Bruxelles, 23 janvier 2024 (ACP).- Le ministre d’État Belge André Flahaut a affirmé jeudi que l’Europe devrait repenser sa coopération avec les pays africains pour privilégier une nouvelle forme de partenariat qui accorderait une attention plus soutenue et découlerait d’une volonté plus affirmée d’être à l’écoute du continent, lors d’un entretien à Bruxelles avec l’ACP.
« Dans ses relations avec l’Afrique, l’Europe devrait en priorité entendre le partenaire sur son expression des besoins tournés surtout vers les populations, avec des priorités telles qu’elles ont été définies par les présidents africains, dont le chef d’État congolais Felix Tshisekedi, notamment pour la sécurité, la santé, l’éducation et pour l’égalité des hommes et des femmes », a déclaré M. André Flahaut au cours de cet entretien à bâtons rompus.
Concernant particulièrement la République démocratique du Congo, il rappelle que « ce pays s’est doté d’institutions, avec des animateurs dont, pour la première fois, une femme à la tête du gouvernement et qui effectue un travail remarquable, avec son équipe. « J’ai été sur le terrain et je peux en témoigner », a-t-il affirmé.
« Dans beaucoup de pays africains, et surtout au niveau du Congo, il y a des responsables dans les exécutifs et les assemblées, qui sont organisés et qui ont une vision claire. C’est à nous, Européens, d’être à leur côté pour atteindre les objectifs qu’ils se sont fixés », conseille-t-il.
M. Flahaut a par ailleurs fait remarquer l’immensité de la RDC, par le nombre de ses habitants, les distances, les différences entre l’est et l’ouest, le nord et le sud, les différences des besoins, mais aussi les différentes façons de les exprimer.
« La tâche de gérer un pays comme celui-là est énorme » et « le pouvoir doit s’appuyer sur des réalités décentralisées et arriver à une forme de stabilisation des acteurs provinciaux, en commençant par les gouverneurs, qui sont les relais de la politique initiée par la Présidence de la république », a-t-il souligné.
Nécessité de privilégier les besoins des entités de base
Pour répondre aux besoins spécifiques d’une province, M. Flahaut préconise que les projets soient déposés par les autorités provinciales et leur concrétisation financée grâce à un partenariat public-privé.
Selon le ministre d’Etat belge, un des problèmes du Congo a toujours été la richesse de son sous-sol, dont l’exploitation est souvent non contrôlée et qui, finalement, ne rapporte pas en taxes qui devraient être réinvesties dans d’autres secteurs utiles à la population. Il a, à cet effet, félicité les autorités de la province du Sud-Kivu qui ont entamé l’opération de contrôle des contrats miniers et faire en sorte que l’argent rentre dans les caisses de l’État.
M. Flahaut s’est également réjoui de la décision du Président Félix Tshisekedi de passer à la phase de la revanche du sol sur le sous-sol. En effet, a-t-il souligné, des produits agricoles, horticoles et piscicoles sont exploités à travers l’immense territoire de la RDC et exportés vers d’autres pays. « Il est venu le temps pour la transformation et la valorisation. Pour ça, il faut pouvoir investir dans le
désenclavement des zones agricoles, des secteurs porteurs comme l’énergie solaire, le gaz ou l’hydrogène. Comme pour les immenses richesses du sous-sol congolais, on ne peut pas tolérer que d’autres viennent s’enrichir au Congo dans le dos des Congolais ».
En Europe, l’Afrique ne constitue pas une priorité de politique internationale
Concernant la poursuite de la guerre dans l’est de la RDC, le ministre d’État belge fait remarquer que « plusieurs pays font montre de gesticulations sans lendemain. La Belgique, elle, bien que plus discrète, agit de façon permanente ». Mais, poursuit-il, « l’Afrique, y compris malheureusement le Congo, ne constitue nécessairement pas une priorité en matière de politique internationale, ni pour l’Europe, ni pour la Belgique. Les Européens ont aujourd’hui une préoccupation quasi exclusive de la situation dans leur continent, l’Ukraine ».
« Nous avons, à ce titre, condamné l’invasion d’un pays par un autre. Nous devrions aussi être sévères avec d’autres pays comme Israël par rapport aux territoires palestiniens, et le Rwanda à l’est du Congo », a-t-il estimé.
Il est plus triste, selon lui, de constater que tant pour Israël en Palestine que pour l’est du Congo, le Soudan ou d’autres endroits où il y a des conflits comme Haïti, ce n’est pas nécessairement dans l’agenda des pays européens, ou de la Belgique, « même si on est plus sensible avec le B-Fast (la structure d’intervention rapide du gouvernement belge en cas de catastrophe), parce que, malheureusement, le lien de solidarité Nord-Sud est aujourd’hui distehndu. Il doit être recréé mais sur une base respectueuse des partenaires », a conclu M. Flahaut. ACP/