Kinshasa 13 octobre 2024 (ACP).– Les Congolais ont été invités à raconter leurs histoires à travers l’exposition photographique dénommée « parcours de l’eau », samedi, lors de la cérémonie du vernissage, à l’Académie des beaux-arts, dans la commune de Gombe, au nord de Kinshasa en République démocratique du Congo.
« Tous, on est intéressé à raconter des histoires des autres. Personne ne nous raconte, alors qu’on est le mieux placé pour nous raconter. Je me raconte, je raconte l’histoire de Banunu Bobangi, cela pour inviter d’autres personnes à raconter l’histoire de Luba, de Bakongo, de Batundu. Puisqu’il n’y a pas suffisamment d’écrit, chacun est mieux placé pour raconter l’histoire de son origine. J’ai fait ce travail pour documenter mes origines ou encore sauver mon identité », a déclaré l’artiste photographe Arsène Mpiana.
A travers cette exposition, l’artiste fait réfléchir sur la responsabilité des Congolais à faire la photographie : « je questionne à la fois l’approche de la photographie, comment des expatriés sont critiqués de nous photographier et quelle responsabilité avons-nous en tant que Congolais pour photographier. Ce travail questionne aussi l’identité sur la décolonisation perpétuelle »
Ce projet artistique témoigne de la connexion que l’artiste maintient avec l’eau : « j’ai une histoire particulière avec l’eau. Mon travail perpétuel parle toujours de l’eau. Parcours de l’eau est une métaphore qui veut dire « working progress », l’eau on ne la stoppe pas ; l’eau finit par trouver son chemin. Et c’est l’histoire que je raconte, comment j’ai pu me débrouiller, frayer mon chemin et me battre pour imposer mon nom dans l’industrie de la photographie artistique ».
Pour le directeur général de l’Académie des beaux-arts de Kinshasa, cette exposition qui explique un parcours de tout un peuple, de tout un pays, de tout un secteur artistique de la République démocratique du Congo.
Il ajouté que c’est un grand jour aujourd’hui car il y a quatre ans que nous avons initié le département de photographie ici à l’Académie des beaux-arts parce qu’il y avait un besoin. Un besoin de se définir et de s’identifier à travers les images, notamment l’image fixe et l’image mouvante ».
Tout bon photographe est poète, un poète visuel à la différence d’un poète textuel, qui, lui combine les mots chargés d’images fortes. Le photographe lui utilise des images comme véhicule des mots profonds et ineffables. Il explore et communique en connectant différents aspects de la vie de manière à susciter des émotions, suggérer des sensations et provoquer des interrogations existentielles.
Dans ce corpus d’œuvres réalisées, la préoccupation majeure de l’artiste ne s’arrête pas à rendre compte des pulsations de la vie dont il documente les fragments. Arsène Mpiana va au-delà d’une pratique photographique focalisée sur les données primaires du visible et se sert de la représentation du monde réel, qu’il retouche à sa guise pour partager sa philosophie et proposer une interprétation d’un monde qu’il exalte.
Natif de la ville de Kinshasa en date du 14-06-1992, Arsène Mpiana est, tour à tour, photojournaliste, artiste et enseignant.
Comme photojournaliste, il est pigiste a Der Spiegel, Jeune Afrique, le New-York Times et libération.fr. Pendant plus de cinq ans, il a été photographe correspondant de l’Agence France presse.
Il est à noter que Arsène Mpiana évolue dans deux secteurs de la photographie : l’information et la création. ACP/JF