Kinshasa, 11 août 2023 (ACP).- La professionnelle congolaise de la mode évoluant aux États Unis d’Amérique, Anado Kabika, plaide pour la valorisation de la profession de mannequin en République démocratique (RDC). Pour elle, ce métier et son acteur sont réduits à la simple exposition corporelle pour s’offrir une vie à belle dent. L’Agence congolaise de presse (ACP) est allée à sa rencontre pour en savoir un peu plus.
Question 1 : Quelle lecture faites-vous du mannequinat au niveau local, comparativement à ce que vous avez pu développer à l’étranger?
Réponse : merci pour la question. Au fait à l’étranger, le métier de mannequin est comme tout autre travail. Tu es employé avec un salaire. Tu es rémunéré par rapport à tes prestations. Telle que moi, je vis du mannequinat et de la mode. Tout commence par l’agence qui t’expose, te vend, t’envoie des castings à faire, tu te présentes à l’agence, tu fais ton show. Il y a retrait du pourcentage et à la fin de l’année, tu déclare tes taxes…voilà !
Et la différence dans mon pays, ce n’est pas encore ça. On ne peut se dire faire une carrière payante et que souvent encore, qu’on ne sache pas valoriser la mannequinat. Ici, on pense que la mannequine est une femme qui vient juste se prostituer, ou une femme qui a besoin de s’exposer. Lorsqu’on embrasse le monde artistique, on est souvent taxé de tous les maux.
Et souvent lorsqu’on nous voit défiler avec des maillots, la mannequine est réduite à la pute (excusez le terme…). Mais je me dis si tu me vois ne pas porter ses sous-vêtements, comment tu vas les acheter ! C’est à travers mon corps, que vous aurez envie d’acheter ce que je présente. Malheureusement, ça ne se valorise pas encore ici. Mais qu’à cela ne tienne, avec le temps, les choses vont changer, la jeunesse aujourd’hui est là pour changer. Je suis venue aussi pour parler de ça et on va faire en sorte que ça marche.
Question 2. Quelle valeur ajoutée de Anado dans l’industrie de la mode et de la musique que la RDC peut espérer ?
Très bientôt je pense lancer une marque, la marque Anado Kabika. Donc bientôt côté mode, on aura une marque à Kinshasa pour inspirer la jeunesse parce que le but dans ça, est de faire voir à la jeune femme qu’à un certain moment, on a tendance à abandonner suite au ras le bol. Parce qu’on se serait dit qu’on n’a pas été repéré, qu’on a eu à travailler avec des imposteurs, il y a beaucoup de gens qui m’ont ramenée dans plusieurs affaires peu reluisantes. Peu importe le moment que tu vas commencer, si c’est ton temps, c’est ton temps. Donc il ne faut pas se décourager.
Question 3. Il y a peu, vous avez lancé un projet d’assistance humanitaire pour les femmes victimes de violences dans l’Est du pays. Qu’en est-il aujourd’hui?
Réponse : Oui, le projet au fait est en cours. C’est ça la raison pour laquelle je suis venue au pays pour m’en occuper. Je tiens à dédier à toutes ces femmes beaucoup de courage. Que la paix règne dans cette partie de notre pays.
Mon souci le plus ardent est d’échanger avec ces femmes jeunes comme moi, celles qui sont blessées et qui, auparavant, avaient aussi des rêves. J’irai leur dire que malgré la situation qu’elles connaissent, elles doivent toujours croire en elles, et qu’il y a toujours un moyen pour avancer.
Je m’investis déjà dans des contacts pour voir comment faire parvenir la logistique, et bien sûr aussi avec le soutien du ministère qui s’occupe de l’humanitaire et des questions liées à la femme, car dans ce genre de choses, on doit aussi avoir un soutien venant du côté ministériel. Je pense que ça va réussir.
Et à part l’Est, vous savez aussi ce qui se passe dans le Bandundu, du côté Kwamouth, parce que ma grande mère est de ce coin. C’est vraiment écœurant de voir toutes ces atrocités. Vous savez la femme congolaise subie beaucoup d’injustices. Malgré tout, elle est battante et pourra se relever.
Nous devons nous unir davantage, car c’est en étant unies, nous arriverons à chasser nos ennemis, et permettre à notre pays de se vendre, surtout dans le domaine de la mode. Je me bats pour qu’un jour lorsque je me pointe quelque part que l’on dise que c’est une Congolaise. C’est vraiment ça le but au fait.
ACP/KHM