission de papa Simon Kimbangu était d’origine divine. Elle ne pouvait être liée qu’à ce que nous avons de plus sacré sur cette terre. Tout ce qu’il a accompli parmi nous nous a permis, à nous les Kimbanguistes, de comprendre que le Saint-Esprit promis par Jésus-Christ s’était manifesté à travers papa Simon Kimbangu. C’est à ce niveau que nous plaçons et comprenons l’essence de sa mission », a expliqué M. Kalemba Constantino, l’un des participants depuis Bruxelles à l’occasion du 6 avril, journée dédiée à son combat et à la conscience africaine.

Selon lui, Simon Kimbangu a éveillé la conscience des Congolais à l’époque de la colonisation, notamment à travers sa célèbre déclaration : « Le Noir deviendra Blanc et le Blanc deviendra Noir ».

« Par cette parole, il avait déjà ébranlé tous les systèmes en place », a-t-il affirmé, avant de souligner qu’il reste encore beaucoup à faire pour reconnaître la profondeur de la mission de ce personnage historique.

« La date est déjà là : le 6 avril. Pourtant, même concernant la connaissance de Simon Kimbangu, il reste encore beaucoup à découvrir», a-t-il estimé.

«En kikongo, Kimbangu signifie “révélateur des choses cachées et obscures”. Il est important de savoir que, dans la tradition Kongo, le nom d’une personne n’est pas anodin : il incarne l’essence même de l’individu. Ainsi, porter un nom, c’est porter une mission, une destinée, une identité qui influence toute une vie », a poursuivi M. Kalemba Constantino.

Et de renchérir : « À cet égard, lorsqu’on observe l’existence de papa Simon Kimbangu dans sa globalité, il apparaît clairement qu’il a pleinement accompli ce que signifiait son nom. »

De son côté, M. Pitchou Matouasilua, coordonnateur de la structure Tokanisa Mboka, a rebondi en ces termes : « ce qui a été fait jusqu’ici est certes bien, mais reste insuffisant. On a parfois l’impression qu’il existe une forme d’hypocrisie ou de peur. Et si c’est la peur, de quoi avons-nous peur pour ne pas proclamer Simon Kimbangu héros national ? »

« Dès ce lundi, nous partagerons à plusieurs reprises le lien Zoom, qui restera disponible afin de permettre à chacun de participer aux différents débats à distance », a-t-il conclu.

Cette conférence en ligne s’inscrit dans le cadre du lancement de la deuxième édition de la « Semaine culturelle de la conscience africaine« , portée par les structures Tokanisa Mboka et l’Union de la jeunesse kimbanguiste, organisée du 4 au 12 avril, pour célébrer la journée du 6 avril.

ACP/UKB

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