RDC: la femme poétesse, un talent méconnu en quête de reconnaissance (Une poétesse)

Kinshasa, 21 mars 2025 (ACP).- La femme poétesse en RDC a été décrite comme un talent méconnu en quête de reconnaissance sur la scène poétique par une slameuse congolaise, en marge de la Journée mondiale de la poésie, célébrée le 21 mars, lors d’un entretien vendredi avec l’ACP,

« La femme ne s’est pas encore pleinement affirmée dans la poésie contemporaine ou sur la scène poétique dans notre pays, bien qu’elle en ait à la fois la capacité et les moyens. Son talent est là, sa voix aussi, mais elle manque encore de visibilité et de reconnaissance. Pourtant, elle a beaucoup à apporter, car sa sensibilité (…) enrichit profondément la scène poétique », a déploré la slameuse congolaise  Apphia Muamba.

Selon elle, le défi du talent féminin est double. En plus du manque de reconnaissance dans la poésie, le slam, en tant qu’art encore en pleine promotion, peine lui-même à trouver une place dans le paysage culturel congolais.

« Rien n’est acquis, et encore moins évident. Déjà, le slam lui-même reste un art en pleine promotion, encore méconnu du grand public. Être femme et slameuse, c’est un double défi, car le slam donne une voix libre à celles et ceux qui s’en emparent. Or, dans notre société, l’idée d’une femme qui s’exprime sans filtre, sans craintes, dérange encore », a-t-elle indiqué.

La poétesse a, par ailleurs, estimé que le slam et la poésie sont de véritables outils d’émancipation pour les femmes, à condition qu’elles en prennent pleinement conscience et s’en servent de manière stratégique.

« Oui, la poésie et le slam sont de véritables leviers d’émancipation féminine. Mais pour y parvenir, il faut d’abord en prendre conscience. Il ne suffit pas d’avoir une voix, encore faut l’utiliser, la maîtriser et l’affirmer », a souligné Apphia Muamba.

Pour la multiplication des espaces d’expression dédiés aux femmes artistes

Pour que cette prise de conscience soit effective, la jeune poétesse a plaidé pour la multiplication des espaces de diffusion et d’expression dédiés aux femmes artistes, afin qu’elles puissent se faire entendre et inspirer les générations futures.

« Il faut promouvoir la poésie et le slam féminin en multipliant les espaces d’expression et de diffusion. Il faut en parler, partout et tout le temps : dans les écoles, sur les plateaux télé, sur Internet, lors de conférences et de forums », a-t-elle plaidé.

Répondant à une question souvent sujette à confusion dans l’opinion publique, concernant la distinction entre la poésie et le slam, Apphia Muamba, qui se définit avant tout comme une slameuse engagée, a tenu à éclaircir cette distinction.

« Le slam, c’est avant tout de la poésie portée sur scène. Ce qui me plaît, c’est sa liberté : il brise les cadres traditionnels et s’affranchit des règles rigides. Il permet d’exprimer des idées fortes, de toucher un public large et d’aborder des sujets de société avec impact », a-t-elle expliqué.

Depuis ses débuts en 2022, Apphia Muamba, mieux connue sur la scène comme Aphia-M, a enchaîné les performances et collaborations artistiques, se produisant sur diverses scènes. Elle a notamment participé au lancement du projet culturel des Nations unies (Onu) à Kinshasa en 2023 et au concert « Voices of Hope », organisé par l’ambassade des États-unis en 2024.

Par ailleurs, la Journée mondiale de la poésie est célébrée chaque année le 21 mars. En 2025, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a choisi le thème : « Poésie : créativité, traduction et circulation des œuvres dans les langues de moindre diffusion ». Ce thème met en avant l’importance de la traduction et de la diffusion des œuvres poétiques dans des langues moins répandues, favorisant ainsi la diversité linguistique et culturelle.

ACP/JF

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