Kinshasa 16 septembre 2024(ACP)-Lapauvreté et le dénuement matériel des artistes plasticiens et graphiques, durant leurs vieux jours, ont été évoquées lundi à Kinshasa, en République Démocratique du Congo, lors d’un entretien avec le directeur général de la Société congolaise des droits d’auteurs et droits voisins(SOCODA).
« Ils vivent dans la précarité parce qu’ils ignorent totalement les lois sur les droits d’auteurs en vigueur dans notre pays » a déploré le directeur général de la Société congolaise des droits d’auteurs et droits voisins(SOCODA), Joe Mondonga Moyama
« pendant qu’ils vendent leurs œuvres d’art, à un vil prix fixé de gré à gré ,ils oublient qu’une œuvre d’art vendue nonobstant la cession , l’auteur d’une œuvre d’art graphique ou plastique a droit à une participation permanente d’au moins 5% du produit de vente ou de la revente de cette œuvre », a-t-il ajouté.
« En tant qu’expert assermenté en gestion collective des droits d’auteurs et droits voisins je vous affirme qu’une œuvre d’art ne peut pas être vendue, ni reproduite, ni exposée, ni cédée, ni exportée sans avoir préalablement avisé la société chargée de la gestion des droits d’auteurs en l’occurrence la SOCODA chez nous », a soutenu Joe Mondonga Moyama.
« Ils ignorent qu’il existe les droits de suite permettant de contrôler toutes les opérations effectuées après la vente aussi longtemps que cette œuvre va être vendue ou revendue au pays ; il est également demandé aux artistes de fournir à la Socoda toutes les informations nécessaires sur la traçabilité avant toute exportation des œuvres d’art afin de signaler tout mouvement aux sociétés sœurs de manière à récupérer le paiement des droits d’auteurs et éventuellement à les rapatrier »a-t-il martelé.
La SOCODA a envisagé de sensibiliser les artistes aux lois en vigueur en matière des droits d’auteurs et ensuite alerter le ministre en charge de la culture et des arts qui encaisse des taxes en délivrant des autorisations de sortie , sans certificat de traçabilité, sur l’appauvrissement et la précarité sociale des artistes qui ne tirent aucun profit de toutes les opérations de vente ou de revente effectuées à l’extérieur.
Joe Mondonga Moyama a indiqué que si aujourd’hui les artistes, au crépuscule de leur carrière pourtant féconde, passent leurs vieux jours en broyant du noir ce n’est pas parce que l’art souffre d’un manque de mécènes et d’attention de la part des pouvoirs publics, bien souvent ceux-ci contractent avec des maisons commerciales ou des particuliers qui aliènent leur liberté et leur inspiration les obligeant à se délester de leurs œuvres à vil prix :
« en matière des droits d’auteurs il y a une différence entre le support (la toile ou le disque vecteur de diffusion) et l’œuvre proprement dite la propriété intellectuelle de l’artiste contenue dans le support, elle est inaliénable ; l’artiste vend sa marchandise qui est la toile mais l’œuvre propriété intellectuelle et œuvre d’esprit est intouchable ; elle ne peut pas être bradée en aucun prix et doit générer des droits d’auteurs à chaque usage », a-t-il dit.
« Ainsi quelques œuvres d’art achetées à un prix dérisoire par des collectionneurs sont revendues aux enchères à des prix faramineux en dehors du pays sans rapporter un moindre sous aux auteurs qui croupissent dans la misère », a-t-il stigmatisé, ajoutant,
« Nos artistes malheureusement vendent et le support et la propriété intellectuelle renonçant ainsi à la rétrocession des droits d’auteurs qui les auraient permis d’être à l’abri de la mendicité et de meubler leurs vieux jours au lieu de tendre les mains à l’Etat congolais chaque fois qu’ils sont en détresse ». Le sculpteur André Lufua, auteur de l’œuvre Batteur de tam-tam posée à l’entrée de la Foire internationale de Kinshasa, décédé le 13 janvier 2020 à Kinshasa à l’âge de 94 ans, très deminu, sa dépouille était gardée à la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa pendant 3 mois, avant que le ministre de la culture et Art prenne en charge ses obsèques, a-t-on rappelé. ACP/