Kinshasa, 25 janvier 2024 (ACP).- Les réformes dans la gestion collective des droits d’auteurs des créateurs en République démocratique du Congo (RDC) ont été évoquées au terme d’une visioconférence organisée par une structure de défense des intérêts des artistes à Kinshasa, a-t-on appris, jeudi, du responsable de la coordination.
«Nous nous sommes réunis en mode vidéo conférence pour réfléchir et discuter à haute voix sur la situation actuelle dans le secteur des droits d’auteurs. Les artistes sont très créatifs mais ils ne jouissent pas des fruits de leur création à cause du manque de politique culturelle qui devrait réglementer la gestion des droits d’auteurs», a expliqué le comédien Roch Bodo, coordonnateur du Collectif des artistes et des culturels (CAC).
«L’Ordonnance portant protection des droits d’auteur et droits voisins qui donne le monopole de gestion du secteur à la Société congolaise des droits d’auteurs (Socoda) est devenue quasiment obsolète. Elle nécessite impérativement une mise à jour au niveau du Parlement. Les professionnels des arts et de la culture que nous sommes sont prêts à apporter notre expertise pour engager des réformes solides qui vont permettre aux artistes et entrepreneurs culturels de se retrouver », a-t-il dit.
Pour le coordonnateur du « CAC », cette rencontre virtuelle a été une aubaine pour croiser les idées afin de sortir des propositions persuasives pour redynamiser le secteur des droits d’auteur à l’ère de l’industrie culturelle créative (ICC).
« Les créateurs congolais font face à une situation précaire à cause non seulement de l’opacité dans la gestion de la Socoda qui a failli à sa mission mais aussi de la gestion archaïque du secteur », a-t-il déclaré.
Pour lui, cette gestion catastrophique perturbe totalement le fonctionnement de cette société. « C’est pourquoi les sociétaires devraient saisir cette occasion pour repenser entièrement l’approche de gestion. C’est aussi un moment idéal pour les ayants-droits de faire pression afin de réformer et d’intégrer le numérique dans la gestion de la Socoda », a-t-il renchéri.
Droits d’auteurs, une industrie abandonnée
Selon la structure, le secteur des droits d’auteur est une industrie à l’abandon et mal structurée en RDC. «Beaucoup d’artistes font face à des difficultés financières en raison du manque de structures de financement fiables, de la faible rémunération pour leur travail, et de l’absence de systèmes de droits d’auteur efficaces pour protéger et rémunérer leur création », a indiqué le responsable du CAC.
Et de poursuivre : « l’apologie de la piraterie des œuvres d’arts et la spoliation des droits d’auteur sont tellement répandues et empêchent les artistes de gagner un revenu équitable de leur travail ».
Le Collectif des artistes et des culturels a appelé à la résilience et à l’autonomie du secteur de droit d’auteur en s’adaptant au contexte de la Nouvelle technologie de l’information et de la communication afin de renforcer la perception pour rentabiliser son économie.
«Avec des systèmes numériques, la SOCODA pourrait réduire sa dépendance à certaines sources de financement externes, en optimisant la collecte et la distribution des droits grâce à des processus automatisés. Au-delà de tout cela, la libéralisation du secteur des droits d’auteur a été soulignée comme étant une recommandation principale de nos échanges », a soutenu le coordonnateur du CAC.
Et de renchérir : « Cela exige une transparence accrue et surtout une efficacité améliorée. Les technologies numériques offrent une traçabilité sans précédent de chaque transaction et distribution, rendant presque impossible toute tentative de détournement de fonds ou de corruption ».
Les opérations numérisées, renseigne-t-on, signifient qu’une gestion plus rapide et plus précise, va permettre à la SOCODA de fonctionner avec moins de ressources tout en offrant un meilleur service à ses membres.
Pour les animateurs du « CAC », toutes les propositions sorties de ce cadre de discussion sur la réforme des droits d’auteurs et des droits voisins vont constituer une série de recommandations qui seront débattues en profondeur lors du prochain forum national sur la culture qui est une initiative du Chef de l’Etat.
Il sied de noter que cette rencontre virtuelle a connu la participation des différents acteurs, journalistes-chroniqueurs, créateurs, opérateurs culturels ainsi que plusieurs autres artistes et professionnels de la culture évoluant à Kinshasa et à l’étranger. ACP/