Kinshasa, 23 janvier 2025 (ACP).- Les enquêteurs sud-coréens ont demandé jeudi l’inculpation du président Yoon Suk Yeol pour rébellion et abus de pouvoir, détenu et suspendu de ses fonctions depuis le 15 janvier pour avoir proclamé la loi martiale, ont écrit les médias internationaux.
«Les enquêteurs de l’agence anticorruption ont transmis les conclusions de leur investigation au parquet, à qui ils demandent d’inculper Yoon Suk-yeol pour rébellion et abus de pouvoir », ont rapporté les sources.
Aux termes de 51 jours d’enquête, le Bureau d’enquête sur la corruption (CIO), l’agence anticorruption qui centralise les investigations criminelles sur M. Yoon, a remis ses conclusions au parquet.
Cet organe y déclare avoir « décidé de demander au parquet du district central de Séoul d’engager des poursuites contre le président en exercice, Yoon Suk Yeol, dans le cadre d’allégations portant notamment sur la conduite d’une rébellion ».
Le parquet a désormais 11 jours pour décider de lancer ou non les poursuites demandées. La rébellion est un crime passible de la peine de mort.
Dans une procédure distincte, celle de son procès en destitution, M. Yoon, qui est suspendu de ses fonctions depuis mi-décembre, a comparu dans l’après-midi devant la Cour constitutionnelle.
Elu président en 2022, cet ancien procureur-star a jusqu’à présent toujours justifié son recours à la loi martiale, accusant le Parlement contrôlé par l’opposition de bloquer ses projets de loi, et évoquant des « éléments hostiles » menaçant le pays.
Les huit juges de la Cour constitutionnelle ont jusqu’à la mi-juin pour démettre définitivement M. Yoon ou le rétablir dans ses fonctions. Six voix sont requises pour éventuellement confirmer sa déchéance. Une prochaine audience est prévue le 2 février.
Malgré sa suspension et son incarcération, un fait sans précédent pour un président sud-coréen en exercice, M. Yoon reste officiellement le chef de l’Etat dans l’attente de la décision de la Cour constitutionnelle.
Yoon Suk est détenu depuis le 15 janvier pour avoir, à la surprise générale la nuit du 3 au 4 décembre, proclamé la loi martiale et envoyé l’armée au parlement, avant d’être contraint de faire marche arrière sous la pression des députés et de la foule.
Obstruction
M. Yoon conteste la légalité de l’enquête pénale le visant et n’a cessé de repousser les convocations du CIO, qui l’accuse d’attitude « non-coopérative ».
Le service de sécurité de M. Yoon a notamment « entravé les perquisitions et les saisies, y compris l’accès à des dispositifs de communication sécurisés tels que des téléphones confidentiels », a relevé Lee Jae-seung, le chef adjoint du CIO.
Le CIO espère désormais une inculpation formelle de la part du ministère public. En réponse, les défenseurs de M. Yoon ont exhorté jeudi le parquet à « mener une enquête qui respecte la légitimité juridique et les procédures régulières ».
Dans les conclusions de son enquête, le CIO a estimé que M. Yoon avait « abusé de son autorité en obligeant les policiers de l’unité de garde de l’Assemblée nationale et les forces de la loi martiale à accomplir des tâches qui dépassaient leurs obligations ».
En envoyant l’armée au parlement, M. Yoon a également « entravé l’exercice du droit des législateurs à exiger la levée de la loi martiale », selon les enquêteurs.
M. Yoon dément avoir ordonné à l’armée de « faire sortir » les députés du parlement pour les empêcher de voter contre la loi martiale.
La crise qui se prolonge a poussé la Banque centrale sud-coréenne à abaisser lundi ses prévisions de croissance économique pour 2025, de 1,6% à 1,7%.
Au quatrième trimestre 2024 déjà, la croissance du PIB de la quatrième économie d’Asie a ralenti à 0,1%, son taux le plus faible de l’année.
ACP/JF