Le Trio DASUFA, une bouffonnerie pour la régence des valeurs

Kinshasa, 23 septembre 2021 (ACP).-  Kinshasa, la capitale de la rumba africaine est aussi une ville de théâtre élitiste et populaire depuis la nuit des temps. Manu Dibango, Essous Jean Serge et autres grandes figures de la musique africaine ont fait leur école dans la capitale congolaise auprès des maîtres comme Grand Kallé ou Lwambo Makiadi Franco.

Aujourd’hui, Koffi Olomidé, Werrason, JB Mpiana et Fally Ipupa couvrent toute l’Afrique de leur style musical. Ils font des émules. On parle tellement de la musique de la RDC que l’on oublie que Kinshasa est aussi la ville des autres disciplines artistiques comme les arts plastiques, la danse ainsi que le théâtre.

Parmi les programmes qui passaient sur l’unique chaîne de radiotélévision nationale dénommée « La Voix du Zaïre » durant les années 1960-1980, on pouvait suivre de la danse, des sketches ainsi que des pièces de théâtre populaire qui ont poussé les artistes comédiens de l’Afrique de l’ouest, notamment ceux de la Côte d’Ivoire et de la République du Congo, à venir solliciter la collaboration avec les groupes « Maboke » de Andele Maboke et « Salongo » de Tshitenge Nsana.

C’est dans ce décor que la ville de Kinshasa a vu naitre parmi les artistes un groupe des comédiens appelé le Trio « DASUFA » dont les ténors furent le « commandant » Danga, le « sergent » Abula Ngando et le « caporal » Murumba.

Le théâtre populaire ayant pris du terrain à Kinshasa, les « DASUFA » se sont frayés le chemin dans un genre de spectacles créés à partir d’un scénario ou d’un thème où de l’improvisation qui a connu plus d’audience pour des raisons évidentes grâce aux thèmes puisés droit dans le quotidien qui reposent sur la comédie et la bouffonnerie.

Leur but était de faire rire le public par le sensationnel à cette époque qui a marqué la présence d’autres artistes comme Ngadiadia, Maître Pay, Takinga, Koko dia Nzombo, Mbali Osombo, Commando Mutute et les autres.

Les « DASUFA » s’étaient fait identifier comme des bouffons plus proches des personnages de cirque avec leurs maquillages exagérés, leurs postiches et des tenues débraillées, plein d’accessoires décalés comme par exemple un réveil qu’on pend au coup à la place du collier.

Ces personnages, selon les témoignages confinés, ont été reconnus peintres de la société à l’idée principale d’œuvrer pour le redressement du niveau de vie des communautés en utilisant des scènes de rire et de satire.

Comédiens, danseurs et chanteurs, ils ont utilisé tous ces moyens en public, dans les grandes salles de spectacles et à la télévision pour s’exprimer.

Selon le réalisateur congolais Marcus Onalundula, le trio DASUFA a émerveillé les Congolais de l’époque à travers leurs sketchs vers les années 80, le trio humoristique composé de pseudo militaires faisant la parodie de discipline outrancière des Forces armées zaïroises (FAZ).

Marcus Onalundula qui a voulu rendre un hommage aux acteurs de ce groupe à travers un court métrage, affirme queson film « Abula Ngando » est une adaptation des sketchs du Trio DASUFA dont il veut relayer une histoire populaire de la RDC.

« On se rappellera de la décennie de « Kin Kiesse » à l’OZRT (actuellement RTNC), où nous avons assisté à des prestations des comédiens autodidactes qui, sans effectuer des études appropriées, étaient capables de présenter des scènes très bien structurées » soutient le réalisateur.

Tout est parti de l’orchestre Minzoto Wella Wella. Un groupe musical créé par un missionnaire de Scheut, le RP. Joseph Laet « Buffalo ». Beaucoup en RDC et dans les pays limitrophes se souviennent encore de ce groupe musical et d’animation socio-culturelle, célèbre jusqu’au milieu des années 80.

Minzoto Wella Wella avait la particularité de produire des opérettes et comptait dans ses rangs, outre des artistes musiciens, des comédiens dont certains furent franchement célèbres comme le Trio DASUFA du Commandant Danga. En plus de ses opérettes, des disques qui ont connu un franc succès, cet ensemble avait fait bouger tout Kinshasa et ses environs avec la danse le « Caneton à l’aisément » dont il était créateur.

Au sommet de son succès, Minzoto Wella Wella s’était produit à deux reprises en Europe principalement en Belgique, longtemps avant la vague qui a conduit des ensembles musicaux zaïrois de renom comme le Zaiko Langa Langa ou l’Empire Bakuba sur le vieux continent. Puis vint naturellement, l’éclipselle a duré.

La reconstitution du temps passé se poursuivant par les écrits, les photos, les vidéos rappellent les souvenirs de grandes stars visualisées comme, le Trio DASUFA.

« Aujourd’hui nous vous présentons l’orchestre Minzoto Wella Wella dans l’opérette Takinga, avec Pecos, Mukandeya, Issa, Sembade mutu na kupe, caporal Murumba, et le commandant Danga », avait-on l’habitude de suivre à la télévision.

L’orchestre des Forces Armées Zaïroises (ORFAZ), une formation musicale des éléments de la Division des troupes aéroportées de choc (DITRAC), du camp Tshatshi, ancêtre de la Division spéciale présidentielle (DSP), collaborait avec les danseurs du Trio DASUFA en dépit du fait que ces derniers s’adonnaient à caricaturer le soldat.

Le trio DASUFA a eu à exécuter la danse BMW en collaboration avec un groupe de danseuses de l’ORFAZ dirigé à l’époque par le colonel Ngoy Meta.

Ces comédiens avaient fait la pluie et les beaux temps avec ses deux regrettés artistes, le commandant Danga et le sergent Abula Ngando. Avec le caporal Murumba, ils ont eu à agrémenter la décennie des soirées « Kin Kiesse », pour le grand bonheur des spectatrices et spectateurs attentionnés et nostalgiques du théâtre congolais.

Pourtant, les trois artistes comédiens les plus talentueux des années 80, sans avoir fait des études appropriées, ont égayé le public par leur brillante prestation théâtrale qui tire des thèmes dans les mythes et les légendes de la République Démocratique du Congo ou le divertissement a toujours été une tradition. ACP/ZNG/RN/NKV/MNI/SGB/TKM    

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